Je commémore ce jour de deuil pour la liberté de la presse en France par cette demande de publication d’un droit de réponse :
Droit de réponse d’Étienne Chouard aux allégations mensongères du journal Le Monde sur son prétendu « Décodex »
Le Monde me fait l’immense honneur de se pencher sur mes travaux, que je mène depuis plus de dix ans, sur le gouvernement représentatif, sur les critères de la démocratie, sur le processus constituant nécessairement populaire, sur le tirage au sort en politique et sur la souveraineté monétaire et politique, pour qu’advienne enfin une vraie liberté, une vraie égalité et une vraie fraternité au sein des peuples et entre les peuples du monde entier.
Son intérêt est cependant tout relatif en ce qu’il s’accompagne d’une mise à l’index d’écrits qu’il n’a probablement jamais consultés.
C’est ainsi que mes deux pages etienne.chouard.free.fr et chouard.org (Blog du Plan C) ont été classées parmi les sites peu fiables par le tristement célèbre DÉCODEX, fruit bizarre d’accords financiers entre le quotidien français et de grands groupes américains du type Google (Cf. Le Monde, « Google finance de plus en plus l’innovation dans les médias français », édition du 17 novembre 2016, annonçant la création d’un « futur service de démontage des rumeurs »).
Le motif avancé ? « la diffusion des théories sur un prétendu « nouvel ordre mondial » sans preuve ni vérification » (sic).
Pourtant, aucune des trois « enquêtes » mentionnées en dessous dudit classement ne fait état d’un quelconque écrit par lequel j’affirmerais l’existence d’un prétendu « nouvel ordre mondial ».
Ni l’article de l’Express du 17 novembre 2014, ni celui des Inrockuptibles du 23 novembre 2014, ni celui de l’Obs du 26 mars 2012, tous trois cités comme sources du DÉCODEX, n’autorisent le jugement péremptoire, malveillant, définitif, des journalistes du Monde sur ma personne et mes idées.
« Décodex », usine à « fake news »
Au surplus, l’emploi de l’expression « nouvel ordre mondial » pourrait-il seulement justifier ladite mise à l’index quand on sait qu’elle est communément employée tant par Le Monde lui-même — qui l’évoque dans des milliers (!) de pages (source) — que par d’éminentes personnalités intellectuelles ou politiques (Kissinger, Attali, Sarkozy, George Bush père, etc.) ?
Le seul point commun de ces trois « enquêtes », d’inégales factures, est la richesse immense des propriétaires des médias qui les ont publiées, soit précisément les personnes qui peuvent légitimement se considérer menacées par les thèses politiques profondément populaires que je défends avec ardeur.
La haine que le DÉCODEX exprime est celle des riches contre le peuple compris dans sa définition concrète, réelle et prolétaire, qui est à l’origine des grèves et des révolutions.
Je défends principalement une idée originale et puissante d’auto-émancipation des peuples par rapport à leurs exploiteurs, à travers des ateliers constituants populaires : je prétends que ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, ce n’est pas aux professionnels de la politique d’écrire ou de réviser la constitution.
Seuls les citoyens sont légitimes et capables pour rédiger, pour réviser et pour protéger une constitution digne de ce nom.
L’enjeu sociétal majeur de cette idée est de retirer aux plus riches le contrôle politique des sociétés humaines, 1) en remplaçant le faux « suffrage universel » (élire des maîtres parmi des candidats que les riches peuvent aider) par un vrai suffrage universel (voter les lois), et 2) en contrôlant sévèrement les cinq pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire, monétaire et médiatique) par des Chambres de contrôles tirées au sort.
Il est notamment une idée puissante que je défends de toutes mes forces et qui déplaît peut-être souverainement aux richissimes propriétaires du Monde (et qui expliquerait peut-être la campagne de dénigrement que je subis depuis le grand succès de la courte vidéo de mon passage à Ce soir ou jamais au début septembre 2014, plus de 35 millions de vues sur Facebook, vidéo dans laquelle je dénonce précisément l’achat des journaux par des milliardaires pour gagner les élections et nous imposer leur droit), ce qui défrise peut-être les subordonnés des riches propriétaires du Monde, donc, c’est cette idée que l’information du peuple ne devrait jamais pouvoir être appropriée par personne et qu’une constitution digne de ce nom prévoirait assurément que tout journal doit appartenir à ses journalistes et ne peut en aucun cas être acheté comme une marchandise (que ce soit par une entreprise ou par un particulier).
Le dénigrement, qui est l’âme de ce DÉCODEX, ridicule entreprise de censure animée par des journalistes quelque peu fatigués par avance des enquêtes qu’ils n’ont pas commencées, exprime le véritable but poursuivi qui n’est ni la vérité ni l’information du public : il s’agit de discréditer une opinion politique en la déclarant non fiable sans même l’avoir jamais discutée.
Étienne CHOUARD.
