11 septembre : Enfin l’intégralité du film d’Ace Baker en VOSTFR

Le film du vingt-et-unième siècle

Auteur : Mehdi Belhaj Kacem, pour FranceSoir

CRITIQUE –  “Jamais censure n’a été plus parfaite. Jamais l’opinion de ceux à qui l’ont fait encore croire, dans quelques pays, qu’ils sont restés des citoyens libres, n’a été moins autorisée à se faire connaître, chaque fois qu’il s’agit d’un choix qui affectera leur vie réelle. Jamais il n’a été permis de leur mentir avec une si parfaite absence de conséquence. Le spectateur est seulement censé ignorer tout, ne mériter rien. […] L’histoire du terrorisme est écrite par l’État; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.”Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle

L’événement artistique des derniers mois ? Les médias dominants ne vous en parleront pas. Dans l’écrasante majorité des cas, parce qu’ils ignorent jusqu’à son existence; et dans les quelques exceptions qui existent peut-être, ils auront tout intérêt à ce qu’un tel événement soit passé sous silence.

Cet événement, c’est la sortie enfin, sur Internet, dix ans après sa création, de la version intégralement sous-titrée en français du film The Great American Psy-Opera. Vous ne verrez bien évidemment pas ce film au cinéma, ni en prime-time à la télévision ; et même sur Internet, il s’agit d’un des films les plus férocement censurés qui soient.

Je donne donc un lien sûr où on puisse voir le film intégralement sous-titré : The Great American Psy-Opera.

J’ai vu ce film plus d’une dizaine de fois, et le considère sans hésitation comme le plus grand film des vingt dernières années, et à plus d’un titre. Mon anglais étant tout juste correct, il m’aura fallu attendre la présente version pour que l’idée s’impose à moi d’écrire sur ce chef-d’œuvre absolu de l’histoire du cinéma. Comme toute œuvre d’art majeure (Sophocle, Shakespeare, Bach), celle-ci ouvre sur l’infini, et est proprement inépuisable. Même après ma énième vision, bien plus compréhensive grâce aux sous-titres, je sais que je reviendrai à ce film encore et encore, comme à tous mes films, livres, disques ou tableaux de chevet. J’y insiste donc pour commencer : cet article ne fait que survoler cette œuvre d’une richesse inouïe.

Pendant que le bobo cinéphile parisien partage son temps et ses gloses entre navets “d’auteur” et blockbusters de la propagande hollywoodienne, il ignore jusqu’au nom du plus jeune des grands maîtres du septième art : Alexander “Ace” Baker. Il utilise surtout son nom d’artiste, Ace Baker. Je l’appellerai ici “Ace” tout court, tant ce surnom lui va comme un gant.

Celui-ci n’est pourtant pas cinéaste de formation. Il se présente comme compositeur de musiques de films, ce qui, selon toute probabilité, aide à se constituer une connaissance cinéphilique solide, et comme écrivain. Il prouve, tout du long de son chef-d’œuvre, qu’il est aussi un artiste pop de grand talent, puisqu’il l’entrelarde de trois ou quatre clips pour des chansons de sa composition. De plus, Ace fait partie de cette génération de geeks pour lesquels les techniques combinées de la vidéo et de l’informatique n’ont aucun secret. Enfin, Ace dispose de facultés qui ne s’enseignent pas à l’école, et surtout pas les écoles de cinéma : l’esprit critique, la prudence sceptique, la curiosité insatiable, un sens politique à fleur de peau. En effet, Ace se déclare ouvertement anarchiste, ce qui me le rend bien sûr encore plus sympathique, et je me réjouis donc de soumettre le présent article à FranceSoir, principal organe, dans notre pays, d’un “proudhonisme journalistique” dont nos esprits abrutis par la propagande médiatico-gouvernementale a bien besoin.

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