Petite revue du “scandale du jour”, ici présenté par l’Obs
Trump a révélé des informations classifiées au chef de la diplomatie russe
Le président américain Donald Trump a révélé des informations hautement classifiées au chef de la diplomatie russe et à l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis lors d’une récente rencontre à la Maison Blanche, affirme lundi le “Washington Post”.
Les informations partagées par le président américain concernaient le groupe Etat islamique et avaient été communiquées par un partenaire des Etats-Unis qui n’avait pas donné l’autorisation à Washington de les partager avec Moscou, précise le quotidien.
Le président américain “a révélé plus d’informations à l’ambassadeur russe que nous n’en avons partagé avec nos propres alliés”, a indiqué, sous couvert d’anonymat, un responsable américain cité par le “Washington Post”. Selon la même source, il s’agissait d’informations ayant l’un des degrés de classification les plus élevés utilisé par les agences de renseignement américaines.
Selon le quotidien de Washington, Donald Trump “a commencé à décrire les détails d’une menace terroriste posée par le groupe EI et liée à l’utilisation d’ordinateurs portables dans des avions“.
Donald Trump a reçu mercredi dans le Bureau ovale le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et l’ambassadeur russe à Washington Sergueï Kisliak.
Cette rencontre est intervenue au lendemain du limogeage surprise par le président américain du patron du FBI James Comey, dont les services sont chargés d’enquêter sur l’éventuelle collusion entre la campagne Trump et la Russie.
(Avec AFP)
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Trump divulgue des infos secret-défense sur Daech à la diplomatie russe
Le président américain a suscité la stupeur outre-Atlantique en confiant des informations classifiées sur Daech au ministre des Affaires étrangères russe.
par Timothée Vilars Publié le 16 mai 2017 à 07h26 L’Obs
Maison-Blanche tente d’éteindre l’incendie, mais reste pour le moins évasive sur le fond. Accusé d’avoir divulgué des informations classifiées au chef de la diplomatie russe, le président américain Donald Trump est de nouveau dans la tourmente depuis lundi soir et la parution d’un article du “Washington Post” révélant l’affaire.
Donald Trump, qui a reçu le 10 mai l’indéboulonnable ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov, aurait dérapé au cours de la conversation. Alors que le président américain se vantait de son haut degré d’information sur Daech, il aurait dévoilé, selon le quotidien de la capitale, des éléments concernant des opérations du groupe Etat islamique. Or ces informations, hautement classifiées, avaient été communiquées par un partenaire secret des Etats-Unis qui n’avait pas donné l’autorisation à Washington de les partager.
“J’ai des super infos. Des gens me donnent des super infos tous les jours”, aurait affirmé Donald Trump, selon un responsable cité par le “WaPo”, avant de commencer à décrire les détails d’une menace terroriste spécifique portée par Daech, liée à l’utilisation d’ordinateurs portables dans des avions.
La Maison-Blanche mal à l’aise
Le patron du Conseil de sécurité nationale (NSC) H.R. McMaster a fait une très brève déclaration à l’extérieur de la Maison-Blanche lundi soir, avant de s’éclipser sans répondre aux questions des nombreux journalistes présents
Selon le général, qui avait assisté à l’entrevue, Donald Trump et Sergueï Lavrov n’ont fait que passer en revue “les menaces posées par des organisations terroristes à nos deux pays, y compris les menaces pesant sur l’aviation civile”. “A aucun moment, des méthodes de renseignement ou des sources n’ont été évoquées”, a-t-il martelé, sans cependant explicitement contester que des informations classifiées aient été divulguées par le président américain.
Dans la majorité républicaine, le malaise est palpable : “Si c’est vrai, c’est évidemment troublant”, a réagi le sénateur républicain John McCain sur CNN. “Nous n’avons aucun moyen de savoir ce qui a été dit mais la protection des secrets de notre nation est cruciale”, a déclaré Doug Andres, porte-parole de Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants, qui “espère une explication complète des faits de la part de l’administration”.