Pour résumer, le journal d’information dit « de référence », Le Monde, une fois annexé par trois milliardaires, laisse tranquille ses faux « concurrents » (qui sont plus des complices que des concurrents depuis qu’ils ont été achetés eux aussi par les mêmes milliardaires), et dénigre gravement ses principaux concurrents (les journalistes amateurs, indépendants), ce qui est à la fois déloyal et illégal.
1) Personnellement, je ne parle JAMAIS de « nouvel ordre mondial » : ce n’est pas mon sujet et ce n’est pas mon approche de l’injustice sur terre. Les commentateurs de mon blog peuvent parfois l’évoquer (et alors ?), mais moi jamais.
2) Le Monde lui-même ne prouve pas (et ne vérifie pas davantage) ses propres allégations :
a) d’une part, les trois articles qu’il cite comme « preuves » de son mensonge sont issus de journaux qui appartiennent aux mêmes milliardaires que Le Monde, et
b) d’autre part, ces trois articles n’utilisent même pas l’expression incriminée (« nouvel ordre mondial »)… Ces prétendues « preuves » sont donc complètement « bidons ».
3) Le Monde évoque lui-même ce « nouvel ordre mondial », qu’il interdit aux autres d’évoquer, dans des milliers de ses pages.
Conformément aux lois contre la calomnie, je demande donc au journal Le Monde d’afficher sur sa page diffamatoire (permanente) du prétendu Décodex un droit de réponse (permanent), sous la forme résumée suivante :
Droit de réponse d’Étienne Chouard aux allégations mensongères du journal Le Monde sur son prétendu « Décodex » : http://chouard.org/blog/2018/02/01/droit-de-reponse-d-etienne-chouard-aux-allegations-mensongeres-du-journal-le-monde-sur-son-pretendu-decodex-2/
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10155993832667317
Je ne suis pas le seul à entretenir la mémoire des luttes avec cet anniversaire pourri 🙂
[Bon anniversaire !] Plainte contre le Décodex, par Olivier Berruyer (les-crises.fr):
https://www.les-crises.fr/bon-anniversaire-plainte-contre-le-decodex/
Olivier Berruyer : « C’est donc le 1er février 2017 que le journal Le Monde a lancé son “Décodex”, énorme opération de dénigrement de ses concurrents.
Cette opération a entraîné une énorme vague de diffamations à notre encontre, que nous avons dû gérer durant l’année 2017.
Nous profitons donc du premier anniversaire du Décodex pour vous dévoiler la plainte (enfin, plus précisément, l’assignation – de 65 pages… Formidable travail de Maître Jérémie Assous et de son équipe) que nous allons déposer dans les prochains jours auprès du Tribunal de Grande Instance.
[Télécharger la plainte en pdf]
Je propose aussi aux lecteurs avocats et juristes qui auraient des commentaires, conseils ou suggestions d’amélioration sur tel ou tel point de cette plainte et souhaiteraient nous en faire part (bénévolement 🙂 ) de nous les envoyer via le formulaire de contact de ce blog.
Enfin, si vous souhaitez soutenir financièrement (sans déduction fiscale) cette action judiciaire, vous pouvez réaliser un paiement ici.
Merci enfin à toutes et à tous pour le soutien de la communauté des lecteurs tout au long de l’année passée – cela a vraiment fait du bien à toute l’équipe ! »
Olivier Berruyer.
P.S. Les sommes éventuellement récupérées au terme de cette procédure seront bien évidemment réinvesties dans ce site, afin de participer à une meilleure information du public.
P.P.S J’ai une pensée pour le regretté Robert Parry, qui m’avait soutenu durant cette période difficile, résumant fort bien la situation :
“Olivier, si tu prépares une histoire détaillée sur ton problème [avec le Décodex] — avec l’explication du Monde sur la façon dont ils ont compilé ces listes absurdes […] — je serai heureux de le publier dans Consortiumnews. Il n’y a guère de doute que la campagne contre les “fake news” est devenue une couverture pour attaquer les sites Web sérieux qui ne suivent pas la ligne de propagande sur des sujets sensibles comme l’Ukraine et la Syrie. Les médias mainstream sont bien sûr le cas classique des personnes voyant la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre dans le leur. Mais ils excusent leurs propres erreurs factuelles comme étant de simples erreurs innocentes. Cependant, si quelqu’un d’autre fait une erreur similaire, cela devient une “fake news“. […] Si les médias grand public avaient disposé de telles listes [de proscription] en 2003, ils nous auraient mis sur la liste noire des propagateurs de “fake news” pour avoir remis en question la certitude de la présence d’Armes de Destruction Massives en Irak. Mais je pense que la seule chose que nous pouvons faire en réponse, c’est de continuer à travailler et à faire du bon journalisme, aussi douloureux que cela puisse être de figurer sur de telles listes orwelliennes.” [Robert Parry, 02/2017]
Source : https://www.les-crises.fr/bon-anniversaire-plainte-contre-le-decodex/