Les eurorégions pour dynamiter les États
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La régionalisation pour dynamiter les États
Carte – Europe des ethnies
L’Europe des ethnies dessinée par les waffen SS pendant la deuxième guerre mondiale préfigure l’Europe fédérale des Länder d’aujourd’hui, l’actuelle zone euro qui est en réalité une zone mark.
Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de rechercher un leurre pour tenter de camoufler la volonté nationaliste de domination de l’impérialisme allemand.
L’article ci-dessous montre qu’en se cachant derrière des slogans comme « structures fédérales » ou « davantage de pouvoir pour les régions », l’UE a des visées centralistes. Il s’agit d’aplanir les différences nationales, également dans le système bancaire.
Le principe de régionalisation en Europe va bien au-delà d’une simple réorganisation du vieux continent. En fait, il s’agit d’octroyer des pouvoirs politiques, économiques et financiers aux régions, ces dernières traitant directement avec les instances bruxelloises. Ce phénomène est dû aux volontés politiques allemandes qui ont su insuffler ces mesures dans le cadre de la construction européenne. Comme le rapporte le professeur en sciences politiques, Rudolf Hrbek dans la revue « Documents, revue des questions allemandes » : « Le point de départ de cette nouvelle série d’initiatives fut la résolution de la conférence des ministres-présidents d’octobre 1987 à Munich, où fut fixé comme objectif une Europe aux structures fédérales. Deux ans plus tard, les ministres-présidents des Länder créèrent un groupe de travail de leurs chancelleries d’Etat en lui commandant un rapport sur la position des Länder et des régions face aux développements futurs de l’Union européenne ».
Tous ces travaux ont trouvé leur impulsion grâce à l’action du gouvernement du Land de Basse-Saxe en 1996. A l’époque, dirigé par le ministre-président Gerhard Schröder, le député socialiste du Land de Basse-Saxe, Peter Rabe, est à l’origine de l’élaboration de la recommandation 34 (1997) du CPLRE (Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux d’Europe). C’est ce document qui autorise une recomposition politique de l’Europe. Le principe en lui-même est simple. Il s’agit d’octroyer le maximum de pouvoirs aux régions, celles-ci traitant de plus en plus avec l’Union européenne (UE) aux dépens des Etats. Dans cette construction, l’élément intermédiaire, en l’occurrence l’autorité nationale, est complètement court-circuité. Ce principe poursuit l’objectif de démanteler les Etats au profit d’une Europe des régions, plus exactement d’une Europe des eurorégions. La création de ces dernières consiste à mettre sur pied des entités territoriales rassemblant plusieurs régions de différents pays. C’est le cas de l’eurorégion Alsace/Pays de Bade ou encore Pyrénées/Méditerranée.
Cette politique conduit à déstructurer les Etats européens afin de les broyer. Il va de soi que des pays n’appartenant pas encore à l’UE comme la Suisse doivent tôt ou tard entrer dans la danse. Comme le rapporte René Schwok, titulaire de la Chaire Jean Monnet à l’institut européen de l’université de Genève, la Suisse subit déjà l’attraction de Bruxelles. Il souligne avec satisfaction que les lois suisses sont à près de 50% issues des directives européennes. Cette évolution est logique. En effet, compte tenu de la volonté de créer un bloc européen unifié selon un modèle unique, il s’avère nécessaire de faire rentrer tous les Etats dans le même moule dans tous les domaines. Les attaques du ministre allemand des finances, Peer Steinbruck, à l’égard de la Suisse entrent dans cette volonté de casser le particularisme bancaire suisse afin de mieux l’absorber dans un cadre régi par les mêmes lois.
L’objectif officiel qui consiste à faire la guerre aux paradis fiscaux est le prétexte pour essayer d’abattre un modèle qui échappe aux eurolâtres de Bruxelles. Dans cette volonté d’assujettir le modèle helvétique, Peer Steinbrück se garde bien de condamner la maison mère contrôlant la plupart des paradis fiscaux … la city de Londres. Comme c’est étonnant. Cette caractéristique est à relier à la volonté d’intégrer toute l’Europe à un vaste bloc euro-atlantique.
