L’âge de la retraite à taux plein appelé à passer à 64 ans dès 2025
Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a remis au Premier ministre ce jeudi ses préconisations pour créer un régime universel par points. Lors de son année d’entrée en vigueur, en 2025, ce système devrait être à l’équilibre et l’âge du taux plein devrait déjà atteindre 64 ans.
L’accouchement a été long et difficile. Après trois mois de tractations avec le gouvernement, Jean-Paul Delevoye , le haut-commissaire à la réforme des retraites, a présenté ce jeudi les « préconisations » qu’il a remises au Premier ministre, Edouard Philippe. Elles sont ambitieuses, à la mesure des promesses faites par Emmanuel Macron, avant son élection, en 2017. Elles sont aussi potentiellement explosives. Le nouvel âge de référence pour partir à la retraite serait de 64 ans dès 2025, même si l’âge légal minimum pour faire valoir ses droits demeurera à 62 ans, comme s’y est engagé le chef de l’Etat.
Ce n’est pas encore un projet de loi, certes, puisque ce dernier est attendu pour la fin de l’année. Et l’exécutif ne rendra ses arbitrages qu’à l’automne. Mais rien de ce qui a été couché dans ce rapport programmatique n’a été écrit sans l’assentiment gouvernemental.
Les 42 régimes de retraite sont donc bien partis pour fusionner dans un nouveau régime par points, où chaque euro cotisé vaudra les mêmes droits pour tous. L’âge de départ, le niveau des pensions et des cotisations : chaque paramètre va bouger, et toutes les carrières des actifs nés à partir de 1963 vont être recalculées… dans seulement six ans. Les parcours heurtés, les 40 % les moins aisés et les femmes vont globalement gagner au change, tandis que les autres assurés contribueront autant qu’aujourd’hui, ou plus.
Une nouvelle concertation
Ce mouvement tectonique devrait prendre une quinzaine d’années, parfois plus, car il faudra rapprocher les taux de cotisation, organiser l’extinction de certains départs anticipés, solder les droits acquis, revaloriser les carrières des enseignants…
Une nouvelle phase de concertation va s’ouvrir dès la fin août, avant la présentation du projet de loi. Le haut-commissaire doit fixer le calendrier et les sujets avec les syndicats et le patronat la semaine prochaine. « Je vais envisager avec les partenaires sociaux le moyen de mettre le système à l’équilibre au moment de son démarrage », a notamment déclaré Jean-Paul Delevoye lors d’une conférence de presse.
Jean-Paul Delevoye, un haut-commissaire plébiscité par la majorité
Réforme des retraites : les syndicats divisés, le patronat bien disposé
Cela passera par une augmentation de l’âge effectif moyen de départ à la retraite, afin d’atterrir à 64 ans, la nouvelle norme collective, dès 2025. L’exécutif, qui souhaitait durcir l’actuel système de décote dès 2020, a renoncé à passer en force avant la présentation du projet de loi. « Une victoire CFDT », s’est félicité Laurent Berger, le patron de la centrale syndicale.
Favorable en principe à une réforme systémique, celui-ci a toutefois marqué son désaccord avec ce nouvel âge unique de 64 ans pour le taux plein. « Nous ne voulons pas que cet âge d’équilibre soit le même pour tous », a-t-il déclaré. La CFDT a montré lors de la négociation Agirc-Arrco de 2015 qu’elle était disposée à prendre en compte la notion d’âge d’équilibre financier du système de retraite. Rien n’interdit d’imaginer un âge du taux plein qui ne soit pas uniforme, mais sur mesure pour chaque assuré, comme le propose l’Institut des politiques publiques .
Décote et surcote
Le choix de la nouvelle norme collective à 64 ans va en tout cas rebattre les cartes pour beaucoup de monde. Hors départs anticipés, l’âge effectif de départ tourne actuellement autour de 63 ans dans le privé. Ceux qui continuent de partir à 62 ou 63 ans subiraient une décote de 5 % par an ; ceux qui ont droit à une « surcote » à 63 ou 64 ans dans l’ancien régime n’en bénéficieraient plus.
A l’inverse, les femmes, les précaires et ceux qui sont entrés sur le marché de l’emploi tardivement, des personnes qui sont aujourd’hui obligées de travailler jusqu’à 65 ans (bientôt 67 ans) pour annuler leur décote, du fait de l’exigence d’une durée de cotisation minimale, pourraient partir sans pénalité dès 64 ans. Ceux qui resteraient en activité au-delà de cet âge bénéficieraient d’une surcote. Une nouvelle donne.
Solveig Godeluck
via L’âge de la retraite à taux plein appelé à passer à 64 ans dès 2025 | Les Echos