Une série d’erreurs et d’imprudences à l’origine de l’incendie de Notre-Dame ?

Article à comparer avec le dossier du dernier numéro de Faits et Documents…

Un peu d’air frais


Source : Le Nouvel Obs, 24-04-2019

« Le Canard enchaîné » révèle notamment que les pompiers ont été prévenus 35 minutes après la première alerte incendie et non 20, comme cela avait été précédemment affirmé.

Pompiers alertés trop tard, ouvriers qui fumaient sur le chantier, cloches électrifiées… « Le Canard enchaîné » révèle ce mercredi toute une série d’éléments liés à l’enquête sur l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris le 15 avril. Autant de pistes qui pourraient expliquer la cause et l’ampleur du sinistre.

Il n’a pas fallu vingt minutes aux pompiers pour être appelés sur place, mais plutôt trente-cinq. Selon « le Canard enchaîné », il s’agit là d’une des découvertes les plus importantes des policiers de la brigade criminelle en charge de l’enquête sur l’incendie de la cathédrale. Un tel laps de temps s’explique par une série d’erreurs et de malentendus survenus au niveau du PC sécurité.

La première alarme qualifiée de « fausse alerte »

C’est à 18 h 16 que s’allume pour la première fois le voyant indiquant la potentielle présence de fumée dans les combles. Mais le régisseur et un agent de la sécurité ne trouvent rien sur les lieux, et pour cause : ils se sont rendus au mauvais endroit ! Ils accusent le PC sécurité, géré par la société Elitys, de leur avoir fourni des instructions erronées. Contactée par « le Carnard », la société dément.

Le mal est fait : l’incident est qualifié de « fausse alerte », et les fidèles qui avaient commencé à être évacués de la cathédrale retournent à leur place… Jusqu’à ce que des sirènes résonnent de nouveau à 18 h 30. C’est finalement entre 18 h 40 et 18 h 50 que le régisseur et son adjoint localisent des flammes à la base de la flèche. Les pompiers sont finalement contactés, trente-cinq minutes après la première alerte.

Arrivés sur place, les soldats du feu se sont retrouvés face à un problème de taille : les tuyaux à leur disposition n’étaient pas assez larges pour acheminer le débit d’eau nécessaire. Lorsqu’ils sont revenus avec des lances plus puissantes, le brasier était malheureusement déjà bien entamé.

Si les enquêteurs privilégient la piste du court-circuit, notamment en raison de la présence des moteurs des ascenseurs des échafaudages et des boîtiers électriques nécessaires aux travaux, ceux-ci se trouvaient loin du départ de feu.

Des ouvriers fumaient sur le chantier

Toujours selon « le Canard », en étudiant la piste du chantier, les enquêteurs ont découvert pendant les auditions que des ouvriers d’Europe Echafaudage fumaient parfois sur les lieux. Les policiers y ont déjà retrouvé sept mégots.

Le journal pointe également du doigt des failles dans la sécurité de la cathédrale, notamment la présence d’un seul surveillant au PC sécurité au lieu de deux, comme prévu par le plan anti-incendie établi entre 2013 et 2015, ainsi que l’absence d’agent la nuit.

Des fils électriques couraient dans les combles

Autre révélation du palmipède : les combles étaient parcourus de fils électriques, un circuit mis en place à la demande du clergé malgré les consignes et les interdictions. Trois cloches s’y trouvaient également. Elles avaient été électrifiées en 2007. Idem pour celles qu’abritait la flèche, électrifiées au début des travaux de rénovations des grandes cloches des beffrois.

« Il était clair que c’était du provisoire : tout devait être retiré à la fin des travaux », explique Benjamin Mouton, architecte en chef des monuments historiques joint par « le Canard enchaîné ». L’électricité n’a pourtant jamais été coupée. Selon les responsables de la cathédrale, les cloches auraient même tinté à 18 h 04, douze minutes avant l’incendie.

S’il est impossible d’affirmer aujourd’hui que c’est le court-circuit de ces cloches qui est à l’origine de l’incendie, l’hypothèse est prise très au sérieux par les enquêteurs. La semaine dernière, des sources policières avaient affirmé que « si c’est un accident, c’est à 90 % un départ électrique, car c’est la seule source d’énergie dans le bâtiment ».

M. F.

Source : Le Nouvel Obs, 24-04-2019

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