Washington obtient des « Européens » qu’ils acceptent d’obéir à « L’OTAN et à l’OTAN seule »
Le discours grotesque de Macron à la Sorbonne le 26 septembre 2017
Ceux qui portent encore de l’intérêt aux déclarations des marionnettes locataires de l’Élysée se rappelleront peut-être que Macron avait surpris un peu tout le monde, le 26 septembre dernier, par un discours de plus d’une heure et demie sur l’Europe, prononcé devant la claque réunie pour la circonstance dans le grand auditorium de la Sorbonne.
La tonalité en avait été tellement grandiloquente et coupée des réalités que même les médias les mieux disposés à l’égard de celui qu’ils venaient de faire élire avaient été gênés aux entournures.
Le journal Le Monde avait ainsi parlé avec des pincettes d’un discours « enflammé » (traduction : « grotesque ») dans lequel Emmanuel Macron avait « proposé des initiatives tous azimuts » (traduction : « un fourre-tout impraticable ») et avait couronné son article par une citation résumant l’emphase légèrement délirante du jeune chef de l’État : « Nous sommes bousculés, l’audace est notre seule réponse.»
L’initiative européenne de défense de Macron…
L’audace en question avait consisté notamment à proposer de renforcer l’Europe de la défense et de la sécurité.
Comme on lance un ballon dans une cour de récréation, Macron avait ainsi lancé ses propositions :
- une « force commune d’intervention » européenne pour 2020 ;
- un budget de défense européen commun et une « doctrine commune » européenne pour agir ;
- une académie européenne du renseignement pour « assurer le rapprochement de nos capacités de renseignement ».
TV5 Monde avait bien résumé le silence affreusement embarrassé avec lequel les observateurs en Europe et ailleurs avaient accueilli cette incartade :
« Incantation théâtrale ou nouvel horizon ? L’objectif du président Macron énoncé cette semaine en Sorbonne d’une Europe dotée « au début de la prochaine décennie » (donc à peu près d’ici deux à cinq ans) d’une force d’intervention et d’un budget de défense communs et même d’une « doctrine commune pour agir » peut sembler bien aventureuse dans une U.E. en très petite forme. »
Washington vient de siffler la fin de la récréation
L’incantation théâtrale n’aura pas duré 5 mois.
En ce 15 février 2018, Washington a sifflé la fin de la récréation en demandant au jeune Macron de cesser de faire du chahut.
À l’issue d’une réunion de travail au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles avec les représentants des États-membres de l’UE, le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis vient en effet de tenir une conférence de presse au cours de laquelle il a déclaré : « Il y a un accord clair pour inclure dans le document de l’UE que la défense commune est une mission pour l’Otan, et pour l’Otan seule. »
Clair, net et impérial.
Katie Wheelbarger, chargée de la sécurité internationale au ministère américain de la Défense, avait d’ailleurs pris les devant en mettant en garde tout le monde – et surtout Macron – avant l’arrivée de Mattis à Bruxelles : « L’initiative européenne ne doit pas enlever des activités et des moyens à l’Otan ». Point.
Ruée des « Européens » pour se prosterner devant Washington
Recevant ainsi une nouvelle et monumentale gifle, Macron a pu mesurer une nouvelle fois que, sur l’Europe de la Défense comme sur tout le reste, les élucubrations alter-européistes de la classe dirigeante française sont complètement dénuées de réalité.
Car la plupart des autres pays européens se sont empressés de hausser les épaules devant la teneur des propositions de Macron, et d’aller présenter dare-dare leur hommage de vassal à leur suzerain d’outre-Atlantique.
Le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, avait ainsi averti d’emblée : « L’UE ne doit pas se substituer à ce que fait l’Otan » et elle « ne doit pas fermer ses marchés de défense » aux industriels américains et aux autres pays non membres de l’UE….
Hors UE, la Norvège, l’Islande et l’Albanie avaient fait part de leurs préoccupations.
Au sein de l’UE, ce fut le soulagement général, bien résumé par la ministre de la Défense espagnole, María Dolores de Cospedal, qui a poussé un gros ouf ! après le rappel à l’ordre de Washington : « Je pense que les doutes qui devaient être dissipés hier ont été dissipés d’une manière très importante. »
Quant à Federica Morgeherini, Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (c’est-à-dire chef de la diplomatie de l’Union européenne), elle a fermé le ban ainsi : « La coopération et le fait qu’il existe deux organisations comme l’UE et l’OTAN qui peuvent travailler ensemble a été évidente hier soir lors du dîner…»
Notons que Washington n’en attendait d’ailleurs pas moins de la part de cette Italienne qui fait partie des « Young leaders » de l’Italian-American Foundation (équivalent transalpin de notre French-American Foundation).
UE-OTAN, la même prison des peuples
Ce énième épisode des relations transatlantiques confirme pour la énième fois la justesse des analyses de l’UPR, à savoir que la prétendue « construction européenne » est une manœuvre d’asservissement géopolitique du continent européen par les États-Unis et que cette manœuvre comporte deux volets :
– un volet militaire, baptisé « Alliance Atlantique » ou « OTAN » depuis le traité de l’Atlantique Nord de 1949.
– un volet politique, baptisé « Union européenne » depuis le traité de Maastricht de 1992.
Quiconque prétend « changer d’Europe » ou « bâtir une Europe de la Défense » (comme le font la quasi-totalité des dirigeants politiques français de Mme Le Pen à Benoît Hamon, en passant par Dupont-Aignan, Wauquiez, Bayrou, etc.) joue de façon révoltante sur la naïveté des électeurs français, auxquels ils cachent soigneusement le dessous des cartes.
Avec une mention toute spéciale dans l’abjection pour les bonimenteurs professionnels qui osent faire croire aux Français que la « construction européenne » aurait pour but de « faire contrepoids aux Américains ».
Quiconque prétend sortir de l’OTAN sans sortir de l’UE (c’est le cas de Mélenchon) ou sortir de l’UE sans sortir de l’OTAN (c’est le cas de Philippot) se paye également la tête des Français.
Conclusion : c’est soit En Marche, soit l’UPR. Point.
Il n’y a que deux positions politiques cohérentes et fiables :
- soit celle qui consiste à fondre la France dans l’UE et dans l’OTAN, jusqu’à ce que disparaisse la patrie de Clovis, Louis XIV et Clemenceau, bientôt explosée en « euro-régions » dans un grand magma euro-atlantiste sous domination atlantiste et anglo-saxonne absolument totale.
- soit celle qui consiste à être à la hauteur de notre histoire et à rassembler les Français pour faire sortir la France de l’UE et de l’OTAN, conformément au droit international.
La première branche de l’alternative est incarnée par Macron et En Marche.
La seconde branche de l’alternative est incarnée par l’UPR.
Comme les 69 ans écoulés depuis le traité de l’Atlantique nord et les 61 ans écoulés depuis le traité de Rome l’ont amplement démontré, il n’y a pas de troisième voie.
François Asselineau
15 février 2018
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Les internautes soucieux de vérifier la pertinence et la constante des analyses de l’UPR sur cette question cruciale pourront consulter notamment :
- la réponse à la question « Pourquoi affirmez-vous que l’Union européenne est subordonnée à l’OTAN ? », mise en ligne en février 2011
- Une vidéo d’animation explicative de 3 minutes, mise en ligne en octobre 2014
- – l’article « LA FRANCE BROYÉE DANS L’ENGRENAGE UE-OTAN« , analyse d’Antoine Carthago, mise en ligne en juin 2017 :