6 700 missiles américains supplémentaires pour que l’Arabie saoudite puisse tirer sur des enfants yéménites

Un homme pleure les conséquences d’une attaque aérienne menée par les Saoudiens à Sanaa, la capitale du Yémen, le 15 juin 2015.

Source : Ann Wright, Consortium News, 24-03-2018

Après l’échec de la tentative de trois sénateurs pour mettre fin à l’appui américain à la guerre menée par les Saoudiens contre le Yémen, le département d’État a annoncé la vente de 6 700 missiles à l’Arabie saoudite, rapporte Ann Wright.

Combien d’autres massacres au Yémen le gouvernement des États-Unis est-il prêt à aider ?

Nous l’avons appris lorsque le département d’État a annoncé, le 23 mars, la vente de 6 700 missiles antichars à l’Arabie saoudite.

Le Prince héritier Mohammed ben Salmane a rencontré le ministre de la Défense Jim Mattis pour discuter du bombardement du Yémen par les Saoudiens le 23 mars et l’accord sur les missiles a été annoncé quelques heures plus tard. Le département d’État a informé le Congrès du projet de vente, qui fait partie d’un contrat de vente d’armes d’un milliard de dollars.

Le département d’État a annoncé jeudi la vente de 6 700 missiles antichars à l’Arabie saoudite, quelques heures après que le prince héritier Mohammed ben Salmane a rencontré le ministre de la défense Jim Mattis pour discuter du bombardement du Yémen par l’Arabie saoudite.

Venant près de trois ans jour pour jour après le début de la campagne de frappes aériennes menées par l’Arabie saoudite, soutenue par les États-Unis, contre les rebelles Houthis au Yémen, le département d’État a écrit ironiquement et sarcastiquement : « Cette vente prévue soutiendra la politique étrangère et les objectifs de sécurité nationale des États-Unis en améliorant la sécurité d’un pays ami qui a été et continue d’être une force importante pour la stabilité politique et la croissance économique au Moyen-Orient… et ne modifiera pas l’équilibre militaire de base dans la région ».

Les États-Unis ont augmenté leurs frappes aériennes au Yémen en 2017 en ayant six fois plus de frappes aériennes qu’en 2016.

Le secrétaire à la Défense Mattis était indifférent aux pertes civiles au Yémen : « Nous avons travaillé très dur avec le nouvel envoyé de l’ONU pour mettre fin aux combats au Yémen. Et nous pensons que l’Arabie saoudite fait partie de la solution. Ils se sont tenus aux côtés du gouvernement reconnu par les Nations unies. Et nous allons mettre fin à cette guerre. C’est l’essentiel. »

Les États-Unis ne sont pas le seul pays dont les fabricants d’armes font des tueries des enfants yéménites un massacre de masse. Le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et l’Italie ont vendu des milliards de dollars d’armes à des pays du monde entier, l’Arabie saoudite étant l’un des plus gros acheteurs d’armes.

Une résolution sur les pouvoirs en temps de guerre pour le Yémen, qui représentait une tentative d’insérer une supervision du Congrès sur les opérations militaires américaines dans cette guerre civile meurtrière, a été tenue en échec par un vote de 55 contre 44 par le Sénat américain le 21 mars. Parrainée par trois membres du Sénat – les sénateurs Bernie Sanders (I-Vt.), Mike Lee (R-Utah), et Chris Murphy (D-Conn), la résolution demandait la fin du rôle des États-Unis dans la guerre.

Dans le cadre de la vente massive d’armes proposée, l’Arabie saoudite achètera 6 696 missiles TOW 2B et le matériel de formation connexe d’une valeur de 670 millions de dollars ; des pièces et une assistance aux réparations d’une valeur de 300 millions de dollars pour ses chars Abrams et ses véhicules de combat, et du matériel d’entretien d’une valeur de 100 millions de dollars pour sa flotte d’hélicoptères AH-64D/E, UH-60L, Schweizer 333 et Bell 406CS.

Le Congrès dispose maintenant de 30 jours pour bloquer tout ou partie de la vente par le biais d’une résolution préférentielle dans le cadre de l’AECA (Arms Export Control Act.)

Pour sauver la vie de femmes et d’enfants innocents au Yémen, espérons que le Congrès dira qu’il n’y aura plus de ventes à l’Arabie saoudite.

Ann Wright a fait partie de la Réserve de l’armée américaine pendant 29 ans et a pris sa retraite en tant que colonelle. Elle a également été diplomate américaine pendant 16 ans et a servi dans les ambassades des États-Unis au Nicaragua, à la Grenade, en Somalie, en Ouzbékistan, au Kirghizistan, en Sierra Leone, en Micronésie, en Afghanistan et en Mongolie. Elle a démissionné du gouvernement américain en mars 2003 pour s’opposer à la guerre de Bush contre l’Irak et, depuis lors, elle est très active dans le domaine de la lutte contre la guerre et pour la justice sociale. Elle est coauteure de Dissent : Voices of Conscience (Dissidence : les voix de la conscience).

Source : Ann Wright, Consortium News, 24-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

via » 6 700 missiles américains supplémentaires pour que l’Arabie saoudite puisse tirer sur des enfants yéménites. Par Ann Wright


La bombe qui a tué 40 enfants au Yémen était de fabrication américaine

La bombe qui a tué 40 enfants au Yémen était de fabrication américaine© Naif Rahma Source: Reuters
Funérailles des enfants tués dans un bus de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, au Yémen, le 13 août 2018.

La bombe de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui a tué 40 enfants yéménites le 9 août alors qu’ils se trouvaient à bord d’un bus scolaire était de fabrication américaine, selon des informations recueillies par CNN.

Selon des experts en munitions livrant leurs informations à CNN, la bombe utilisée par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite lors d’une attaque sur un bus scolaire qui a tué 40 enfants au Yémen le 9 août était de fabrication américaine. Elle avait été vendue dans le cadre d’un accord avec le royaume wahhabite, approuvé par le département d’Etat américain.

Travaillant en collaboration avec des journalistes yéménites locaux et des experts n munitions, CNN a établi que l’arme qui avait provoqué la mort de dizaines d’enfants le 9 août était une bombe guidée par laser MK 82 de 227 kilos fabriquée par l’entreprise américaine Lockheed Martin, l’une des principales en matière de défense.

Cette bombe est très similaire à celle qui avait causé des ravages lors d’une attaque contre une salle funéraire au Yémen en octobre 2016, dans laquelle 155 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées. À la suite de cette attaque, l’ancien président américain Barack Obama avait interdit la vente de technologies militaires à guidage de précision à l’Arabie saoudite pour des «préoccupations liées aux droits de l’homme». Selon CNN, Cette interdiction a été annulée par le secrétaire d’État de l’administration Trump, Rex Tillerson, en mars 2017.

Au moins 50 personnes ont été tuées dans l’attaque qui a visé le 9 août un bus qui les transportait dans la province du Saada, dans le nord du Yémen. Malgré ce carnage, l’ONU n’a pas demandé l’ouverture d’une enquête indépendante. La coalition dirigée par l’Arabie saoudite a reconnu avoir mené ces frappes qu’elle a qualifiées d’acte de guerre «légitime». Face à l’outrage et aux demandes de Moscou ou Washington, Riyad a ordonné «l’ouverture immédiate d’une enquête en vue d’évaluer les évènements, d’élucider leurs circonstances». L’ONU espère que l’enquête engagée par Riyad sera «crédible et transparente».

 

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