Le « journaliste » Samuel Laurent est responsable de la rubrique « Les Décodeurs » du Monde, mais on peut constater que ses opérations de désintox ne s’y limitent pas pour autant. Il existe un autre front plus réactif (pour ne pas dire réactionnaire) : Twitter. Parfois effrayé à l’idée de mentionner le nom d’Égalité & Réconciliation [1], M. Laurent est beaucoup plus prompt à attaquer la Manif pour Tous [2], suspectée de diffuser de « fausses informations » sur l’éducation à la sexualité promue par le gouvernement [3]. Mauvaise foi et manipulation sont au cœur de sa démarche.
L’argumentaire de Samuel Laurent commence très fort. La Manif pour Tous (ci-après LMPT) incriminerait le ministère de l’Éducation nationale, alors que le site en question (http://www.onsexprime.fr/) serait une création de l’INPES, une agence publique du ministère de la Santé. Problème : le tweet de la Manif pour Tous mentionne clairement « #gouv #PS », autrement dit le gouvernement du Parti socialiste, sans qu’il n’y ait une quelconque mention d’un ministère (on se demande toutefois ce que le ministère de la Santé fabrique avec notre argent…). M. Samuel Laurent commence ainsi avec une manipulation, prétendant apporter une correction à une erreur qui n’existe pas. Mais une telle tactique lui permet de séduire les moins attentifs et de ridiculiser LMPT, le tout sans avoir à fournir un réel argument.
Dans tous les cas, nous recommandons de suivre l’argument de Samuel et de vérifier qui a fourni le contenu du site. Pour ce faire, il suffit simplement de consulter la rubrique « Qui sommes-nous ? » du site [4]. Parmi les participants, on trouve le Planning familial, diverses associations ou organismes portant sur l’éducation, le SIDA, l’identité de genre (Ligne Azur), mais aussi… « l’Éducation nationale ».
Une digression importante s’impose en ce qui concerne la Ligne Azur. Il convient de rappeler un article E&R paru en octobre 2014 et intitulé « Ligne Azur : le Conseil d’État déclare illégale la lettre de Vincent Peillon ». Extrait :
En l’espèce, le Conseil d’État relève que le site internet de la « Ligne azur », vers lequel la campagne d’information renvoyait, présentait l’usage de drogues comme « susceptible de faire tomber les inhibitions » et comme « purement associé à des moments festifs » sans mentionner l’illégalité de cette pratique, définissait la pédophilie comme une « attirance sexuelle pour les enfants » sans faire état du caractère pénalement répréhensible des atteintes ou agressions sur mineurs, et renvoyait à une brochure, intitulée « Tomber la culotte », qui incitait à pratiquer l’insémination artificielle selon des modalités interdites par l’article 511-12 du code pénal.
Ensuite, il se trouve que le site « onSEXprime » est destiné aux lycéens. Certes, on ne peut le nier, puisque le message s’adresse de manière générale aux « adolescents ». Pourtant, cela n’explique pas l’utilisation de figurines s’envoyant en l’air. Pas moins de dix-sept figurines sont disponibles sur le site [5]. On peut les imprimer, les découper et les coller, afin de promouvoir un apprentissage ludique et interactif des positions sexuelles. La nature de cette activité montre que le site cible aussi les plus jeunes. Le ton des articles est également plus qu’enfantin, tout en abordant des sujets crus.
Quant à l’âge médian de la première relation sexuelle, il n’est pas risqué d’affirmer qu’une telle statistique est plus que difficile à établir. Jusqu’à nouvel ordre, il n’y a pas de possibilité de surveiller chaque individu dans sa vie intime. La rigueur des méthodes employées pour de telles études n’a eu de cesse d’être remise en question [6]. Dans tous les cas, une prévention devant s’adresser aux jeunes a objectivement peu à voir avec l’exploration de la sexualité pornographique sous toutes ses facettes (sauf si le jeune souhaite se lancer dans la fistinière, évidemment… [7]).
