Présent pour la première rencontre entre les protestants et les candidats à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a répondu à Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, sur les questions de politique migratoire.
Geneviève Jacques, présidente de la Cimade : Quel message entendez-vous porter sur les questions de politique migratoire ? Quelle politique entendez-vous impulser pour sécuriser les droits des personnes étrangères qui vivent en France et favoriser leur contribution à la vie de notre société plurielle ?
Emmanuel Macron : Il faut regarder les faits. Contrairement à ce que certains disent, nous ne sommes pas aujourd’hui confrontés à une vague d’immigration. Un peu plus de 200 000 titres de séjour ont été octroyés l’année dernière, ce n’est pas un tsunami que nous ne saurions freiner.
Les composantes de ce mouvement migratoire sont multiples. Elles sont, en premier lieu, le résultat du regroupement familial. Cette pratique demeure marginale et doit être préservée, contrairement, une fois encore, à ce que préconisent nombre de dirigeants politiques (pas seulement ceux d’extrême droite), qui voudraient que nous manquions à la fois à nos valeurs et à nos engagements européens, notamment à la Convention européenne des droits de l’homme.
Ces mouvements migratoires comptent aussi des étudiants, des demandeurs d’asile, dont le nombre a certes un peu augmenté mais dans des proportions qui n’ont rien de comparable à ce que l’on constate chez nos voisins. Le sujet de l’immigration ne devrait donc pas inquiéter la population française. Pourtant…
Pourquoi fait-il débat ? Parce qu’il est source à la fois de confusions, de malentendus, d’une forme d’inquiétude ou, comme le diraient certains auteurs, d’insécurité culturelle. Mais les racines d’un tel sentiment résident dans la question de l’intégration, pas dans le fait migratoire. Pour éclairer ce point, nous devons rappeler que l’immigration fait partie du monde dans lequel nous vivons. Toutes les démocraties connaissent aujourd’hui cette réalité.
Ces mouvements vont aller croissants parce que les incertitudes géopolitiques, les déstabilisations climatiques, vont continuer à toucher des régions qui sont très proches de la nôtre. Nous ne devons pas mentir à nos concitoyens : l’immigration n’est pas quelque chose dont nous pourrions nous départir. De surcroît, l’immigration se révèle une chance d’un point économique, culturel, social. Dans toutes les théories de la croissance, elle fait partie des déterminants positifs. Mais à condition de savoir la prendre en charge. Quand on sait les intégrer, les former, les femmes et les hommes renouvellent notre société, lui donnent une impulsion nouvelle, des élans d’inventivité, d’innovation.
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