L’Allemagne est morte

Sophie Quéribus infirmière franco-allemande

♦ L’Allemagne est un géant économique mais c’est un nain démographique. Avec à peine un enfant par femme d’origine allemande l’effondrement vital est là. L’Allemagne est morte, victime du syndrome de Stockholm à l’échelle d’un pays. Le document qui suit est un témoignage poignant.

Celui d’une infirmière franco-allemande, revenue vivre dans le pays d’origine de sa mère mais stigmatisée, en tant que mère de famille nombreuse (5 enfants élevés en Allemagne), par des compatriotes conformistes, matérialistes et égoïstes.

Le témoignage de Sophie Quéribus est aussi concret que précis, aussi irréfutable que profond. A lire pour comprendre.
Polémia.


L’Allemagne paraît être une grande puissance économique mais sous un plan démographique cela masque une réalité implacable : le pays des Allemands est mort, car depuis plus de quarante ans son taux de fécondité est au-dessous de 1,5 enfant par femme. Les conséquences sont connues : les enfants – donc les futures mères potentielles – qui ne sont pas nés depuis quarante ans n’ont pas non plus d’enfants aujourd’hui, amplifiant ainsi le gouffre démographique. Car si avoir un taux de fécondité actuel d’environ 1 enfant par femme « d’origine allemande » d’après les évaluations les plus optimistes est déjà dramatique, le fait donc que ce nombre de femmes « en âge de procréer » soit drastiquement insuffisant amplifie de façon exponentielle le manque de naissances. On peut se représenter ce gouffre en comparant, par exemple, ces deux données : la France est peuplée de près de 67 millions d’habitants et enregistre annuellement environ 750.000 naissances ; l’Allemagne, pour 82 millions d’habitants, à peine plus de 700.000. Et parmi ceux-ci, près de 150.000 naissent d’une mère étrangère (l’origine du père n’étant pas recensée).

L’enfant est devenu rare et… c’est un petit tyran

Le résultat, pour qui vit en Allemagne après avoir vécu en France, est impressionnant. On s’aperçoit confusément que si, globalement, par famille il y a déjà au moins un enfant de moins en Allemagne qu’en France, il y a surtout bien moins de familles, car les couples sans enfants sont nombreux. L’enfant est devenu rare (et, parallèlement, un tyran, encouragé par une société d’un hyper-laxisme éducatif ravageur, ce qui laisse également augurer un avenir bien sombre pour les vieux Allemands).

Il faut croire qu’il s’agit de l’évolution « naturelle » négative des pays hyper-développés : là où autrefois l’enfant et la famille nombreuse représentaient une richesse (sacrifice immédiat de temps, d’argent et de confort en vue de transmettre des biens, de la culture, etc., et parallèlement d’assurer les vieux jours), ils sont devenus en quelque sorte un mauvais investissement car ils représentent un frein à l’hyperconsommation en tout genre, sans être indispensables puisque la société est censée répondre aux besoins futurs de la vieillesse.

En Allemagne, avec trois enfants on est a-social

Et la situation ne risque pas de s’inverser. « En Allemagne, avec trois enfants on est a-social » n’est pas un cliché mais une réalité assumée. Ce peuple s’est habitué à vivre sans enfants, puisqu’on lui a fait croire, depuis des décennies, que cela fonctionnerait aussi SANS. A tel point que les familles nombreuses allemandes, loin d’être admirées et encouragées, sont globalement plutôt mal vues. Dans la rue, dans les supermarchés, en lieux publics, ces familles pour qui la société n’est plus conçue dérangent. Il n’est pas rare de recevoir, venant de parfaits inconnus, des réflexions franchement négatives sur la présence ou la tenue des enfants, voire sur le fait de les avoir eus tout simplement.

Les personnes âgées, majoritaires, n’ayant pas ou peu de petits-enfants, ont du temps pour observer les autres, pour se critiquer, se juger et se dénoncer mutuellement (ou bien se plaindre des familles gênantes), entretenant aux yeux d’un étranger l’image d’un peuple procédurier et arrogant. Car effectivement on peut être arrogant lorsque l’on a autant de temps pour tout « bien » faire ; les enfants absents ne désordonnent ni ne gênent rien ni personne. Les maisons sont bien rangées, les voitures bien lavées, les pelouses bien entretenues, les trottoirs bien propres, mais tout manque de vie, car les foyers sont vides.

Mais on n’est pas malheureux pour autant ; on se satisfait parfaitement de ne pas avoir à sacrifier sa carrière (à la naissance d’un enfant une bonne Allemande cesse de travailler durant des années), son sport, ses vacances en club, son activité associative et son bien-être global, pour supporter les cris et pleurs d’un enfant qui deviendra de toute façon vite odieux, changer des couches, avoir une voiture vieille et sale, un jardin et une maison mal rangés, ses après-midis encombrés par les nombreuses activités extrascolaires (l’école s’arrêtant en début d’après-midi) et ses soirées indisponibles pour Pokemon Go ou pour dépenser son salaire à sortir.

