Des substances cancérogènes relevées dans des biscuits pour bébés

De l’acrylamide, une substance classée comme «cancérogène probable» par l’OMS, a été retrouvée, en quantité supérieure au seuil recommandé par les autorités sanitaires, dans des biscuits commercialisés par Nestlé.

Après les couches toxiques, les biscuits cancérogènes? «Plusieurs biscuits pour enfants en bas âge commercialisés en France contiennent des teneurs élevées en acrylamide», une substance classée comme cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé, affirment, dans un communiqué commun publié jeudi la fondation Changing Markets, le rassemblement de consommateur SumOfus et l’ONG environnementale Wecf. Trois marques de gâteaux sont citées: les «P’tit Biscuit texture croquante et fondante» de marque Nestlé destinés aux enfants de plus de 12 mois, «Mes 1ers Biscuits Orange» de Picot (Lactalis), et les «biscuits junior aux pépites de chocolat» de marque Carrefour.

D’après une analyse, effectuée sur 25 types de biscuits pour jeunes enfants, commandée par la fondation Changing Markets, ces gâteaux présentent des taux d’acrylamide proches ou supérieurs au taux recommandé. La valeur maximale recommandée au niveau européen pour les biscuits pour enfants en bas âge a été fixée par l’OMS à 200 microgrammes d’acrylamide par kilo. Or, dans les biscuits de chez Nestlé ce seuil est dépassé: 226,1 microgrammes d’acrylamide par kg ont été relevés. Dans les gâteaux Picot, le seuil toléré est quasi atteint, avec 198,3 microgrammes par kg relevés. Enfin, ceux de la marque Carrefour contiennent, d’après l’analyse, 192 microgrammes d’acrylamide par kg. Tous les autres produits analysés, y compris d’autres biscuits des trois marques incriminées, sont largement en-dessous de ce seuil (moins de 30 à 135,5 microgrammes).

Picot a précisé vendredi au Figaro «qu’il n’existe pas, en Europe, de limite légale faisant référence pour la conformité ou la non-conformité des produits», le seuil de 200 microgrammes étant indicatif. «Nous avons décidé de relancer des analyses sur nos produits pour confirmer ou non le résultat annoncé. Nous continuerons de toute façon à optimiser nos process pour minimiser ce critère au maximum de ce qui est possible.»

«Pas de risques pour la santé»

Jeudi soir, la direction de Nestlé France a fait part de «sa grande surprise à la vue de ces résultats» auprès de l’AFP. «Nous faisons effectuer des mesures régulières par des laboratoires indépendants et nous sommes très significativement en dessous des indicateurs européens», a déclaré Pierre-Alexandre Teulié, un des directeurs généraux de Nestlé France qui cherche à comprendre comment les associations «en sont arrivées à ces résultats».

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Vendredi, Nestlé a mis en avant les résultats d’analyses menées «par des laboratoires indépendants» et qui ont démontré «que les taux d’acrylamide dans [leurs] biscuits pour bébé sont significativement inférieurs à la valeur indicative européenne». La marque en conclut que «les biscuits à destination des bébés sous la marque P’tit Biscuit ne présentent pas de risque pour la santé et peuvent être consommés en toute sécurité».

De son côté, Carrefour rappelle que ses «produits sont conformes à la règlementation européenne et en-dessous des seuils préconisés». Par mesure de précaution, cependant, le distributeur a retiré le produit incriminé dès rayons dès hier soir afin de procéder à des analyses.

Une substance qui se forme à la cuisson

L’acrylamide est une substance chimique qui se forme naturellement dans les aliments riches en amidon au cours des processus de cuisson à haute température, notamment la friture, la cuisson au four, le rôtissage mais aussi la transformation industrielle à plus de 120° C et à faible humidité, d’après la définition donnée par l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité alimentaire. On retrouve cette substance dans des produits tels que les chips de pomme de terre, les frites, le pain, les biscuits ou encore le café. L’acrylamide a été détecté pour la première fois dans des aliments en avril 2002, mais il est probable qu’il ait été présent depuis que l’homme cuit ses aliments.

En septembre, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), avait épinglé dans un rapport la présence de neuf polluants à des niveaux préoccupants dans l’alimentation des jeunes enfants, dont l’acrylamide. Un projet de réglementation sur cette substance est en cours de discussion entre la Commission européenne et les États membres, et doit faire l’objet d’un vote en mars. Mais c’est encore insuffisant estiment les trois organisations. Ce projet de réglementation européen «ne contient pas de limites contraignantes (…) et conserve des recommandations de teneurs trop élevées par rapport à ce qui peut être mis en œuvre par les industriels» estiment Changing Markets, SumOfus et Wecf qui réclament «un nouveau protocole qui comprend des limites contraignantes en deçà des limites actuelles».

 

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