Italie : saisie de 14 tonnes d’amphétamine captagon produite en Syrie par l’Etat islamique

La police italienne s’est félicitée d’avoir réussi «la saisie d’amphétamines la plus importante jamais réalisée», en mettant la main sur 14 tonnes d’amphétamine en comprimés, de type captagon, fabriqués par des djihadistes en Syrie.

La police italienne a annoncé le premier juillet une saisie record : 14 tonnes d’amphétamines, soit 84 millions de comprimés de captagon, produits en Syrie par le groupe Etat islamique (EI).

Pour le colonel Domenico Napolitano, commandant de la policière financière de Naples, «il s’agit de la saisie d’amphétamines la plus importante jamais réalisée par des forces de police au niveau mondial».

Un milliard d’euros de drogue

Cette prise réalisée dans le port de Salerne (au sud de Naples) a une valeur d’un milliard d’euros sur le marché, précise un communiqué de la police italienne.

Les comprimés sont marqués par deux demi cercles, le symbole du captagon, un médicament classé comme produit stupéfiant, égalemet connu sous l’appellation «drogue du djihad», précisent les enquêteurs.

On sait que l’Etat islamique finance ses propres activités terroristes surtout par le trafic de drogue synthétique produite en Syrie

«On sait que l’Etat islamique finance ses propres activités terroristes surtout par le trafic de drogue synthétique produite en Syrie, qui pour cette raison est devenue ces dernières années le premier producteur mondial d’amphétamines», souligne le communiqué de la police.

Cargaison à destination de la Suisse

Selon l’enquête chapeautée par le parquet de Naples, la drogue se trouvait dans trois conteneurs suspects, contenant des cylindres de papier à usage industriel et des roues métalliques. Le quotidien La Repubblica révèle pour sa part que la cargaison devait être expédiée à une société suisse basée à Lugano, propriété de ressortissants italiens.

Chaque cylindre de papier en multi-couches, d’environ 2 mètres de hauteur et d’un diamètre de 1,40 mètre (probablement fabriqué en Allemagne), permettait de dissimuler à l’intérieur environ 350 kg de comprimés en empêchant leur détection par un scanner. Les énormes roues métalliques découpées par des experts étaient également remplies de pilules.

L’enquête avait démarré voici deux semaines, lorsque la même unité d’enquête de Naples, spécialisée dans le crime organisé, avait intercepté un conteneur de vêtements de contrefaçon, dissimulant 2 800 kg de haschisch et 190 kg d’amphétamines sous la forme de plus d’un million de pilules de captagon.

Un «consortium» criminel

Cette première cargaison, envoyée par une société syrienne, avait attiré l’attention des douaniers, car elle était destinée à la Libye à travers une société suisse, selon des informations de La Repubblica. Les trois nouveaux conteneurs interceptés mercredi étaient expédiés par la même société syrienne à la même entreprise suisse, ajoute le journal.

Les enquêteurs estiment qu’un «consortium» de groupes criminels sont à la manœuvre, car les 85 millions de comprimés peuvent satisfaire un marché de taille européenne allant donc bien au delà de la consommation italienne. Selon une hypothèse, il pourrait s’agir d’un «cartel» de clans de la Camorra (mafia napolitaine).

Le confinement dû à l’épidémie du coronavirus a sans aucun doute bloqué la production et la distribution de drogues de synthèse en Europe. Dès lors, de nombreux trafiquants se seraient tournés vers la Syrie pour se réapprovisionner.

Inhiber «la peur et la douleur»

La police italienne souligne que le captagon, vendu dans tout le Moyen-Orient, «est très répandu chez les combattants pour inhiber la peur et la douleur».

Produite initialement au Liban et diffusée en Arabie Saoudite dans les années 90, cette drogue a été retrouvée dans des planques de terroristes, comme ceux responsables des attentats parisiens de 2015 notamment dans la salle de concert du Bataclan.

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