Le site daterait de 2012 et la Manif pour Tous l’aurait seulement découvert en 2017 ? Faux. Premièrement, le site a été créé en 2009 [8]. Bien sûr, cela n’arrange pas forcément la crédibilité de LMPT (qui n’existait pas à l’époque, il faut dire…). Mais si nous le précisons, c’est surtout pour rappeler que ce genre d’initiatives n’est pas propre au PS. Sous l’UMP, les fondations étaient déjà posées. Deuxièmement, si la Manif pour Tous a repris la critique de ce site, c’est justement parce que, depuis fin 2016, l’Agence nationale de santé publique a remis en avant ce dispositif en encourageant sa promotion au sein de l’Éducation nationale [9].
Malgré ses erreurs ou tromperies (disons qu’on lui laisse le bénéfice du doute…), Samuel Laurent n’hésite pas à monter sur ses grands chevaux, en parlant d’instrumentalisation, de mensonges et de pollution du débat. Comme depuis de nombreux mois déjà, les « fact-checkeurs » mêlent inversion accusatoire, condescendance, mensonges par omission et sophismes.
Ici, Samuel le pourfendeur de « fake news » nous révèle que le site « École & Sexe » (http://ecoleetsexe.fr/) est en réalité une émanation de LMPT. Après enquête (il a pris la peine d’aller chercher le registre du nom de domaine du site sur Internet), il s’agirait d’une usurpation d’identité, le site n’appartient pas au ministère de l’Éducation nationale… Encore une manipulation (de Samuel Laurent).
En effet, encore une fois, jamais la Manif pour Tous n’a proféré ce dont M. Laurent l’accuse. Le tweet n’a pas prétendu qu’« École & Sexe » était un site officiel du gouvernement. En revanche, les propos cités (« Levrette, cunnilingus, missionnaire ou bateau ivre… ») et les images (figurines de lapins humanoïdes se chevauchant dans diverses positions sexuelles) sont directement issus du site gouvernemental « onSEXprime », évoqué précédemment.
C’est justement là que le bât blesse, pour M. Laurent. Car la simple consultation d’« École & Sexe » montre plusieurs choses.
Premièrement, le site est clairement critique à l’égard de l’Éducation nationale. Il propose en guise d’introduction une vidéo qui dénonce explicitement l’éducation à la sexualité à l’école et qui est hébergée sur la chaîne YouTube de la Manif pour Tous [10]. La consultation des mentions légales du site « École & Sexe » montre clairement que son propriétaire est la Manif pour Tous [11]. Le site officiel de la Manif pour Tous a également présenté son nouvel outil via un communiqué de presse en février 2017 [12]. D’autres articles de LMPT revendiquent également les liens de l’association avec « École & Sexe » [13] [14] [15]. Bref, vous l’aurez compris, la petite « enquête » de Samuel Laurent sur le nom de domaine, afin de prouver la « manipulation » de la Manif pour Tous, ne séduira que les naïfs – followers de son fil Twitter et autres auxiliaires féministes alogiques [16]…
Deuxièmement, et c’est peut-être le plus important, le contenu du site est fait uniquement de documents officiels ayant trait à l’éducation aux perversions sexuelles. Parmi les diverses sources des documents, on compte l’Éducation nationale, son réseau Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogiques), l’OMS et enfin le fameux site Onsexprime.fr dont nous avons parlé à plusieurs reprises, sans parler de toutes les autres brochures plus ou moins gouvernementales ou associatives.
Le site « École & Sexe » s’oppose clairement à tout ce contenu. Il n’y a pas de manipulation. Juste des faits relayés objectivement.
M. Laurent poursuit sur sa lancée, toujours avec ses mêmes accusations infondées. Il n’a apporté aucune preuve et a accumulé les mensonges et manipulations, mais cela ne semble pas l’inquiéter. Théorie du complot et facho constituent ses derniers « arguments ». La comparaison entre les sites de la Manif pour Tous et les sites critiques à l’égard de l’avortement (aujourd’hui menacés par la loi) laisse à penser que Samuel Laurent espère qu’une « police de la pensée » pourra potentiellement faire taire la Manif pour Tous définitivement. Ceci permettrait d’éviter « de faux débats ».
Bref, ils nous refont le coup du djendeur. Ils ont compilé tout et n’importe quoi pour fabriquer un « monstre » qui n’existe en fait pas.
Cette compilation de « tout et n’importe quoi » qui forme un « monstre », non seulement elle existe sous la forme de documents officiels, mais tu travailles pour elle, Samuel.