​La Chine espionne ses habitants avec de faux pigeons bioniques

Décidément en pointe en matière d’espionnage de sa population, la Chine utilise désormais des drones déguisés en pigeons pour ne pas perdre de vue ses habitants dans la région autonome du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, qui abrite la minorité musulmane ouïghoure.

C’est un cauchemar technologique qu’aurait probablement apprécié Alfred Hitchcock. Pour mieux espionner ses habitants, la Chine a désormais recours à des drones… déguisés en oiseaux.

Selon une information du South China Morning Post, plus de 30 agences gouvernementales et militaires chinoises utilisent ces pigeons espions dans au moins cinq provinces différentes. Ils voleraient particulièrement dans la région autonome du Xinjiang, où se trouve la communauté musulmane ouïghoure. Persécutée par le gouvernement, cette minorité est l’objet d’une surveillance constante du gouvernement chinois, qui déploie des trésors technologiques pour détecter toute velléité séparatiste de la part de ses habitants.

Le nec plus ultra de la technologie de surveillance

Les oiseaux bioniques ont été conçus par une équipe de chercheurs de l’université Polytechnique du Nord-Ouest, dans la province de Shaanxi, située au centre de la Chine. Ce petit bijou technologique a une envergure d’environ 50 centimètres, pèse 200 grammes et peut voler à 40 km/h pendant 30 minutes. Equipé d’un GPS et d’une caméra haute-définition, il est contrôlé à distance par l’intermédiaire de satellites. Surtout, cet oiseau mécanique est très réaliste : à l’heure actuelle, il imite près de 90% des mouvements d’un véritable oiseau.

Les ingénieurs chinois ne comptent pas s’arrêter là : selon des chercheurs interrogés par le South China Post, ces drones nouvelle génération ne sont que les prémices d’une plus grande révolution technologique et militaire. « Ils sont encore employés à une échelle relativement petite« , comparée à d’autres caméras de surveillance, a indiqué Yang Wenqing, professeure associée à l’université Polytechnique du Nord-Ouest. « Nous pensons que cette technologie a un énorme potentiel… Elle présente des avantages uniques pour répondre aux demandes de drones dans les secteurs militaires et civils« .

Un marché à plus de 10 milliards de dollars

Un autre chercheur impliqué dans le projet a ajouté que le but final de l’opération « Colombe » est de développer une nouvelle génération de drones dotés d’une ingénierie d’apparence animale. Le tout, précise-t-il, dans le but d’échapper à la détection humaine… et même à celle des radars. D’après les premières estimations de l’équipe, ces oiseaux bioniques pourraient donc bien-être la poule aux œufs d’or : sur la Chine seule, le marché des animaux bioniques s’élèverait à 1,54 milliard de dollars.

Les Chinois ne sont toutefois pas les premiers à caresser le rêve technologique du drone oiseau. Mais jusqu’ici, les tentatives n’étaient ni assez réalistes, ni assez performantes pour séduire massivement les militaires. En Allemagne, un « Robobird » déguisé en rapace n’est jamais parvenu à dépasser le stade du prototype. En cause : sa batterie, qui n’avait une autonomie que de dix minutes. La grande force du projet chinois se cache derrière sa capacité à voler relativement longtemps et sur de plus grandes distances que ses concurrents.

Associer l’intelligence artificielle aux oiseaux bioniques

Interrogé en avril dans une revue académique chinoise, le concepteur de l’opération ‘Colombe’ admettait toutefois que ses oiseaux étaient loin d’être parfaits. Impossible, par exemple, de les faire fonctionner correctement en cas de fortes averses de pluie ou de neige.

Mais les chercheurs restent confiants. L’équipe du projet compte ainsi sur l’intelligence artificielle pour améliorer les performances de leurs drones. Dans le futur, les pigeons mécaniques pourraient être amenés à voler à plusieurs, dans des formations complexes… et même prendre des décisions indépendantes de la volonté humaine.

 

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