Il flotte un air des premiers actes des Gilets jaunes en France, et en particulier à Paris où les manifestants, débordant les forces de l’ordre manifestement en sous-nombre, ont envahi les Champs-Élysées. La province n’est pas en reste, avec des manifestations organisées ou sauvages dans de très nombreuses villes, y compris les plus modestes. Cette stratégie – probablement involontaire et spontanée – de manifester dans chaque ville permet à chacun d’être présent plutôt que d’entamer un long voyage vers la capitale coûteux, voire risqué. Et l’addition des chiffres offre un résultat comptable du nombre des manifestants bien plus généreux. Sous réserve que les chiffres officiels, complaisamment relayés pas la « meute médiatique », soient valables. Mais heureusement nous avons les images, triées et rassemblées pour vous.
Officiellement, il y avait 160 000 manifestants dans les rues en France ce samedi 24 juillet (source : ministère de l’Intérieur). C’est à dire 35 % de plus que le samedi 17 juillet précédent (118 000 manifestants). Sur ce pourcentage, nous serons probablement d’accord. Il y avait foule, davantage encore que la semaine dernière. La mobilisation non seulement ne faiblit pas, mais elle se renforce. Le nombre de manifestants augmente tout comme leur colère et leur détermination. Les images parlent d’elles-mêmes.
Les journalistes, cette « meute médiatique » donc, ne chôment pas pour se faire l’écho du système. On en a même trouvé une, Julia Maz, qui, sur une photo où elle a quand même l’air de se foutre franchement de la gueule des manifestants, paraît tout à fait être une fille pleine de joie.
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Quand ils sont disponibles, vous trouverez à côté de chaque ville le nombre de manifestants selon la préfecture ou la presse officielle (pour répondre aux commentaires de la semaine dernière, nous fournissons volontairement ces chiffres officiels car, étant bas, ils sont nécessairement optimistes car minimisés). Chacun utilisera ensuite son algorithme favori mais surtout ses yeux pour découvrir si le chiffre annoncé semble crédible – on ne rit pas.
Paris – 11 000
Tout d’abord, ne boudons pas notre plaisir avec ces quelques images des Champs-Élysées. Les forces de l’ordre ont visiblement été sous-estimées parce que les manifestants l’ont probablement été. Cette information est importante car le gouvernement avait peut-être mal jaugé l’opposition populaire à la politique discriminatoire de son pass sanitaire.
Biberonnés aux chiffres éthérés et aux statistiques auxquelles on peut faire dire beaucoup de choses, les techniciens fraîchement diplômés du gouvernement ont été probablement rassurés par les sondages, mais aussi par le nombre de rendez-vous pris sur Doctolib. C’était sans compter d’une part que la révolution ne se fait jamais avec la majorité, bien souvent uniquement suiviste pour ne pas dire je-m’en-foutiste, et d’autre part que la plupart des futurs vaccinés l’ont fait sous la contrainte pour ne pas perdre leurs vacances ou pour simplement pouvoir continuer à travailler.
À Paris, donc, plusieurs manifestations ont été organisées, en particulier celle du mouvement des Patriotes de Florian Philippot d’une part et celle des Gilets jaunes d’autre part. Deux manifestations, deux esprits différents, mais deux succès.
La manifestation du Trocadéro était sage, un peu trop peut-être, mais la foule nombreuse :
Celle des Gilets jaunes, beaucoup plus dynamique et se terminant en échauffourées avec les forces de l’ordre, connut elle aussi un succès encore plus grand que la première du samedi précédent 17 juillet :
La journée se termine sous les gaz, les explosions et les sirènes. Les manifestants ont forcé les barrages. La semaine prochaine, gageons que les forces de l’ordre seront mobilisées. Les manifestants aussi.
Lyon – 1 700 (900 + 800)
Pendant que les manifestants philippotiens faisaient du surplace dans le 3e arrondissement vers les Halles Paul Bocuse, la version plus hardcore des anti-pass s’échauffait place Bellecour lors d’une manifestation apparemment non déclarée. Mélange de racailles, de black blocs et autres gauchistes, on y trouvait au début – avant qu’une violente averse de grêle ne s’abatte sur la ville pendant 15 minutes – des gens tout à fait respectables, des Gilets jaunes et des drapeaux bleu blanc rouge.
Bordeaux – 5 000
Marseille – 4 300
Toulon – 2 900
Avignon – 3 000 à 4 000
Douze minutes de manifestants non-stop pour une ville moyenne comme Avignon (92 000 habitants). Le gouvernement nous dira qu’ils tournaient sans fin autour d’un rond point ?
Valence – 4 000 à 5 000
Ici, c’est près de 18 minutes de défilement ininterrompu de manifestants :
Toulouse – 2 500
Montpellier – 5 000
Chambéry – 4 000
Annecy – 3 500
Thonon – 1 100
Grenoble – 2 000 à 3 000
Lille – 2 500
Brest – 2 000
Rennes – 2 500
Nantes – 5 000
Saint-Nazaire – 2 000
Vannes – 2 700
Bayonne – 3 000
On remarquera quelques drapeaux anarchistes ou antifas, mais pour une fois qu’ils portent leur nom d’idiots utiles à bon escient, on ne s’en plaindra pas.
Clermont-Ferrand – 3 000
Bourges – 1 300
Dijon – 1 000
Nice – 6 000
Aix-en-Provence – 2 550
Strasbourg – 4 000
Reims – 2 000
Périgueux – 600
Saint-Pierre (La Réunion) – 600