#PasDeVague : intimé de se taire, le monde enseignant libère sa parole après Créteil
Le hashtag #PasDeVague est devenu viral ce 22 octobre sur Twitter. Après le scandale de l’élève pointant une arme vers sa professeur à Créteil, des enseignants révèlent, anecdotes à l’appui, comment leur hiérarchie leur intime de se taire.
Les images, choquantes, d’un élève du lycée Edouard-Branly de Créteil tenant en joue sa professeur de biotechnologie, font réagir des enseignants de l’Education nationale sur les réseaux sociaux. La réponse apportée par le gouvernement, ministre de l’Intérieur et de l’Education en tête, après l’épisode de Créteil, à savoir «un plan d’action» contre les violences dont sont victimes les enseignants, a provoqué une libération de la parole. Avec le hashtag #PasDeVague, des professeurs partagent leur indignation devant les conseils de leur hiérarchie concernant le problème de la violence scolaire.
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C’est l’une des premières choses que j’ai apprise dans ce métier : ne SURTOUT compter que sur moi-même pour gérer tout problème avec un élève. #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
Exemple donné par cet internaute, qui se présente comme un enseignant, la réponse apporté par le principal de son collège à qui une professeur confie s’être fait traiter de «sale pute» : «Oh ! Vous êtes susceptible aussi !»
Ma collègue insultée de « sale pute » par un élève et qui demande une sanction auprès du principal, réponse de ce dernier : « Oh ! Vous êtes susceptible aussi ! » #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
«Vous êtes dans le répressif, pas dans l’éducatif», s’est vu répondre cet autre «prof de latin depuis dix ans», qui s’était fait cracher dessus et menacer de se faire «castagner» à la sortie de son établissement. Il demandait une exclusion de son agresseur.
On m’a crache dessus et on m’a menacé de me « castagner A la sortie ». Punition : aucune. Je porte plainte. CDE: « bon j’ai posé 3 jours d’exclusion, mais vous êtes dans le répressif, pas dans l’éducatif… » #pasdevague
— profdevieuxmots (@TeamLatinBlanqu) 21 octobre 2018
Le hashtag #PasDeVague est également utilisé pour dénoncer la violence scolaire à laquelle font face des élèves sans que les responsables ne soient inquiétés, «au doux nom de la bienveillance».
Le #pasdevague, ce sont aussi (et surtout) tous ces élèves qui n’ont rien demandé et qui se font molester, harceler, racketter, humilier, toucher.
Au doux nom de la « bienveillance ».— M. Piekielny (@karenine2) 21 octobre 2018
Réagissant aux mots de Jean-Michel Banquer, qui expliquait que les enseignants devaient signaler les faits de violence et auraient le soutien de l’Education nationale, cette autre internaute confie : «J’aurais aimé être soutenue lorsqu’une élève, il y a quelques années, m’a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l’a pas même exclue. Et on m’a expliqué qu’il fallait prendre les choses moins à cœur. Voilà la réalité du terrain.»
J’aurais aimé être soutenue lorsqu’une élève, il y a qqs années, m’a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l’a pas même exclue. Et on m’a expliqué qu’il fallait prendre les choses moins à coeur. Voilà la réalité du terrain.#pasdevaguehttps://t.co/ePEEDarko1
— Maelita (@maelialc) 21 octobre 2018
«On n’est pas loin du brevet, on ne va pas l’exclure»
D’innombrables anecdotes sont contées sur les décisions, jugées ubuesques, prises par la hiérarchie alertée par des cas de violence.
#PasDeVague Trois élèves agressent sexuellement un de leurs camarades (pénétration par objet). Le conseil de discipline les vire définitivement. Quelques jours après, le rectorat impose le retour d’un des auteurs dans la même classe que la victime.
— Muriel A (@MAndreievna) 21 octobre 2018
Une élève m’insulte et me menace. Je fais un rapport à la principale. Elle me convoque pour une confrontation (sic) avec l’élève. Elle commence : « Alors Mme Lapnyx, cette élève se plaint que vous ne l’aimez pas… » Bref, c’était à moi de me justifier !!! 😡#PasdeVaguehttps://t.co/2oX0h4GdOy
— Lapnyx (@lapnyx) 21 octobre 2018
Dans mon ancien bahut, réponse récurrente de ma principale suite aux signalements d’incivilités d’élèves : « Mais qu’est-ce que vous avez fait pour l’énerver aussi ? » #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
Ma mère, obligée de sortir du collège par les cuisines du self un soir parce que toute la famille de l’élève qu’elle avait renvoyé de cours la veille pour l’avoir insulté l’attendait avec des battes à l’entrée principale… des conséquences ? Bien sûr que non #PasdeVague
— Jules Bulteau (@BulteauJules) 22 octobre 2018
«Je me souviens aussi de ces 10 jours – et c’est long, 10 jours – au cours desquels j’ai dû aller en classe et retrouver face à moi l’élève qui m’avait agressée car, vous comprenez, en avril, on n’est pas loin du brevet, on ne va pas l’exclure», rapporte cette enseignante de Nanterre.
