Nos sachets de thé contiennent jusqu’à 17 pesticides et plusieurs traces de métaux
Le magazine a étudié 26 marques de thés noirs et verts, commercialisées en France. Toutes, même les thés bio, contiennent des traces de pesticides et de métaux potentiellement nocifs pour la santé.
C’est l’une des boissons les plus populaires en France, et la deuxième boisson la plus consommée au monde, selon le magazine 60 millions de consommateurs. Deux Français sur trois en consomment régulièrement. Mais le thé, dont la consommation a fortement augmenté en vingt ans dans l’Hexagone et dont les vertus sont souvent encensées, est-il si bénéfique pour la santé ?
Malgré ses bienfaits potentiels contre le cancer, un article de 60 millions de consommateurs révèle que de nombreux sachets de thé commercialisés en France contiennent des résidus de pesticides, de métaux et de toxines – potentiellement cancérogènes. Franceinfo revient sur les principales conclusions de cette enquête, qui cible également des thés bio.
Jusqu’à 17 pesticides, même dans les thés bio
Dans son article, le magazine rappelle que les feuilles de thé ne sont nettoyées ni au cours de leurs récoltes, ni lors de leurs préparations. Une réalité qui favoriserait ainsi la possible présence de pesticides sur les feuilles. 60 millions de consommateurs ne s’est pas trompé : sur les 26 marques de thé passées au crible – 16 thés noirs et 10 thés verts à la menthe – toutes, sans exception, contiennent des pesticides.
Neuf marques de thé sur 26 affichent des « traces à peine quantifiables » de pesticides, précise à franceinfo Patricia Chairopoulos, journaliste à 60 millions de consommateurs et auteure de l’article avec les ingénieurs Farid Bensaïd et Laetitia Flottes de Pouzols. Quatre marques présentent cependant des résultats « très insuffisants » : ils contiennent des traces de pesticides dépassant les limites réglementaires, ou affichent un nombre important de résidus de pesticides, explique la journaliste. Des thés noirs Dammann Frères comptent ainsi jusqu’à 17 traces de pesticides différentes, selon 60 millions de consommateurs.
Deux types de pesticides reviennent le plus souvent dans les échantillons étudiés par le magazine. Il s’agit du folpet, un fongicide, et de l’anthraquinone, un répulsif pour oiseaux, précise Patricia Chairopoulos pour franceinfo. Et les thés bio ne sont pas épargnés : selon l’article, le thé Marque Repère Bio Village contient de l’anthraquinone « en quantité près de quatre fois supérieure à la limite autorisée ».
Il y a des marques de thé noir très répandues qui sont très mal notées. On compte toujours au moins un pesticide, même dans les bio.
Patricia Chairopoulos, journaliste à « 60 millions de consommateurs »à franceinfo
Globalement, les thés bio et les thés verts s’en sortent tout de même mieux. Le thé vert « le plus pollué » contient ainsi « seulement » 10 traces de pesticides différentes, précise l’article. Les thés noirs bio comptent en moyenne 3,4 fois moins de résidus que les thés noirs classiques, et les thés verts bio affichent des quantités de pesticides 2,2 fois inférieures aux autres. Mais aucun thé bio étudié n’est parfaitement épargné, prévient 60 millions de consommateurs.
Des traces de métaux nocifs, comme le mercure ou l’arsenic
Comme pour les pesticides, tous les thés observés « contiennent des résidus de métaux, dont plusieurs sont reconnus nocifs pour la santé », poursuit le magazine. L’article cite notamment l’arsenic, le cadmium et le mercure. Des traces de ce métal ont ainsi été retrouvées dans la moitié des thés verts étudiés. Il est cependant quasiment absent des thés noirs.
Parmi les métaux cités, l’aluminium est celui qui est retrouvé « en plus grande quantité ». Sa présence atteint 1,19 g/kg parmi les thés noirs, et 1,43 g/kg pour les thés verts. « Ils ne sont pas jugés comme dangereux », tempère Patricia Chairopoulos. « Ce sont plutôt des marqueurs de la pollution. Ces métaux viennent du sol, de l’eau », explique la journaliste.
Le potentiel danger des toxines naturelles
60 millions de consommateurs alerte enfin sur la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, des toxines que des plantes produisent naturellement. Plusieurs de ces toxines sont « reconnues cancérogènes », alerte le magazine. Or, « aucune réglementation française ou européenne ne les encadre », prévient-il.
Si six thés noirs présentent très peu de traces de toxines, une marque très connue, Lipton, affiche un « très mauvais résultat » en la matière, selon 60 millions de consommateurs. Cette forte présence de toxines dans le thé noir serait liée, d’après le magazine, « à l’absence de tri de mauvaises herbes lors de la récolte ».
Globalement, « les thés verts s’en sortent mieux sur tous les critères », conclut Patricia Chairopoulos. Et pour les thés noirs ? « Nous sommes sur des pollutions infimes, mais le problème, c’est que le thé se consomme tous les jours, et pendant des années, poursuit-elle. C’est une éventuelle pollution et contamination chronique. »