Dans cette immense restructuration politique, économique et financière, il est nécessaire d’uniformiser l’ensemble. N’oublions pas que des échéances importantes se présentent devant nous : l’effondrement du dollar qui doit être suivi de la création d’une nouvelle monnaie dont le nom n’est pas encore officialisé (amero ou dollar nord-américain). La création d’un bloc nord-américain politique, économique et militaire (North American Union) réunissant Etats-Unis, Canada et Mexique dans le cadre du Partenariat pour la Sécurité et la Prospérité (PSP).
Ce bloc devant s’associer à l’Union européenne afin de constituer une « Union atlantique » pour reprendre l’expression du fondateur de la Paneurope, Richard de Coudenhove-Kalergi, doit impérativement contrôler les dernières niches fiscales et bancaires.
Carte – Eurorégions – Europe
Le régionalisme entraînera la mort de la France
Dans sa récente conférence de presse, le chef de l’État (François Hollande au moment de cet article) avait fait part de sa volonté de diminuer le nombre de régions, tout en augmentant leur taille et leur puissance. Comment recevez-vous ce projet ?
PH : L’idée n’est pas nouvelle. Déjà, en 2009, le rapport Balladur avait lancé un projet similaire. Le président Hollande veut, apparemment, procéder à une refonte des frontières régionales françaises. En dehors de la modification territoriale, il est difficile de savoir quelles compétences nouvelles seront attribuées à ces régions. Pour le moment, aucune information n’a filtré de l’Elysée. On peut, cependant, être sûr que ces blocs régionaux vont acquérir tôt ou tard des prérogatives supplémentaires car c’est la finalité du projet. Suis-je étonné d’une telle annonce … bien sûr que non. Elle n’est que la conséquence d’un long travail fait en amont dans le cadre de l’Union européenne. Celle-ci s’inspire du travail fait en coulisses par l’Allemagne.
Peut-on y voir une tendance à tendre vers le modèle allemand des Länder ?
PH : L’Union européenne est le diffuseur des principes régissant la spiritualité politique allemande : régionalisme ethnique et technocratique dans un cadre fédéral. Le principe régionaliste a toujours été prégnant depuis l’existence de la CEE puis de l’UE. Il a vraiment décollé avec l’adoption du Traité de Maastricht (1992) instituant le principe du fédéralisme. J’explique tout cela d’une manière détaillée dans mon livre « Minorités et régionalismes ». Grâce aux travaux du professeur en science politique, Rudolf Hrbek [1], nous savons que les préparatifs ont vraiment commencé en 1987 :
« Le point de départ de cette nouvelle série d’initiatives fut la résolution de la Conférence des Ministres-Présidents d’octobre 1987 à Munich, où il fut fixé comme objectif « une Europe à structure fédérale ».
« Deux plus tard, les Ministres-Présidents des Länder créèrent un groupe de travail de leurs chancelleries d’Etat en lui commandant un rapport sur la position des Länder et des régions face aux développements futurs de l’Union européenne. Remis aux Ministres-Présidents en mai 1990, ce rapport détaillé, contenant des propositions concrètes pour une révision des traités régissant la Communauté, comprenait quatre points principaux :
√ Introduction du principe de subsidiarité, modèles pour la participation des Länder et des régions aux travaux du Conseil des ministres,
√ Création au plan communautaire d’un Organe spécial,
√ Possibilité pour les Länder et les régions d’intenter en tant que tels des actions auprès de la Cour de Justice européenne.
Ces revendications furent soutenues par deux résolutions : l’une des Ministres-Présidents du 7 juillet 1990 et l’autre du Bundesrat du 24 août 1990.