Ces révélations interviennent au moment où le rôle joué par Moscou dans la campagne présidentielle américaine fait l’objet d’une attention renouvelée après le limogeage surprise du patron du FBI James Comey, dont les services enquêtent sur l’éventuelle collusion entre l’équipe Trump et la Russie. Elles surviennent aussi à quelques jours du départ de Donald Trump pour son premier déplacement à l’étranger qui le mènera en Arabie saoudite, en Israël, au Vatican, à Bruxelles (sommet de l’Otan) et en Sicile (G7).
Renseignements mis en péril
A priori, Donald Trump n’a pas enfreint la loi : un président dispose en effet d’une grande marge de manœuvre pour déclassifier les informations dont il dispose. Son initiative pourrait, en revanche, fragiliser le partage de renseignement avec des alliés proches. La divulgation de ces informations sensibles pourrait également donner des indications sur la façon dont elles ont été collectées, et mettre en difficulté des sources, précise le “Washington Post” qui ne souhaite pas donner plus de détails à la demande express de responsables américains.
Selon un responsable américain cité par le “Washington Post”, les informations communiquées par Donald Trump à Sergueï Lavrov avaient l’un des degrés de classification les plus élevés utilisé par les agences de renseignement américaines. Sous couvert d’anonymat, il déclare :
Trump “a révélé plus d’informations à l’ambassadeur russe que nous n’en avons partagé avec nos propres alliés”.
Autant dire que les relations entre la Maison-Blanche et les renseignements américains ne sont pas près de s’arranger… La rencontre Trump-Lavrov du 10 mai avait déjà été perçue comme un coup diplomatique du Kremlin, au lendemain du limogeage de James Comey et une poignée de mois après la mise en place de sanctions américaines contre la Russie pour son ingérence dans l’élection présidentielle de 2016. Les clichés montrant un Donald Trump souriant en train de serrer la main des dignitaires russes avaient été rapidement diffusés par Moscou.
Timothée Vilars – Journaliste
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Trump divulgue des infos classifiées : une affaire à prendre au sérieux
Selon la presse américaine, Donald Trump a évoqué avec Sergueï Lavrov des renseignements concernant une opération du groupe Etat islamique en préparation.
Par Sarah Diffalah
“Ca ne s’arrêtera jamais. C’est le chaos tout le temps.” C’est le message envoyé par SMS lundi soir par un officiel de la Maison Blanche au site Politico. C’était quelques minutes après que le “Washington Post” a révélé que Donald Trump avait divulgué des informations classifiées (au niveau le plus élevé) au chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, notamment sur un projet terroriste préparé par l’Etat islamique (EI), lors d’une rencontre à la Maison Blanche.
Pour le constitutionnaliste Alan Dershowitz interrogé sur CNN, il s’agit “de l’accusation la plus grave jamais avancée contre un président des Etats-Unis en exercice“, alors que l’administration Trump est plombée par des scandales à répétition et qu’une enquête du FBI sur une éventuelle coordination entre l’équipe de campagne de Trump et la Russie lors de l’élection présidentielle est en cours.
Le président américain et son équipe ont tenté, encore une fois, d’éteindre l’incendie. Sur Twitter, au petit matin, Donald Trump s’est justifié :
“En tant que président je voulais partager avec la Russie, comme j’en ai absolument le droit, des faits concernant (…) le terrorisme et la sécurité aérienne. Pour des raisons humanitaires, et je veux en plus que la Russie accélère nettement sa lutte contre l’EI et le terrorisme”
Sur le papier, le président américain a en effet le pouvoir de déclassifier des documents estampillés secret-défense de son propre chef et de divulguer son contenu à qui il veut, contrairement aux fonctionnaires qui sont passibles de 10 ans de prison pour divulgation d’information à une personne non autorisée. La désignation d’une information comme un secret de sécurité nationale fait partie des pouvoirs constitutionnels du “Commander in Chief”. “C’est une expression de l’autorité présidentielle. Cela signifie que le président et ses délégués décident de ce qui est classé, et ils ont une autorité illimitée sur ce qu’ils souhaitent déclassifier”, explique un spécialiste au “New York Times”.
