Hong Kong Fou Fou ! Avec une bonne dose d’hypocrisie par-dessus

Par George Galloway
Paru sur RT sous le titre Hong Kong phooey! Would you like any hypocrisy with that?


Par où commencer ? Depuis près de quarante semaines, des centaines de milliers de Français descendent dans la rue pour manifester contre le gouvernement du président Emmanuel Macron.

Certains ont perdu des yeux et des mains à cause des interventions de la police. Le public a commencé à considérer l’odeur des gaz lacrymogènes comme une caractéristique normale des week-ends à Paris. La France est à 47 kilomètres des côtes anglaises. Siri vient de me dire que « Hong Kong est à 9643, 189 kilomètres de Londres à vol d’oiseau. »

Le black-out des médias britanniques sur les Gilets jaunes a été si complet que beaucoup pensent, à tort, qu’un décret du gouvernement britannique interdit toute mention des « événements en France ». La vérité, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’en avoir un.

Comme un pigeon voyageur à l’envers ou une chauve-souris tout droit sortie de l’enfer, les médias britanniques se sont envolés à tire-d’ailes loin de la France, vers Hong Kong (comme ils l’avaient déjà fait vers Caracas, jusqu’à ce que les belles manifestations se transforment en de manifestations laides [pro-Maduro, NdT].

Il n’y a rien, à part la pointure de leurs chaussures, des manifestants de Hong Kong que je ne connaisse pas grâce au véritable blizzard d’analyses en profondeur des manifestants qui s’y trouvent et de leurs demandes.

Pendant ce temps, des manifestants en Arabie Saoudite et au Bahreïn peuvent bien être exécutés [ou des Gilets jaunes français éborgnés, NdT], on ne nous dira jamais même leur nom.

Et l’hypocrisie des médias n’est que le début.

Si un groupe de manifestants britanniques entrait par effraction dans le Parlement britannique et accrochait, pour le plaisir de se distinguer, un drapeau russe sur la chaise du Président, il est « fort probable » qu’une force commando les materait rapidement et violemment et les arrêterait, le tout en l’accompagnant de volées d’accusations d’ingérence russe.

Si une foule de manifestants britanniques occupait l’aéroport d’Heathrow en si grand nombre et de manière si perturbatrice que la British Airways devait annuler ses vols, causant des pertes financières massives, une dislocation de l’organisation et une foule d’autres inconvénients, je vous garantis que leur manifestation aurait été évacuée de force par les commandos mentionnés ci-dessus, dès le tout premier jour des manifestations.

Si des manifestants à Londres hissaient des drapeaux chinois et chantaient l’hymne national chinois, eh bien, je suis sûr qu’il n’y a pas besoin de vous faire un dessin.

La lutte entre le gouvernement chinois et ses citoyens n’est pas plus l’affaire des Britanniques que celle des Slovaques. Il est vrai que Hong Kong a été une colonie britannique pendant 150 ans, mais moins on en dira sur la façon honteuse dont c’est arrivé, mieux ça vaudra, je vous le dis en toute franchise. *

Qu’il suffise de dire que l’acquisition de territoires par la force, en la faisant suivre de traités inégaux imposés à la canonnière pour punir les propriétaires réels des territoires d’avoir refusé le commerce de l’opium britannique, est, même selon les normes impériales britanniques, extraordinaire. C’est tellement honteux qu’on pourrait penser que les Britanniques voudraient tirer le rideau sur tout cela. Mais ce n’est pas le cas.

Les Britanniques nous disent que Hong Kong veut la démocratie, mais personne ne dit jamais qu’en un siècle et demi de règne britannique à Hong Kong, la population n’a jamais eu droit à la moindre démocratie de quelque sorte que ce soit.

Ils nous parlent du système judiciaire sans jamais mentionner que même aujourd’hui, les tribunaux « draconiens » de Hong Kong sont encore remplis de juges blancs anglais.

Ils nous parlent des ONG et de la « société civile » sans nous dire d’où proviennent les livres sterling et les dollars dont les « ONG » en question sont abreuvées.

En fait, ces organisations financées et téléguidées par des fonds étrangers sont des chevaux de Troie qui, dans leur étable, mâchonnent le foin fourni par les Britanniques et les Américains jusqu’à ce qu’on leur dise de galoper. Et aujourd’hui, ils galopent.

C’est le Hong Kong Fou Fou ! Aucun autre pays au monde n’aurait fait preuve d’autant d’indulgence face au sabotage de l’économie nationale par des émeutes commanditées par l’étranger que la Chine. Si, dans les jours à venir, la patience de la Chine s’épuise, pour la grande majorité des citoyens chinois, y compris ceux de Hong Kong, ce ne sera pas une minute trop tôt.

La Chine a signé pour « un pays, deux systèmes » sur son territoire. Elle n’a pas accepté deux pays, deux systèmes. Pas un centimètre de Hong Kong n’appartient à qui que ce soit d’autre que la Chine. L’époque où les pays étrangers pouvaient imposer leur volonté à la Chine est révolue depuis longtemps.

George Galloway a été membre du Parlement britannique pendant presque trente ans. Il présente des émissions de radio et de télévision (y compris sur RT). C’est un célèbre réalisateur, écrivain et tribun.

Traduction Entelekheia

*Note de la traduction :

Lecture complémentaire sur, entre autres, la naissance de Hong Kong sous l’empire britannique et les traités inégaux : Guerres de l’opium, le viol de la Chine par les puissances occidentales

 

via Hong Kong Fou Fou ! Avec une bonne dose d’hypocrisie par-dessus

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