#PasdeVague Je me souviens aussi de ces 10 jours – et c’est long, 10 jours – au cours desquels j’ai dû aller en classe et retrouver face à moi l’élève qui m’avait agressée car, vous comprenez, en avril, on n’est pas loin du brevet, on ne va pas l’exclure.
— Marie.Tran (@Marie_Nanterre) 21 octobre 2018
Le Rassemblement national et les Patriotes dénoncent «l’omerta» ainsi que la «politique de l’autruche et du déni»
«Bravo à ceux qui brisent l’omerta !», a tweeté Marine Le Pen, première personnalité politique à réagir à ce qui pourrait s’apparenter à un #Metoo des profs. «Le #PasDeVague démontre que nos enseignants ont été contraints au silence depuis trop longtemps face aux menaces/insultes/agressions auxquelles beaucoup sont confrontés. C’est ça le plus terrible et nos gouvernants devraient avoir honte !», a-t-elle fustigé.
Le #pasdevague démontre que nos enseignants ont été contraints au silence depuis trop longtemps face aux menaces/insultes/agressions auxquelles beaucoup sont confrontés. C’est ça le plus terrible et nos gouvernants devraient avoir honte ! Bravo à ceux qui brisent l’omerta ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 octobre 2018
La parole des profs se libère sur #PasdeVague. La hiérarchie doit changer d’état d’esprit et désormais soutenir le corps enseignant à chaque fait de violences !
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 22 octobre 2018
Le président des Patriotes, Florian Philippot, a estimé que cette mobilisation du corps enseignant résumait «parfaitement la politique de la France, à l’école et ailleurs, face à la montée des périls depuis tant d’années», vilipendant une «politique de l’autruche et du déni».
#pasdevague résume parfaitement la politique de la France, à l’école et ailleurs, face à la montée des périls depuis tant d’années. Politique de l’autruche et du déni. Il faut en sortir définitivement, et agir !
— Florian Philippot (@f_philippot) 22 octobre 2018
Réagissant à la proposition du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, d’interdire les téléphones portables au lycée pour lutter contre la violence scolaire, la Patriote Kelly Betesh a commenté : «Résumer cette affaire à un problème de portable qui inciterait à se filmer en allant toujours plus loin, ou comment bien illustrer le hashtag #PasDeVague.»
Résumer cette affaire à un problème de portable qui inciterait à se filmer en allant toujours plus loin, ou comment bien illustrer le hashtag #pasdevague. Vous êtes décevant @jmblanquer. 👎🏼 https://t.co/4TsWIXJhFM
— Kelly Betesh (@K_Betesh) 22 octobre 2018
La droite se félicite que la «loi du silence» ait été brisée et attend «des actes forts»
«#PasDeVague Bravo de briser la loi du silence pour briser la loi du plus fort à l’école. Élève à Roubaix, j’ai vu les professeurs dans la détresse,les élèves qui voulaient travailler, subir, perdre des chances», a fait savoir Lydia Guirous, porte-parole des Républicains et membre du bureau politique du parti.
#PasDeVague Bravo de briser la loi du silence pour briser la loi du plus fort à l’école. Élève à Roubaix, j’ai vu les professeurs ds la détresse,les élèves qui voulaient travailler, subir,perdre des chances. Les comités theodule ne serviront à rien il faut #autorité et #fermeté
— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) 22 octobre 2018
Pour la députée du Doubs et secrétaire générale des Républicains, Annie Genevard, «le hashtag #PasDeVague est un cri de détresse des professeurs». «Il faut rétablir la sécurité dans nos établissements […]. La situation est intolérable, nous attendons des actes forts», a-t-elle encore estimé.
Le hashtag #PasDeVague est un cri de détresse des professeurs. Il faut rétablir la sécurité dans nos établissements, l’État doit se tenir aux côtés des enseignants.
La situation est intolérable, nous attendons des actes forts.— Annie Genevard (@AnnieGenevard) 22 octobre 2018