Alain Minc respire : avec le retour des syndicats sur les retraites, le péril des gilets jaunes s’éloigne

Alain Minc se félicite que les syndicats reviennent sur le devant de la scène à l’occasion du mouvement social contre la réforme des retraites, car ceux-ci appartiennent, contrairement aux gilets jaunes, aux « gens conscients, équilibrés, et raisonnables ».

On n’en attendait pas moins du théoricien du « cercle de la raison » : invité de RTL ce jeudi 12 décembre, l’essayiste et consultant Alain Minc, proche d’Emmanuel Macron, s’est félicité que l’opposition à la réforme des retraites prenne la forme, connue et rassurante, d’un bon vieux bras de fer entre gouvernement et syndicats, au lieu d’une nouvelle éruption jaune fluo d’un peuple à qui les gens de bien ne savent décidément plus comment s’adresser.

« La seule bonne nouvelle de cette crise, c’est le retour sur la scène des syndicats. Je crois qu’une société a besoin de contre-pouvoirs, et je pense que même la radicalité de Philippe Martinez est incomparablement plus rassurante que la radicalité de Maxime Nicolle ou d’autres leaders autoproclamés des gilets jaunes« , explique celui qui conseille les princes depuis 40 ans.

Et l’auteur de La Mondialisation heureuse d’enchaîner : « Donc la société française refait un progrès en remettant les syndicats à la place qui devrait être la leur. » Autrement dit : chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés. « Donc vous nous dites que cette crise que nous traversons est pour vous beaucoup moins dangereuse potentiellement que celle que nous vivions il y a un an ?« , relance Yves Calvi. « Beaucoup moins dangereuse, parce que nous sommes entre gens conscients, équilibrés, et, chacun à leurs manières, raisonnables. »

« Tout le monde a une base »

Car justement, entre gens raisonnables, on peut toujours discuter. Et c’est parce que la méthode de dialogue du gouvernement n’est selon lui pas la bonne qu’Alain Minc lui adresse une remontrance : « Personne ne souhaite davantage que moi le succès d’Emmanuel Macron, précise-t-il d’emblée, et c’est pour cela que ce matin, je suis tout tourneboulé : parce que quand vous cherchez à établir un partenariat avec quelqu’un, et que ce quelqu’un vous dit : ‘J’ai une ligne rouge. Pas jaune, rouge.’, eh bien vous ne foncez pas dessus comme si vous agitiez la muleta devant les cornes du taureau. »

Mais il ne faudrait pas croire que l’attachement d’Alain Minc pour les syndicats relève d’un attachement immodéré de ce dernier pour la prise en compte de l’avis des travailleurs. Comme l’essayiste l’explique lui-même, il s’agit là de pure tactique, les syndicats ayant selon lui l’avantage d’être manipulables. « [Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT] a une base, tout le monde a une base« , constate cyniquement celui qui a soufflé à l’exécutif la brillante idée de la « clause du grand-père ».

L’opposition d’Alain Minc à l’instauration d’un âge de bascule à 64 ans entre une potion décotée et une pension surcotée repose donc avant tout sur des « raisons politiques« , explique-t-il. « Sur le plan purement technocratique, je pense que c’est un sujet sans intérêt, l’âge pivot. Mais on sait que pour sortir de cette grève, il faut casser le front syndical. Pour casser le front syndical, il faut bien trouver des syndicats dont on se rapproche. » Diviser pour mieux régner, en somme.

 

via Alain Minc respire : avec le retour des syndicats sur les retraites, le péril des gilets jaunes s’éloigne

via la revue de presse du collectif lieux communs

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