Vitré. Elle accouche à domicile, ses enfants sont placés : cette maman dénonce un « enlèvement »
L’histoire de cette famille bretonne agite les réseaux sociaux. Elle se propage sans véritablement savoir ses tenants et aboutissants.
Vendredi 10 juin 2022, les deux enfants d’un jeune couple de Vitré (Ille-et-Vilaine) ont été placés auprès des services de l’Aide sociale à l’enfance. Depuis, les parents sont révoltés et appellent à l’aide. Que s’est-il vraiment passé ?
Accouchement à domicile
Pourtant, tout commence par le plus bel événement qui soit, une naissance. Vendredi 3 juin, une jeune Vitréenne met au monde son deuxième enfant, une fille. Un accouchement à domicile, sans assistance médicale, comme elle le souhaitait. « C’était fabuleux, rapide, sans douleur », écrit-elle dans un long témoignage sur les réseaux sociaux.
« Un choix légal et bien préparé », ajoute Daliborka Milovanovic, du collectif La révolte des mères. Elle accompagne les parents et filtre leur communication dans les médias pour les « protéger ».
La suite est plus chaotique selon la jeune maman, toujours sur les réseaux sociaux : « Lorsque mon compagnon est allé déclarer la naissance de notre fille à la mairie, la dame a paniqué en voyant que nous n’avions eu aucune assistance médicale chez nous. Elle a appelé la PMI (Protection maternelle et infantile). »
La mairie se défend
Pointée du doigt, la mairie de Vitré s’est défendue dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, ce lundi 13 juin, affirmant qu’elle avait « respecté la réglementation » dans cette affaire.
« L’officier d’état civil ayant constaté que l’enfant était vivant, les conditions de l’article 271 de l’instruction générale relative à l’état civil étant remplies, la déclaration de naissance a été rédigée au dernier jour du délai des 5 jours fixé par la réglementation, le mercredi 8 juin à 10h38. »
Toutefois, « au regard du risque pour la santé de l’enfant », l’agent a transmis la naissance à la PMI, « en l’informant des circonstances particulières et de l’absence de visite médicale ».
Elle rappelle ensuite que la Protection maternelle et infantile est « une compétence du Département, chargée d’assurer la protection des femmes enceintes, des mères et des enfants jusqu’à l’âge de l’obligation scolaire ».
L’objectif du certificat médical est double : tout d’abord s’assurer que l’enfant est en bonne santé (l’enfant doit être né « vivant et viable ») mais aussi vérifier que la mère indiquée dans la déclaration a bien accouché et qu’il ne s’agit pas d’un « vol » d’enfant ou d’une gestation pour autrui.
Suspicion de maltraitance
Les parents acceptent de se soumettre à cette visite médicale. « Le pédiatre nous dit que tout allait bien », indique la maman. Avant de leur signaler qu’un médecin de la PMI passera à leur domicile l’après-midi même.
Voici ce qui est arrivé : trois voitures de la gendarmerie débarquent chez nous. Dix gendarmes entrent dans notre maison et l’un deux nous dit : « Nous allons prendre vos enfants. Il y a suspicion de maltraitance. »
« Les enfants ont été emmenés par les services sociaux, encadrés par des gendarmes, sans aucun document », affirme Daliborka Milovanovic, qui précise que les parents ont reçu l’ordonnance de placement provisoire seulement ce lundi.
Placées en pouponnière
Sur les réseaux sociaux, la jeune femme condamne cet « enlèvement » et demande de l’aide. Ses deux filles ont été placées en pouponnière à Chantepie, près de Rennes. Elle ne les a pas vues depuis ce vendredi 10 juin.
Dimanche 12 juin, les parents ont tenté de voir leurs filles à la pouponnière, en vain. « On leur aurait dit qu’ils ne verraient plus leurs enfants », s’agace Daliborka Milovanovic.
Le Département d’Ille-et-Vilaine, dont dépend la PMI, justifie cette décision par l’identification d’éléments « de risque de danger sur la santé et le suivi médical » des deux enfants.
Les éléments à risque sont que le nouveau-né n’aurait pris que 10 grammes depuis la naissance, mais c’est non prouvable car il n’y a pas eu de première pesée. Sur quelle base s’appuient-ils ? Ils avancent aussi que la grande de 2 ans aurait un aspect mal nourri. Puis, la maman a refusé de se faire examiner. Elle a le droit. Enfin, on lui reproche d’avoir le projet de fuite dans l’est de la France. C’était simplement pour rejoindre sa famille, pour pouvoir vivre un post-partum auprès de sa maman.
Un rapport de signalement au procureur
La PMI a ensuite adressé un rapport de signalement au Procureur de la République de Rennes. « Compte tenu des éléments exposés dans ce rapport, le Parquet a ordonné le placement provisoire de ces deux enfants auprès des services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) avant de saisir le juge des enfants pour statuer sur cette situation », poursuit le Département dans un communiqué.
Pour la militante du collectif La révolte des mères : « Les motifs de l’ordonnance de placement provisoire sont abusifs et sujets à interprétation. On ne sépare pas un nouveau-né de sa mère. »
Les parents sont en pourparlers avec une avocate pour suspendre la décision ou modifier les conditions du placement.
Maxime Turberville et Benjamin Chenevière
Daliborka Milovanovic, directrice de la maison d’édition “Le Hêtre Myriadis”, ancienne directrice de publication du magazine de parentalité “Grandir autrement”et fondatrice du collectif “La révolte des mères” revient sur la décision de la justice de priver une mère de ses enfants. Il lui est reproché d’avoir accouché seule sans aucune assistance médicale.