Suite au crash d’un avion ukrainien à Téhéran, ce mercredi, l’État iranien a reconnu sa responsabilité.
Rappel des faits. Ce mercredi, un avion ukrainien, Boeing 737, décollait de la capitale Iranienne en direction de Kiev. Seulement, après à peine deux minutes l’appareil a disparu des radars. Très vite, on apprend que celui-ci s’est crashé sur des terrains agricoles, au nord-est de la ville. L’avion a été repéré en flammes par des témoins avant de s’écraser et d’exploser à l’impact. Le bilan est très lourd puisque l’accident a fait 176 morts (82 Iraniens, 63 Canadiens, onze Ukrainiens, dix Suédois, quatre Afghans, trois Allemands et trois Britanniques).
Or ce drame est intervenu peu de temps après le mort du numéro deux iranien, Qassem Soleimani, suite à une attaque américaine et à la riposte des Iraniens. Dans ce climat de tension, les spéculations sont allées bon train du côté occidental. Le premier ministre Canadien, Justin Trudeau, appuyé par les États-Unis, affirmait avoir les preuves de la responsabilité d’un missile sol-air Iranien dans le crash. Dans un premier temps, les autorités Iranienne qualifiait ces accusations « d’absurde », arguant que si tel avait été le cas, l’avion aurait « instantanément explosé en l’air ».
« Une erreur impardonnable » selon le président Iranien
Mais aujourd’hui, l’état Iranien a fait volte-face et a reconnu sa responsabilité dans le crash. Ce matin, le président Iranien, Hassan Rouhani présentait même ses excuses au nom de la République Islamique, évoquant une « erreur impardonnable ». Toujours selon le président, une enquête a été lancée et les responsables seront « traduits en justice ».
The Islamic Republic of Iran deeply regrets this disastrous mistake.
My thoughts and prayers go to all the mourning families. I offer my sincerest condolences. https://t.co/4dkePxupzm
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) January 11, 2020
Selon les premiers éléments de l’enquête, la décision de tirer ce missile aurait été prise par un soldat induit en erreur par un « brouillard télécom ». Ce soldat aurait pris l’avion pour « un missile de croisière » et aurait eu dix secondes pour prendre une décision. Le projectile aurait explosé près de l’appareil et ne l’aurait pas directement touché, ce qui explique pourquoi celui-ci n’a pas été pulvérisé en plein vol. Amirali Hajizadeh, le général en charge du soldat, a annoncé endosser toute la responsabilité de cette affaire. Il a même ajouté qu’il aurait « préféré mourir plutôt que d’assister à un tel accident ». Le ministre iranien des affaires étrangères a quant à lui blâmé “l’aventurisme américain” pour cette catastrophe :
https://twitter.com/JZarif/status/1215847283381755914
Ce n’est pas la première fois qu’un tel drame se produit. Au cours des dernières décennies, plusieurs avions civils ont déjà été abattus par des missiles. En 1988, par exemple, les Etats-Unis avaient détruit par erreur un avion de ligne iranien, faisant 290 morts. 101,8 millions de dollars avaient alors été mis sur la table en tant que dédommagement.
Des crimes pas toujours reconnus
Tous les pays n’ont pas toujours eu le courage d’admettre leur responsabilité, comme le fait aujourd’hui l’Iran. On se souvient par exemple de 2014, où un Boeing 777 à destination de la Malaisie avait été touché par un missile alors qu’il survolait l’Ukraine. Il ne s’agissait pas cette fois ci d’un accident puisque trois Russes et un Ukrainien sont mis en cause. Aujourd’hui encore, les deux pays s’accusent mutuellement de cet incident.
L’accident du vol TWA 800, qui a explosé en plein vol en 1996 au large de Long Island faisant 230 morts, intrigue également. En effet, les résultats de l’enquête officielle ont été contestés plusieurs années après par les propres enquêteurs chargés de ce dossier. Le 747 suisse n’aurait pas explosé en raison d’une défaillance électrique, mais plus probablement en raison d’un tir de missile lancé depuis l’USS Normandy dans le cadre d’un exercice. Le missile a été observé à l’époque par 258 témoins directs. Le FBI fera tout son possible pour couvrir l’armée américaine et empêcher que la vérité éclate.
Les accidents de ce type ne sont donc pas l’apanage de l’Iran, dont le gouvernement a eu au moins le mérite d’avouer rapidement sa responsabilité. Par ailleurs, une chose est certaine : dans cette affaire iranienne, si les États-Unis n’avaient pas provoqué de telles tensions entre les deux pays, l’accident n’aurait très probablement pas eu lieu…
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