Une lettre de l’ancien président Ben Ali aux Tunisiens
Le président Ben Ali recevant Condoleeza Rice à Tunis en 2008
De son exil en Arabie saoudite, et à l’occasion du 30ème anniversaire de son accession au pouvoir (7 novembre 1987), l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, « dégagé » en janvier 2011, a adressé cette lettre au peuple tunisien. A lire, même si on n’est pas d’accord avec tout ce qu’il dit :
Chers citoyens, chères citoyennes,
Le complot contre la Tunisie et contre son peuple a commencé il y a de longues années, et il est devenu plus évident lorsque j’ai refusé de donner la base militaire de Bizerte aux États-Unis d’Amérique en 2007, et lorsque j’ai refusé de participer au blocus de la Libye.
Ensuite est venue la visite de Condoleeza Rice à Tunis en 2008. Elle avait proposé que la Tunisie accueille un « centre des droits de l’homme » supervisé par les États-Unis, sous prétexte d’éduquer les jeunes aux concepts et aux normes en matière de droits de l’homme, version américaine.
Ma réponse a été : pourquoi n’ouvrez-vous pas ce Centre en Israël.
Ma réponse l’a tellement choquée qu’elle a immédiatement quitté le palais présidentiel, elle a annulé sa présence au déjeuner qu’on avait préparé en son honneur, et, le jour même, elle a annulé son séjour en Tunisie et elle est partie.
Je vous donne là un aperçu des signes de la conspiration mise en œuvre par les Américains et exécutée par leurs agents et traîtres tunisiens.
Ensuite, nous avons été appelés par des services de renseignement amis, pour nous apprendre qu’il y avait un plan pour un coup d’état contre la Tunisie.
Ils nous ont été appelés à plusieurs reprises pour nous prévenir, y compris une semaine avant que Bouazizi ne se brûle lui-même.
Et à chaque fois, je me suis réuni avec Sériati pour étudier la question, et à chaque fois il me disait que c’est une mauvaise information et que les choses sont sous contrôle.
Je me suis rendu à l’aéroport le matin du 14 janvier 2011 pour y accompagner ma femme et mon fils car ils devaient partir pour le pèlerinage de l’Omra ; c’est alors que les choses se sont gâtées en Tunisie.
J’avais l’intention de retourner au palais quand j’ai été surpris par Sériati qui m’annonçait que ma vie serait en danger si je retourne au palais.
Cette scène se passait à quelques mètres de ma femme et de mon fils.
Me voyant hésiter, il m’a dit qu’une fois que les choses se seraient calmées, je pourrais revenir.
J’ai donc quitté le pays.
Il s’est avéré à l’évidence qu’il était complice du complot. En me basant sur mes sources et mes contacts avec les États et les gouvernements amis, j’ai compris que ceux qui ont planifié le coup d’état étaient un gang composé de Rachid Ammar, Ali Sériati, et Kamal Morjane. Ce dernier était censé me remplacer comme Président de la République.
Les tireurs d’élite ont été la pierre angulaire pour semer la discorde, la confusion, la division et le sang d’innocents. Cela a servi de prétexte pour pousser le peuple à se rebeller contre l’État.
Il s’est avéré que ces snipers étaient des mercenaires travaillant pour la CIA et dirigés par Rachid Ammar.
Il y avait aussi des gangs de tueurs d’Ennahdha qui continuent d’opérer encore aujourd’hui en Tunisie, Ils ont été formés par Rachid Ammar.
Il y avait d’autres mercenaires venant d’un pays voisin, et enfin un certain nombre de mercenaires étrangers dont l’Etat du Qatar a supervisé le financement et les a amenés en Tunisie à partir des États de l’ex-Yougoslavie, et en particulier venant de Bosnie.
Après l’arrivée des détails et des informations qui ont confirmé l’implication du mouvement Ennahdha dans le coup d’état, et qu’un certain nombre de ses jeunes militants ont participé aux tirs contre les citoyens, après qu’ils aient été formés et armés par Rachid Ammar, je me suis rappelé un évènement datant de plusieurs années. Il s’agit de la sortie de prison de Hammadi Jebali, après qu’il eut effectué sa peine.
L’Ambassadeur des États-Unis de Tunisie nous a contactés et nous a fait part de son désir de rendre visite à Hammadi Jebali chez lui, ce qui lui fut accordé.
À l’époque, même si nous avions pu avoir des doutes et des questionnements au sujet de ces relations, nous n’avions jamais pensé que les relations et les contacts entre les dirigeants d’Ennahdha et la CIA avaient atteint ce degré de profondeur.
Le point le plus clair et évident de cette conspiration, c’est que la plupart des innocents qui ont été tués ont été tirés comme des lapins quand j’étais en Arabie Saoudite.
Est-ce que quelqu’un d’entre vous s’est posé la question : qui a donné l’ordre de tirer sur la foule d’innocents ?
Est-ce que vous, vous êtes demandés ce que sont devenus les « snipers » arrêtés ?
La pièce de théâtre s’est poursuivie.
Sous la supervision de Mustapha Kamal Ennạbli, des sommes colossales d’argent ont été déplacées de la Banque Centrale vers le palais présidentiel, pour les photographier et berner la population en prétendant que c’était mon argent.
Après le succès de ce scénario, les dirigeants d’Ennahdha ont été nombreux à prendre la tête de tous les chefs d’accusation contre ma personne.
C’était la surenchère à celui qui mentirait le plus, diffamerait le plus ou passerait pour être la victime la plus souffrante.
Aucun d’entre eux n’a reconnu que c’est moi qui leur ai sauvé la vie. Rached Ghannouchi devait être exécuté le matin du 8 novembre 1987, soit un jour après que j’ai pris en main les choses en Tunisie. Et tout cela, malgré l’insistance du Président Bourguiba pour leur exécution alors qu’il avait été révoqué du pouvoir.
Aujourd’hui, la Tunisie est devenue une pépinière de gangs criminels et de services de renseignement étrangers qui sont contrôlés par les services de renseignement américains.
Récemment un document pour l’implantation d’une base militaire américaine en Tunisie a été signé par Rached Ghannouchi et par Béji Caïd Essebsi.
Le futur vous le prouvera. Il montrera aussi l’immensité de la trahison et de la prosternation dans laquelle végète la Tunisie aujourd’hui. Il reste encore beaucoup à dire.
Avertissement : Publication de cette lettre sans avoir pu en vérifier l’origine exacte, sachant qu’en Arabie l’ancien président Ben Ali est astreint à une obligation de réserve.