Entrisme islamiste à l’université : aidez-nous Monsieur Blanquer !
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FIGAROVOX/TRIBUNE – L’invitation d’Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, à l’université de Limoges a été annulée. Cependant, les thèses néo-racistes et islamistes sont de plus en plus présentes au sein de l’université.
Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle avait dénoncé en 2015 le salon de «la femme musulmane» de Pontoise et a récemment publié Silence Coupable (éditions Kero, 2016). Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion de l’indispensable universalité de nos valeurs républicaines.
Pourquoi l’université est-elle une cible privilégiée des islamistes et de leurs faux-nez, les Indigènes de la République?
Si l’Université est aussi massivement investie par les frères musulmans et les militants indigénistes, c’est pour la même raison que Tariq Ramadan, qui n’est pas universitaire, se présente comme professeur à Oxford: le titre universitaire notabilise, renforce et donne autorité tant à l’homme qu’à l’idéologie. C’est une arme de légitimation massive.
C’est ainsi que pour crédibiliser leur idéologie sectaire, la hisser à la hauteur d’un savoir et lui donner les apparences de la science, les islamistes tentent de noyauter le monde universitaire. Le plus grave étant qu’on leur en ouvre les portes. Deux chemins sont en général privilégiés pour favoriser cet entrisme: soit les cursus liés aux discriminations et à la diversité, ce qui fut le cas à Lyon, soit le noyautage se fait par le biais de ce concept à la mode que sont les «études décoloniales». Le but pour ces militants est à la fois de former une élite et de la faire reconnaitre, mais aussi d’investir certains champs de la recherche pour la détourner de son objet et en faire un espace d’endoctrinement et de falsification de l’Histoire.
Le jeu de passe-passe est extrêmement rentable: d’un côté il légitime une idéologie, pourtant inégalitaire, violente et mortifère, et de l’autre la personne qui fait œuvre de propagande devient inattaquable. Même quand ses publications sont médiocres et son travail orienté, il lui suffit de sortir la carte du procès politique et de la police de la pensée à la moindre admonestation ou contestation et ce militantisme devient alors le protecteur de la malhonnêteté intellectuelle. Mieux encore, il pare de l’aura de l’intellectuel engagé celui qui trahit pourtant l’éthique scientifique.
On a donc eu droit au colloque islamiste de Lyon II où la parole militante était présentée comme une parole scientifique dans une confusion des genres sans pareille; à Tariq Ramadan, président d’un jury de thèse à l’Université de Strasbourg; à Sciences-po Aix qui valide une thèse de Nabil Ennasri sur Al Qaradawi, maître à penser des frères musulmans et grand lanceur de fatwa appellant et justifiant le jihad (le tout grâce à un universitaire engagé aux côtés des frères musulmans, jusqu’en participant au «jihad des tribunaux» en tant que témoin de l’UOIF). On a eu droit aussi à la journée du hijab à Sciences-Po Paris et maintenant, en bouquet final, l’Université de Limoges organise une conférence-débat avec Houria Bouteldja. Apportant la légitimité d’une forme de reconnaissance académique à une parole authentiquement raciste, rejetant le métissage et pourfendeuse d’un racisme d’Etat aussi délirant que fantasmé.
Or, inviter Houria Bouteldja à l’Université pour une conférence afin de présenter son livre «Les blancs, les Juifs et nous» est aussi indigne que si le Président de l’Université de Limoges avait proposé à Jean-Marie-Le Pen et à Faurisson une conférence sur les chambres à gaz. Mais rien ne vaut les faits en la matière et un florilège des écrits d’Houria Bouteldja permet de saisir toute la haine que diffuse cette personne dans sa brutalité.
Dans une interview sur le site du parti des indigènes le 26 juin 2015, elle écrit: «l’idéologie selon laquelle les couples mixtes, la rencontre entre deux cultures, c’est beau, est vraiment pourrie». Le 26 janvier 2015, Moins de 20 jours après le massacre de la rédaction de Charlie hebdo: «J’en veux à Charlie Hebdo de nous faire porter collectivement le si lourd fardeau de son inconsistance. (…) Je leur en veux d’avoir vidé la satire de son sens, de l’avoir dirigée contre des opprimés – ce qui est une forme de sadisme – en lieu et place du pouvoir et des puissants – ce qui est une forme de résistance. «Charb a mené sa rédaction à la mort». Terminons par quelques citations tirées de son livre: «Quant à nous, l’antisionisme est notre terre d’asile. Sous son haut patronage, nous résistons à l’intégration par l’antisémitisme tout en poursuivant le combat pour la libération des damnés de la Terre.». Bouteldja y parle aussi de Genet, pas pour son style, mais parce qu’il a salué la victoire d’Hitler sur la France. «Il y a comme une esthétique dans cette indifférence à Hitler. Elle est vision. Fallait-il être poète pour atteindre cette grâce?». Un pot-pourri pour finir: «J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’Islam», «La blanchité est une forteresse, tout blanc est bâtisseur de cette forteresse», «Si une femme noire est violée par un noir, c’est compréhensible qu’elle ne porte pas plainte pour protéger la communauté noire», «Comme chacun sait, la tarlouze n’est pas tout à fait un homme. Ainsi, l’Arabe qui perd sa puissance virile n’est plus un homme.»…
On ne peut pas dire que le discours soit crypté pourtant. Et bien cela n’a pas suffi à alerter la direction de l’université de Limoge. A ce degré d’aveuglement, on se pince sur la qualité des enseignements délivrés dans un tel contexte.
A la multiplication de cas douteux où la parole militante (qui n’est pas illégitime mais doit être remise à sa juste place) est présentée comme une démarche de recherche scientifique au sein même de l’Université, les promoteurs de cet entrisme opposent en général les Libertés Académiques. Comme si la liberté n’était pas avant tout un exercice de responsabilité. Comme si demander que la distinction soit faite entre propagande idéologique et travail universitaire était une atteinte à la liberté, quand elle est au contraire l’exigence qui rend cette liberté opérante.
Nous sommes une fois de plus dans un processus d’inversion du vocabulaire, où le mot Liberté ne sert qu’à légitimer la plus vulgaire propagande. L’état de la sociologie en France, victime de cette dérive du travail scientifique vers la propagande idéologique devrait pourtant nous éclairer. Quant aux universitaires, il serait peut-être temps qu’ils veillent réellement sur les libertés académiques, en exerçant ce devoir de contrôle et d’exigence par les pairs qui seul fait la qualité d’une formation universitaire, quand le service d’une idéologie contient en germe la mort des libertés réelles. Son but est de fabriquer du consentement, là où l’Université porte une exigence de savoir. A confondre les deux démarches, c’est toujours la science et la rigueur que l’on détruit et la propagande que l’on sert. Il est aujourd’hui de l’honneur des universitaires et de l’avenir de l’Université d’en prendre conscience.
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