Le Nord de Donetsk et de Makeyevka bombardés par l’armée ukrainienne
Après une relative accalmie hier en fin d’après-midi sur la ligne de front de la République Populaire de Donetsk (RPD), les tirs ont repris en fin de soirée, avec 211 obus tirés entre 18 h et 2 h du matin avant de se calmer à nouveau. Mais l’armée ukrainienne ne semble pas décidée à en rester là, comme le montrent les bombardements menés dès 7 h ce matin sur les zones purement civiles du Nord de Donetsk et de Makeyevka.
Nous nous rendons d’abord à l’hôpital N°5 de Makeyevka (district de Krasnogvardeisky), qui a été bombardé le matin même par l’armée ukrainienne. Très certainement à l’artillerie lourde vu la distance (9 km) qui sépare cet hôpital de la ligne de front. Une distance et une localisation qui excluent toute erreur de tir. C’est un bombardement délibéré d’un hôpital purement civil, qui fera un mort (une femme qui travaillait là) et trois blessés.
Lorsque nous arrivons le corps de la femme est encore là, et son mari ne peut plus que pleurer sur le corps sans vie de celle qui fut son épouse, et qui était simplement partie travailler ce matin. Les larmes viennent en le voyant à genoux à côté d’elle, lui caressant la tête et le visage comme pour la réveiller en douceur d’un profond sommeil.
Une victime civile de plus à ajouter à la liste déjà très longue des civils morts de la main des soldats ukrainiens depuis le début de ce conflit (plus de 10 000). Une famille de plus détruite.
Un peu plus tard, un mort civil de plus est annoncé par le commandement de l’armée de la RPD, qui annonce aussi trois morts et quatre blessés parmi les soldats de la RPD (un bilan qui va sûrement continuer à augmenter). Parmi les morts d’hier se trouve l’un des commandants de Vostok, Ivan Balakaï, surnommé le « Grec ». Le commandant du 3éme bataillon de la Brigade Vostok est mort au combat, dans la zone industrielle d’Avdeyevka.
L’école N°32 située dans le secteur de Makeyevka qui a été bombardé à nouveau vers 9 h 30 a fait descendre les enfants dans les abris avant de demander aux parents de les ramener à la maison pour plus de sécurité.
Nous poursuivons ensuite notre route vers le Nord de Donetsk, dans l’avenue Partizansky, où un immeuble proche d’un jardin pour enfants a été bombardé tôt ce matin aussi. Les obus ont endommagé plusieurs appartements, et nous avons l’estomac noué en voyant le jardin pour enfants juste à côté et en pensant à ce qui aurait pu arriver si les obus étaient tombés dessus.
Alors que nous filmons de nombreux tirs lourds se font soudainement entendre depuis le Nord, vers Yasinovataya. La zone n’est pas sûre, l’armée ukrainienne pourrait, comme à Makeyevka, décider de tirer à nouveau sur le même secteur, alors que les civils essayent de nettoyer les dégâts comme ils peuvent.
Durant la nuit, plus au Nord, à Gorlovka, l’armée ukrainienne a tiré sur le point de passage de Mayorsk, heureusement sans faire de victimes.
Devant l’escalade brutale de la situation qui a vu 1912 bombardements frapper le territoire de la RPD durant les dernières 24 h, les autorités de la République trouvent les actions de l’OSCE insuffisantes et ont exigé qu’elle agisse en déclarant de manière claire qui est la partie qui viole ouvertement les accords de Minsk et qu’elle fasse respecter le cessez-le-feu.
Une exigence d’autant plus importante qu’hier soir l’armée de la RPD annonçaient que les services de renseignement de la République avaient découvert la volonté du commandement ukrainien de mener une nouvelle provocation, en tirant à l’aide de lance-roquettes multiples Grad sur des quartiers résidentiels se trouvant sous son contrôle pour en accuser l’armée de la RPD.
Alors que Donald Trump et Vladimir Poutine sont tombés d’accord pour dire que la crise ukrainienne ne pouvait pas perdurer et qu’il fallait la résoudre au plus vite, les autorités ukrainiennes jettent de l’huile sur le feu que la Russie et les USA essayent maintenant d’éteindre.
Christelle Néant