Un mort et trois nuits d’émeutes : que s’est-il passé à Nantes ?

Un contrôle qui dégénère, un jeune homme tué par balle, un CRS qui change sa version des faits… L’affaire Aboubakar embrase Nantes et pourrait bien raviver des tensions déjà exacerbées autour de la question des violences policières.

Selon les premières informations fournies le 4 juillet par Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la Sécurité publique (DDSP), un contrôle effectué par des CRS aurait dégénéré dans le quartier sensible de Breil à Nantes le 3 juillet, aux alentours de 20h30. Selon ces déclarations initiales, un automobiliste a cherché à se soustraire au contrôle, blessant un des policiers en reculant.

Tout s’est ensuite enchaîné très vite : un policier a fait feu. Le jeune homme a été touché mortellement à la carotide et est décédé à l’hôpital. Aussitôt, des violences ont éclaté dans le quartier pendant trois nuits d’émeutes dans différentes zones sensibles de la ville.

Le CRS change sa version

Le 5 juillet, le policier qui a tiré pendant l’intervention est placé en garde à vue par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), et le 6 juillet, LCI révèle qu’il a changé sa version des faits : le CRS admet avoir tiré accidentellement sur le jeune homme pendant l’intervention. Selon ces nouvelles informations, le policier aurait tenté, avec sa main, de prendre le jeune homme qui était au volant par le bras pour le contraindre à s’arrêter. Mais il tenait son arme dans l’autre main et le coup serait alors parti.

Le jeune homme était déjà recherché par la police

Selon les informations du journal Le Monde, le jeune homme décédé à Nantes se nommait Aboubakar F., il avait 22 ans et était originaire de Garges-les-Gonesse, dans le Val d’Oise. Il était déjà connu des services de police, notamment pour des faits de vols et faisait l’objet d’une fiche de recherche en date du 15 juin 2017 pour l’exécution d’un mandat d’arrêt dans le cadre d’une procédure pour vol en bande organisée et recel, avec instruction de procéder à l’interpellation de l’intéressé. Selon des habitants du Breil, il était installé seulement depuis quelque temps dans le quartier, où il aurait de la famille.

La ville de Nantes a subi de gros dégâts…

Les trois nuits de violences urbaines ont causés de nombreux dégâts à Nantes et plusieurs dizaines de voitures sont parties en fumée, ainsi qu’une dizaine de commerces et sept bâtiments publics, dont une bibliothèque. Gérard Collomb, Edouard Philippe et le maire de Nantes ont appelé au calme, mais en vain pour le moment. Même la marche blanche organisée dans le quartier du Breil le 5 juillet a été suivie de violences dans la nuit.

… et cela pourrait continuer

La tension très vive dans les quartiers sensibles de Nantes ne semble pas vouloir s’apaiser, d’autant que le revirement du policier ayant tiré sur le jeune Aboubakar pourrait faire s’accroître la colère de ceux qui dénoncent d’ores et déjà un nouveau cas de violence policière. Plusieurs épisodes de ce genre ont en effet donné lieu dans le passé à des flambées de violences similaires dans les banlieues françaises – des émeutes qui finissent par se nourrir elles-mêmes indépendamment des suites de l’enquête initiale.

L’affaire Théo en reste l’exemple récent le plus éloquent, tant par la violence des émeutes qui avaient suivi en février 2017 que par l’agitation médiatique autour de l’enquête. Alors que l’intentionnalité de l’acte du policier n’a toujours pas été officiellement établie par la justice, de nombreux militants continuent de brandir cet incident pour dénoncer le recours excessif à la force des forces de l’ordre.

via Un mort et trois nuits d’émeutes : que s’est-il passé à Nantes ? — RT en français

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