“Le président peut décider qu’une information qui a été classée secret-défense soit mise sur la place publique parce qu’il pense que c’est bon pour telle ou telle raison, mais le préalable c’est que cela ne pose pas problème à la sécurité nationale des Etats-Unis”, souligne à “L’Obs” la spécialiste des institutions américaines, Anne Deysine. Une diffusion qui se fait généralement en étroite collaboration avec la communauté du renseignement.
Si Donald Trump n’a pas enfreint la loi, son initiative pose toutefois plusieurs problèmes tant les données communiquées étaient si sensibles que seuls une poignée d’Américains en avaient connaissance.
Compromettre la source
Comme l’explique le “Washington Post”, les services de renseignement protègent plus que tout leurs sources et les méthodes utilisées pour obtenir une information, et ce pour des raisons évidentes : si l’identité de la source était découverte, sa vie serait en danger. De même, si les méthodes étaient connues, “l’ennemi” serait en mesure de se protéger à l’avenir. Or les révélations du “Washington Post” semblent indiquer “que des informations classifiées révélées pourraient être utilisées pour déduire des sources et méthodes qui n’ont pas directement été révélées“. Donald Trump aurait même révélé le nom de la ville syrienne, contrôlée par l’EI, d’où la menace aurait été fomentée.
“L’impact le plus direct est de compromettre une source sur l’EI, rendant plus difficile la détection et la lutte contre des projets d’attentats”, estime le quotidien américain.
Dans cette affaire, cependant, on ne sait pas si la source était une personne ou si elle provenait d’un outil électronique.
Le conseiller à la sécurité nationale, le général H.R McMaster, qui a assisté à la rencontre entre le président américain et le chef de la diplomatie russe, a démenti que des sources ou des méthodes de renseignement aient été évoquées lors de cette conversation.
Mise en danger de la coopération avec les alliés
Plus grave encore, le président américain met en danger la coopération entre services de renseignement américains et de pays partenaires. Selon le “Washington Post”, les informations divulguées par Donald Trump proviennent d’un pays allié –qui n’a pas été révélé– des Etats-Unis qui avait demandé… à ce qu’elles ne soient pas divulguées. En rompant la confiance, indispensable dans le partage de renseignements, le pays allié concerné, mais d’autres encore, pourraient devenir méfiants et être tentés de ne plus communiquer d’informations sensibles.
Or, la prévention et la neutralisation des menaces terroristes reposent essentiellement sur l’échange d’informations entre pays ayant un intérêt commun, ici la lutte contre l’EI. Le “Washington Post” rappelle que si les Etats-Unis s’appuient sur d’importants moyens techniques pour obtenir des informations (des satellites notamment), ils ont besoin de renseignement humain (une personne qui parle la langue locale ou le dialecte, qui connait la culture et le terrain des zones infiltrées) que seuls des pays partenaires peuvent fournir. Par ailleurs, et ce n’est pas négligeable, les pays amis permettent de surveiller les combattants étrangers, de cibler les réseaux-clés, d’interroger et d’incarcérer des suspects. La majorité des échanges d’informations se déroulent de manière bilatérale, pour limiter les risques d’exposer la source et les méthodes de recueil de l’information.
C’est pourquoi la décision de Donald Trump pourrait être préjudiciable à long terme sur la sécurité nationale. Pire, si l’on estime que le président américain a agi de manière impulsive (selon le “Washington Post”, le président a probablement révélé ces informations pour impressionner ses invités) l’échange d’information avec les Etats-Unis peut devenir un vrai problème, même si “les deux pays accordent à la même menace une priorité élevée”, écrit un spécialiste au “Washington Post”. Déjà en janvier dernier, certains pays alliés avaient fait part de leur crainte. Le quotidien israélien “Haaretz”, expliquait que les services de renseignement israéliens étaient préoccupés par la possible exposition de certaines informations classifiées à la Russie, allié de circonstance de l’Iran, ennemi d’Israël.
Pressions russes
En révélant ces informations aux Russes, eux aussi présents sur le terrain syrien mais alliés de Bachar al-Assad, les Etats-Unis prennent le risque que Moscou utilise ses informations à leurs dépens et contre leurs alliés.
