D’après les chiffres de l’INSEE, un homme pauvre sur quatre sera mort avant d’atteindre l’âge de la retraite. Et la réforme ne va rien arranger…
L’information a une nouvelle fois été dévoilée par le média en ligne Osons Causer. Selon les chiffres de l’INSEE, c’est donc un homme pauvre (moins de 614€ par mois) sur quatre qui n’atteindra jamais l’âge de la retraite.
À l’âge de la retraite actuelle de 62 ans, 95% des hommes les plus riches seront encore en vie. En revanche, pour les hommes les plus pauvres, c’est une autre histoire : ce chiffre tombe en effet à 76%. Pour arriver à ce pourcentage chez les hommes les plus aisés, il faut aller jusqu’à l’âge de 80 ans, soit 18 ans de plus qu’un homme très pauvre. Pour les femmes, si elles vivent plus longtemps quel que soit leur milieu social, on retrouve le même genre d’écart. Ainsi une femme pauvre sur huit n’atteindra jamais 62 ans. Pour les plus riches, ce chiffre monte à 79 ans, soit 17 ans d’écart.
Pour les revenus modestes, le constat n’est guère meilleur. Ainsi on peut noter qu’un smicard sur cinq ne connaîtra jamais la retraite ; ce chiffre ne représente pas moins de neuf millions d’hommes en France. Après avoir cotisé toute leur vie, les moins favorisés d’entre nous ne profiteront donc jamais de leurs vieux jours. Chez les riches en revanche, on peut espérer plusieurs décennies de vie avec des pensions et un niveau de vie bien supérieurs.
Une injustice d’autant plus criante qu’aujourd’hui, ce sont aussi les pauvres qui partent le plus tard à la retraite. On comprend facilement pourquoi l’argument du gouvernement et de la presse du « on vit plus longtemps, il faut partir plus tard » ne tient absolument pas la route. Il est en effet la négation totale des conditions de travail particulières de chaque travailleur et du mode de vie qui va souvent avec ses revenus. Le constat est d’autant plus facile à comprendre que les professions très pénibles physiquement, et qui diminuent donc l’espérance de vie, sont souvent associées à des revenus faibles. Pas de quoi alarmer la Macronie, puisque l’une des premières choses réalisées par ce gouvernement après son arrivée au pouvoir a été la suppression de critères de pénibilités. Ce sont ainsi près de 300 000 personnes exerçant des travaux pénibles (charges lourdes, vibrations, postures douloureuses, ou exposition à des agents chimiques dangereux) qui ont été exclus d’un départ anticipé à la retraite. Et ce à grands coups d’ordonnances.
Le pire c’est que cet écart entre les plus riches et les plus pauvres ne date pas d’hier et il ne s’améliore pas depuis 50 ans. On apprend ainsi qu’en 1970, l’écart entre un cadre et un ouvrier était exactement le même qu’aujourd’hui.
La situation sera aggravée par la réforme des retraites
Même si notre système actuel a généré ce genre d’inégalités, il reste l’un des meilleurs au monde, mais peut-être plus pour longtemps. En effet, avec la réforme prévue par le gouvernement Macron, la situation devrait s’empirer. D’abord parce que les pauvres seront de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches, mais aussi parce que le départ à la retraite sera mécaniquement repoussé par l’âge pivot. C’est même un véritable cercle vicieux, puisqu’en travaillant plus longtemps dans des conditions difficiles les plus pauvres verront sans doute leur espérance de vie diminuer de plus belle. Sans parler de la mort, on peut aussi évoquer l’espérance de vie en bonne santé. Un cadre peut ainsi espérer vivre dix ans de plus en bonne santé qu’un ouvrier. Précisons qu’aujourd’hui, l’espérance de vie en bonne santé moyenne est de 64 ans et elle baisse ! Ce phénomène va inévitablement s’empirer avec cette réforme, puisque le gouvernement va obliger des citoyens en mauvaise santé à continuer le travail… À moins qu’ils ne meurent avant…
Ce que le gouvernement nomme « système universel » n’est donc en tout état de cause qu’une vaste supercherie. En se cachant derrière une promesse d’égalité, il va en vérité mettre en place un fonctionnement très peu équitable qui favorisera les classes sociales les plus aisées (dont ses membres font évidemment partie) au détriment des plus faibles. Par là, c’est une nouvelle fois la notion même de solidarité qui est piétinée au nom du sacro-saint culte de l’individu si cher aux libéraux…
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