Hormis pour les Allemands « pauvres » (ces fameux « 400 € jobs » dont le faible salaire est une des raisons de la compétitivité économique allemande, et qui vivent, eux, presque plus pauvrement que le travailleur au Smic français), le niveau de vie moyen des Allemands ayant peu d’enfants tout en étant travailleurs est donc ressenti comme particulièrement élevé aux yeux d’un Français : les jeunes ont l’argent de leurs parents (et les enfants uniques encore davantage), les « quadras », au lieu de dépenser leur salaire dans une famille nombreuse, l’ont accumulé pour eux-mêmes, et les grands-parents profitent de leur retraite (« moi, j’ai DROIT à ma bonne retraite puisque j’ai cotisé »), provisoirement riches de leur absence de descendance et préférant ignorer que le système est majoritairement financé par répartition.

Du confort et de la consommation

Découlent de ce calme et de cette absence de vies les dégénérescences déjà observées dans d’autres sociétés disparues : les critères de « confort à atteindre » sont très élevés (considérablement plus qu’en France, par exemple) car la richesse apparente est un besoin, et le confort extrême une nécessité, pour lesquels on n’hésitera pas à sacrifier le deuxième, voire le premier enfant, ni à recourir au crédit. Le fait de n’être souvent pas propriétaire (moins qu’en France) de son logement est une illustration de ce phénomène : pas besoin de posséder puisqu’il n’y a personne à qui transmettre, et louer permet d’être exigeant sur le confort – le logement est ainsi globalement en bien meilleur état en Allemagne qu’en France.

Chacun s’étant donc donné les moyens de consommer en quantité (même en s’endettant, du moment que l’apparence et le confort sont là), les biens en surplus, abandonnés car jugés obsolètes, abondent (les trottoirs étaient, jusqu’à peu, régulièrement jonchés de meubles et biens en bon état, destinés à la benne).

L’immigration massive… source de vanité

C’est ainsi que ladite « crise  des migrants », cet afflux d’immigrés illégaux organisé par Madame Merkel pour envahir l’Allemagne, ne semble pas poser économiquement de problème majeur à ce pays débordant de biens et de temps puisque sans familles : on donne à ces millions d’étrangers déferlant depuis deux ans tout le surplus qui s’accumulait par manque de consommateurs et par superficialité. Ainsi les logements et biens de consommation ont afflué en quantité pour être offerts aux étrangers, donnant ainsi aux Allemands une double bonne conscience : avoir fait « le bien » et avoir trouvé à se débarrasser de tout ce qui les encombrait. Enfin, ces nouveaux arrivants étant encore consommateurs d’aliments, de forfaits téléphoniques, d’administration, d’énergie, etc., l’effondrement économique qu’on aurait pu attendre d’une telle invasion n’aura peut-être même pas lieu, ces hausses massives de besoins pouvant même provoquer une amélioration de l’économie globale, à la manière de l’intégration des Länder de l’ex-RDA dans les années 1990.

Quelque part, même, une forme de vanité allemande s’est finalement trouvée satisfaite de cette immigration massive : elle a montré au monde combien l’Allemagne était organisée, efficace et généreuse, lui permettant à la fois de gommer le sentiment de culpabilité collective hérité de la victoire des Alliés en 1945 et de l’entretenir dans sa suffisante arrogance.

Ainsi la boucle est bouclée et le remplacement des jeunes adultes et de leur progéniture non née depuis 45 ans est organisé : les étrangers arrivés en masse sont plus que servis et se chargent, eux, en lieu et place des Allemands, d’avoir de nombreux enfants, encouragés par les autochtones qui ne réservent leurs regards de juges hautains et désapprobateurs qu’aux familles nombreuses d’origine germanique (situations vécues). Et le fait que ces étrangers importent leurs propres cultures et modes de vie contente même certains Allemands, heureux de se voir définitivement disparaître au profit de ce grand melting-pot tant vanté.

La légendaire docilité germanique

Le peu de réactions à cet envahissement imposé et à sa phrase d’incantation « Wir schaffen das » de la prédicatrice chancelière s’explique aussi par la légendaire docilité germanique et par l’histoire politique traumatisée allemande. Ce peuple subit cette décision inique parce que, à l’inverse de tout Français qui se respecte, l’Allemand ne discute pas de politique. C’est la docile sidération qui règne. Entre voisins, entre amis, tous les sujets seront abordés mais jamais le gouvernement ni l’identité allemande. C’est une disposition d’esprit particulière qu’il faut prendre en compte lorsque l’on pense à un « sursaut » de conscience politique venant du peuple allemand : il a été dressé à ne pas discuter et ce réflexe est bien acquis par l’écrasante majorité électrice ; seule une minorité s’autorise à penser et à voter audacieusement.

Voilà pourquoi « Maman Merkel » (ou l’un de ses semblables) sera réélue, les conséquences immédiates de l’immigration massive qu’elle a organisée étant presque agréables à l’autochtone et ses conséquences dramatiques n’étant pas encore suffisamment gênantes (car soigneusement occultées par la si efficace administration allemande). Voilà pourquoi l’Allemagne, peuplée par des Allemands, est morte et s’enterre elle-même. Lorsque, derrière un rideau, anonyme, sans avoir rien à payer ni à assumer, un électeur est suffisamment bien dressé pour revoter pour celle et ceux qui détruisent consciencieusement son monde, sa culture et son pays depuis des décennies, on assiste en quelque sorte à un parfait syndrome de Stockholm…

Sophie Quéribus
1/03/2017

Correspondance Polémia – 5/03/2017

 

via L’Allemagne est morte

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