Si la Russie arrive à mettre la main sur la source qui a transmis ces informations, elle peut, selon le “Washington Post”, chercher à perturber son travail si elle estime que cette personne renseigne également les Etats-Unis et ses alliés sur la présence russe en Syrie. “Dans le cas d’espèce, compte tenu des précisions données par Donald Trump, les Russes peuvent remonter jusqu’à la source qui n’aura plus aucune possibilité d’agir”, confirme Anne Deysine.
Crédibilité et confiance
Enfin, c’est l’image, déjà passablement égratignée, et la confiance dans le président américain qui sont en jeu.
“Son image est déjà déplorable mais parmi les républicains, les critiques se font plus sévères sur son absence de discipline par exemple et certains commencent à exprimer de réelles craintes. Cela augmente les chances des démocrates d’obtenir la création d’une commission indépendante ou la nomination d’un procureur spécial sur la question” des relations entre l’équipe de Trump et la Russie, juge Anne Deysine.
Alors que la côte d’impopularité de Donald Trump bat des records, les démocrates se sont engouffrés dans ce nouveau scandale : “Le Président doit au monde du renseignement, aux Américains et au Congrès une explication détaillée”, a ainsi lancé le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.
Après la révélation de presse du “Washington Post”, quelques personnalités ont appelé le 45e président desEtats-Unis à démissionner, notamment le présentateur et humoriste Stephen Colbert (CBS) et l’éditorialiste conservateur David Frum (The Atlantic). Une option dont on est encore loin, même s’il devient chaque jour de plus en plus difficile pour Donald Trump de gouverner.
Sarah Diffalah
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Le renseignement divulgué par Trump aux Russes vient d’Israël, selon le “New York Times”
Publié le 16/05/17 à 20:15 L’Obs
Les informations classées secret défense que Donald Trump a divulguées, sans autorisation préalable du pays allié source, au ministre des Affaires étrangères russe viennent d’Israël, affirme le “New York Times”.
Le quotidien cite deux sources anonymes, des hauts fonctionnaires connaissant le processus de transmission de cette information. Il souligne que cela pourrait ajouter un embarras diplomatique à cette affaire, Israël étant un des plus importants alliés des Etats-Unis et un collecteur majeur de renseignements au Moyen-Orient.
Le “New York Times” estime que cela crée la possibilité que l’information soit transmise à l’Iran, proche allié de la Russie et principal adversaire d’Israël dans la région.
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Dossier intéressant. On voit qu’on a donc seulement comme source du Washington Post : “according to current and former U.S. officials”
“former officials”, ce sont donc d’anciens responsables sous Obama, donc anti-Trump. “Current officials”, certes, mais étaient-ils à la réunion, et est-ce un témoignage de seconde main ?
Ensuite, on note que tout est légal – une paille…
Après, le sujet principal semble être l’information d’une menace terroriste sur les vols aériens.
Mais le sujet est donc que Trump aurait trahi Daech au bénéfice de la Russie, c’est ça ?
Info qui était déjà sortie en mars, et qui a forcément été répercutée entre services de renseignements :
On apprend même qu’on ne sait pas s’il y a une source sur place ou s’il s’agit d’écoutes.
Bref, on ne sait à peu près rien de rien de façon un peu solide.
On parle surtout de coopération anti-terroriste, sachant que les Russes ont déjà alerté les Américains de graves menaces… Peut-être même qu’ils l’ont encore fait durant la réunion, qui sait ?
De plus, on ne sait pas à si Trump n’a pas déjà passé ces informations à l’Angleterre ou la France…
Enfin, à la lecture, il est évident que le seul traître qui compromet la sécurité est la personne qui a tout balancé au Washington Post…
Je ne résume pas plus, j’ai attiré votre attention en fluo sur les passages les plus étonnants.
Ce qu’on sait, en revanche, c’est que la presse a ici tout révélé sans vergogne, ce qui pour le coup peut vraiment compromettre la vie de la source, et donc notre sécurité.
Et il oblige la présidence américaine à se justifier publiquement sur des sujets très sensibles de sécurité…
Bref, le grand n’importe quoi continue…
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Bonus du jour :
“J’espère que vous pourrez laisser tomber” : ordre, demande, souhait, voeu pieux (=”J’espère qu’il sera blanchi”) ? Allez savoir – mais pas grave, ça fera toujours le bad buzz du jour…