La présence d’une quarantaine de réfugiés, dont quinze enfants, sur le campus rémois Croix-Rouge a entraîné la suspension des cours pour près de 8.000 étudiants.
Pas de cours pour les 8.000 étudiants du campus Croix-Rouge à Reims. Dimanche soir, le président de l’Université de Reims Champagne-Ardenne (Urca), Guillaume Gellé, a annoncé que «l’établissement resterait fermé jusqu’à nouvel ordre» après qu’une quarantaine de migrants se sont installés dans le parc universitaire. «Je ne pouvais plus assurer la sécurité de tous, que ce soit celle des étudiants ou celle des réfugiés. Parmi eux, on dénombre une quinzaine d’enfants, dont certains ont moins de 5 ans. L’université ne pouvait pas fonctionner normalement face à cette occupation illégale. Tant que les conditions de sécurité ne seront pas rétablies, l’accès aux locaux de l’université restera interdit et les cours suspendus», a-t-il écrit dans un arrêté d’interdiction.
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Pour se protéger de la pluie et du vent, les réfugiés ont monté des tentes de fortune entre la bibliothèque et les bâtiments de l’UFR de Lettres et Sciences humaines. «Ils ne sont pas entrés dans les locaux, et aucune dégradation n’a été relevée», précise au Figaro le président de l’université. Pour lui, il n’est pas question de déposer plainte. Il envisage néanmoins une action en justice pour demander leur expulsion. «Il y a des échanges avec le préfet et l’État sur la suite à donner. Le but, ce n’est pas l’expulsion en tant que telle mais de rouvrir au plus vite le campus», confie Guillaume Gellé.
Avant de trouver refuge sur les espaces verts de l’université de Reims, ces hommes et femmes, originaires d’Albanie, d’Arménie ou encore de Tchétchénie, vivaient depuis plusieurs mois dans le parc St John Perse, à seulement 100 mètres du campus. De nombreux riverains ne supportant plus les nuisances avaient porté plainte et demandé à la mairie le démantèlement du camp.
«Notre parc était devenu un petit Calais. Il fallait agir. La situation était invivable, pour nous, et même pour ces personnes démunies», expliquait alors dans les colonnes de L’Union Monique Jonot, présidente de l’association de défense des habitants du quartier La Lézardière. Sous la menace d’une expulsion, les migrants ont donc quitté les lieux dans la journée de dimanche, avant l’arrivée des forces de l’ordre.
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Selon le syndicat étudiant Unef, le déménagement de ces familles sur le campus Croix-Rouge de l’Urca a été décidé collectivement. «Plutôt que de retourner dans un autre parc ou dans une forêt, les associations ont proposé de se rendre sur la fac, pas pour empêcher quiconque de travailler mais pour presser la mairie quant à l’urgence à laquelle ils sont soumis», précise au Figaro Julian Teodorescu, président de l’Unef à Reims, qui dénonce «la démission volontaire de l’État en matière d’hébergement» et appelle à la «solidarité».
C’est une honte de laisser des familles dormir dehors, a dénoncé la porte-parole du collectif 51. L’État ne fait rien alors qu’Emmanuel Macron avait déclaré le 27 juillet dernier: “D’ici la fin de l’année, je ne veux plus personne dans les rues, dans les bois. Je veux partout des hébergements d’urgence”». Une colère également partagée par Éric Quénard, le chef de file de l’opposition rémoise. «L’Université a décidé de fermer le campus Croix-Rouge à ses personnels et aux étudiants pour des raisons de sécurité liées à l’installation d’hommes, de femmes et d’enfants dans le froid, sous la pluie, dans des tentes de fortune. Les pouvoirs publics refusent depuis plusieurs mois de traiter cette situation, laissant des bénévoles et militants associatifs s’organiser pour venir en aide à ces personnes. Il faut traiter humainement ces situations», affirme l’élu socialiste.
Le président de l’université de Reims a, quant à lui, saisi aujourd’hui le tribunal administratif. Ce dernier devra statuer sur le caractère irrégulier ou non de l’occupation du campus. L’audience se déroulera mercredi à 14 heures. Pour l’instant, la préfecture recense les personnes établies dans ce nouveau camp précaire afin de trouver une solution d’hébergement pour tous. «C’est une procédure compliquée car certains sont des demandeurs d’asile, d’autres non. De plus, on ne peut pas placer pour des raisons de sécurité des hommes seuls dans un centre familial», explique une source de la préfecture. En attendant la décision de justice, les cours sont annulés et la solidarité s’organise sur le campus. Des bénévoles distribuent de la nourriture et des couvertures.