La résolution du Bundesrat demandait en outre au gouvernement fédéral de faire participer les Länder aux travaux (y compris les travaux préparatoires) de la Conférence gouvernementale et à l’élaboration des positions qui seraient adoptées par les négociateurs allemands. Le gouvernement fédéral répondit favorablement à cette demande des Länder : ce n’est que durant les négociations finales à Maastricht que les chefs d’Etat et de gouvernement restèrent seuls avec les ministres des Affaires étrangères. Dans la phase préparatoire, au contraire, les Länder et le gouvernement fédéral collaborèrent de façon très étroite. »
Tous ces travaux se sont associés à une multitude de rapports et textes en tout genre élaborés au sein d’instituts comme l’Assemblée des Régions Frontalières Européennes (ARFE, institut européen, en fait allemand), l’Assemblée des régions d’Europe (ARE) ou le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Les Commissions de l’ARE et du CPLRE dans les années 1980 et 1990 étaient occupés par des Allemands travaillant en liaison permanente avec des Catalans, des Basques, des Friouls-Vénitiens, des Galiciens ou des Flamands.
Ce travail a permis d’élaborer des mesures favorisant le régionalisme, l’ethnicisme et la promotion de la coopération transfrontalière afin de faire disparaître les frontières étatiques au profit d’eurorégions. Ces dernières ont pour vocation de réunir des régions de part et d’autre des frontières devenues obsolètes. C’est un remodelage complet des structures internes des pays européens qui est en cours.
Ajoutons que le décollage véritable de la régionalisation s’appuie sur la recommandation 34 (1997) du rapporteur allemand Peter Rabe, député du Land de Basse-Saxe, à l’époque dirigé par Gerhard Schröder. C’est ce document qui propulse le principe régionaliste dont la finalité est de donner aux collectivités régionales un poids économique, fiscal, administratif, etc. complet en contournant l’autorité nationale au profit d’un dialogue direct avec Bruxelles et ses lobbies. Si le processus va à son terme, c’est la mort de la France comme de tous les États européens. Dans cette affaire, François Hollande et ses ministres ne font que suivre une feuille de route élaborée depuis longtemps.
« C’est le retour de baronnies dans le cadre d’un Saint-Empire romain germanique élargi à l’échelle de l’Europe. »
Pierre Hillard
Enfin, peut-on parler, comme l’évoquait l’un de nos contributeurs récemment, d’un retour à la féodalité dicté par Bruxelles ?
PH : C’est exactement cela. C’est le retour de baronnies dans le cadre d’un Saint-Empire romain germanique élargi à l’échelle de l’Europe. Nous avons et nous aurons de plus en plus des potentats locaux qui seront cajolés par les lobbies et toutes les représentations étrangères planétaires présents à Bruxelles. On imagine sans peine les magouilles en tout genre. D’autant plus que la Commission européenne saura jouer des rivalités entre régions pour abaisser les protections sociales. C’est la région dite « la plus compétitive » qui sera la mieux vue. Déjà, on évoque des smics régionaux.
Il va de soi aussi que les remboursements médicaux ou soins dentaires seront tirés vers le bas dans le cadre d’un mondialisme œuvrant en faveur d’une gouvernance mondiale. N’oublions pas que le processus de régionalisation va de pair avec l’instauration d’un marché transatlantique. C’est lié. Il faut détruire les Etats pour laisser la place à une multitude de régions qui n’offriront aucune résistance aux produits et aux normes venant d’outre-Atlantique.
Si le président Bill Clinton, recevant en 2000 la plus haute distinction euro-fédéraliste, le Prix Charlemagne, a prôné la régionalisation de l’Europe, ce n’est sûrement pas l’effet du hasard. Nous sommes engagés dans une spirale. Malheureusement, les Français dans leur grande majorité n’ont pas compris la finalité de cette politique. Sauf miracle (et j’y crois), il ne faut pas oublier l’enseignement de l’histoire qui rappelle que la nature élimine les êtres et les États qui ne perçoivent pas les dangers mortels.
Pierre Hillard
Carte – Régionalisation – France
Bonus historique
Carte de la France révolutionnaire franc-maçonne en damiers (1789)
« Châssis figuratif du territoire de la France partagé en divisions égales entre elles », proposition annexée au rapport du 29 septembre 1789 à l’Assemblée nationale de la commission dite « Sieyès-Thouret »
via Les eurorégions pour dynamiter les États – Aphadolie