«Hommes blancs de plus de 50 ans» : plainte contre Nyssen pour des propos «racistes et sexistes»
L’Organisation de lutte contre le racisme anti-blanc porte plainte contre le ministre de la Culture pour avoir apporté son soutien à la présidente de France Télévisions qui estimait trop nombreux les «hommes blancs de plus de 50 ans» dans les médias.
Le soutien affiché par la ministre de la Culture Françoise Nyssen à Delphine Ernotte, qui, prenant la tête de France Télévisions en 2015, avait jugé trop nombreux les «hommes blancs de plus de 50 ans» à la télévision française, ne plaît visiblement pas à tout le monde.
L’Organisation de lutte contre le racisme anti-blanc (OLRA) a annoncé ce 3 juillet avoir confié l’affaire à l’avocat Gilles-William Goldnadel pour le dépôt d’une plainte devant les tribunaux. Accusant dans un communiqué Françoise Nyssen d’avoir prononcé l’expression de «mâle blanc», l’association dénonce un principe d’exclusion «raciste et sexiste». L’organisation déclare : «Parce que nous ne saurions tolérer l’emploi de l’expression « femelles noires » par un Ministre de la République, le terme « mâles blancs » doit être également et aussi fermement condamné.»
Contacté par RT France, l’avocat Gilles-William Goldnadel a commenté : «Quel est le principe qui ferait que seuls les Blancs n’auraient pas le droit de se défendre contre les discriminations ? Poser la question, c’est y répondre : dans le creux de cette interrogation se niche un racisme anti-blanc d’autant plus insidieux qu’il est interdit de l’évoquer. En vérité, dès qu’il s’agit des Blancs, tout est permis, y compris la discrimination et la ségrégation.»
«Mâles blancs» ou «hommes blancs» ?
Mais la ministre a-t-elle réellement utilisé l’expression «mâles blancs» ? Lors de la présentation de ses propositions pour «transformer l’audiovisuel public» le 4 juin 2018, le ministre avait déclaré : «Delphine, tu as dû te sentir bien seule lorsque tu portais un constat à la fois évident et courageux. « L’homme blanc de plus de 50 ans », vous vous en souvenez. Tu n’es plus seule. Je porterai cette exigence avec autant de passion qu’au sein de mon ministère. Je n’aurai pas de tabou.»
Pas de «mâles blancs» donc dans les propos de la ministre. On ne retrouve pas non plus cette expression dans les propos de Delphine Ernotte auxquels elle se réfère, qui évoquait dans une interview avec Jean-Pierre Elkabach les «hommes blancs de plus de 50 ans».
Interpellé à ce sujet par RT France, Gilles-William Goldnadel a affirmé que seuls les termes exacts utilisés par la ministre feraient l’objet de la plainte et que cette dernière pourrait dès lors uniquement porter sur la «discrimination raciale et non pas [sur le caractère] sexiste» des propos. En effet, selon l’avocat, «la ministre pourra[it] se protéger en disant considérer le terme homme dans son acception générale».
L’expression «mâles blancs» avait en revanche été utilisée par le président de la République Emmanuel Macron le 22 mai dans une déclaration prononcée pour commenter un rapport sur la banlieue remis par l’ancien ministre de la Ville Jean-Louis Borloo, que le chef de l’Etat jugeait trop cher. A cette occasion, le président avait déclaré : «Cela n’aurait aucun sens que deux mâles blancs qui ne viennent pas de ces quartiers proposent un plan.»
Ces propos ne feront pourtant pas pour l’instant l’objet d’une plainte, car comme le rappelle Gilles-William Goldnadel, «Emmanuel Macron est couvert par l’immunité présidentielle durant son mandat». Mais pour l’avocat, Françoise Nyssen a la «même idéologie» que le président de la République : «Si une ministre de la République avait dit qu’il y avait trop de mâles noirs à la télévision, mon imagination est impuissante pour vous décrire quelle aurait été la réaction politique, médiatique, des organisations antiracistes, etc.» L’avocat s’interroge également sur le sens de la diversité prônée par la ministre. «Il ne s’agissait pas d’une éternelle supplique à la pluralité mais c’était plutôt une demande de voir moins de gens d’une certaine couleur. Qu’est-ce que c’est que cette comptabilité sordide ?», s’est insurgé l’avocat, avant de conclure : «Va-t-on compter aussi les Juifs, les Catholiques, les Chinois ? Où est-ce que ça se termine ?»
L’OLRA, association créée fin 2017, a pour but de «faire reconnaître [le racisme anti-blanc] en lui donnant une tribune et une visibilité». Un racisme qui serait selon l’association «un problème d’envergure nationale».