Submersion migratoire aux États-Unis : tensions à leur comble entre le Texas et Washington

En seulement 30 jours, 300.000 clandestins ont pénétré sur le territoire des États-Unis par la frontière américano-mexicaine, un afflux sans précédent. Au Texas, premier État de Fédération à être impacté, la bataille politique aux relents de sécession prend de l’ampleur : les autorités locales ont été mobilisées pour empêcher les agents fédéraux de démanteler une barrière flottante.

En juillet dernier, la mise en place de kilomètres de fils barbelés sur le fleuve Rio Grande visant à freiner les traversées de migrants en provenance du Mexique avait eu pour conséquence le dépôt d’une plainte par le ministère américain de la Justice. La Cour suprême, la plus haute instance judiciaire des États-Unis, a tranché le 22 janvier : le dispositif doit être démantelé. L’administration Biden n’a donc pas perdu un instant, envoyant des agents fédéraux pour exécuter la sentence.

Le gouverneur républicain du Texas et proche de Donald Trump, Greg Abbott, à l’origine de la barrière n’entend pas céder. Il a quant à lui déployé la Garde républicaine de son État pour barrer la route aux agents fédéraux, défiant ouvertement Washington. Il s’en est plusieurs fois expliqué, arguant qu’il ne fait que défendre les intérêts « souverains » de son État, suppléant aux défaillances de l’administration Biden en matière de lutte contre l’immigration illégale. Rappelons que le nombre de clandestins dans le pays a presque doublé sous la présidence de Joe Biden. Un nouveau record a été enregistré en 2023 avec plus de 2,7 millions de franchissements illégaux de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Un record… pour la troisième année consécutive. Le point culminant ayant été atteint en décembre dernier avec une moyenne de 10.000 passages par jour. 

Dans cette bataille autant juridique que politique, Greg Abbott est soutenu par 25 gouverneurs républicains, soit la moitié des entités de la fédération. À l’approche de l’élection présidentielle, le sujet de l’immigration est donc plus que jamais au cœur des débats. Et la mise en place d’installations physiques pour matérialiser les frontières galvanise les électeurs. Tout, ou du moins beaucoup, pourrait donc se jouer sur ce terrain-là en novembre.

L’afflux de migrants et le chaos qu’il génère dépasse désormais les seules régions du sud. Et Greg Abbott s’en charge personnellement en envoyant des bus de clandestins devant la résidence de la vice-présidente des États-Unis, la pro-migrante Kamala Harris. S’il s’agit évidement d’un coup de communication, le mécontentement toujours plus palpable de la population a obligé le camp démocrate à intégrer la lutte à l’immigration illégale dans ses thèmes de campagne. Dans un communiqué de la maison Blanche, Joe Biden a ainsi affirmé que le projet de loi immigration à l’étude au Sénat lui donnerait le pouvoir de régler la crise migratoire, pouvant alors bénéficier de l’autorité nécessaire pour fermer la frontière quand elle est submergée.

Une déclaration un peu tardive et qui fera difficilement oublier trois ans de laxisme en la matière.

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : Capture CNN (photo d’illustration)
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