Un spécialiste du MIT conteste les preuves américaines accusant Damas d’attaque chimique
Theodore Postol avait remis en cause la démonstration technique du renseignement américain étayant la responsabilité de Damas dans le massacre de la Ghouta en 2013. En 2017, le professeur n’est pas plus convaincu par les preuves de Washington.
«On peut démontrer, sans l’ombre d’un doute, que le document ne donne aucune preuve que ce soit démontrant que […] le gouvernement syrien est à l’origine de l’attaque chimique de Khan Cheikhoun». Tel est le verdict que Theodore Postol, professeur au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), porte sur le rapport du renseignement américain accusant Damas de l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun.
Ne se contentant pas d’un jugement de valeur, l’universitaire s’est attelé à démonter les preuves techniques avancées par le renseignement américain.
S’il s’agit bien d’une attaque au gaz, selon lui, rien ne permet dans le rapport américain de conclure à la culpabilité du gouvernement syrien. Theodore Postol a examiné à la loupe le rapport américain rendu public le 11 avril sur les circonstances du drame de Khan Cheikhoun du 4 avril.
Le professeur s’intéresse notamment à l’argument du renseignement américain selon lequel l’imagerie infrarouge des satellites militaires avait détecté les missiles chargés de gaz chimique. Non seulement au moment de leur lancement, mais aussi lors de leur impact.
«Cet argument factuel n’est tout simplement pas plausible», a-t-il déclaré à RT. «Les satellites américains sont très bons, ils peuvent déceler le lancement, mais ils ne peuvent déterminer leur point d’impact», a détaillé le spécialiste. Tout simplement parce que dans le cas d’armes chimiques, il n’y a pas d’explosion à l’arrivée, a-t-il argumenté. Donc pas de lueur détectable.
Preuves «factuelles» passées au crible
Dans une contre-enquête de 14 pages, Theodore Postol relève ainsi qu’après examen, le rapport de quatre pages déclassifié par la Maison Blanche «ne contient absolument aucune preuve que l’attaque est le résultat d’un bombardement aérien».
L’universitaire a par ailleurs appelé à ce qu’une enquête soit ouverte aux Etats-Unis sur les circonstances dans lesquelles un «rapport aussi biaisé» avait pu être produit «au plus haut niveau [du] gouvernement» américain.
La Ghouta en 2013, un précédent ?
Ce n’est pas la première fois que le professeur passe au crible les preuves du renseignement américain. Le professeur de sciences et de technologie, critique de la politique expansionniste et miltariste des Etats-Unis, s’était déjà illustré en 2013. Il avait alors contesté, démonstration scientifique à l’appui, les conclusions de l’administration Obama, laquelle accusait Assad d’être responsable du massacre à l’arme chimique de la Ghouta à Damas.
Le professeur, accompagné d’un ancien inspecteur des Nations unies, Richard Lloyd, mais aussi spécialiste des missiles, avait alors étudié des centaines de clichés et de vidéos de restes d’ogives et d’impacts au sol.
Ils avaient pu ainsi calculer la portée des projectiles embarquant du gaz sarin ainsi que leur provenance : avec une portée de seulement deux kilomètres, les spécialistes ont assuré qu’ils ne pouvaient provenir que d’un quartier situé au nord de celui de la Ghouta. Une zone alors sous contrôle des «rebelles». Des conclusions qui avaient été jugées probantes, notamment, par Le Point.