Perturbateurs endocriniens: un rapport accable l’inaction des autorités
Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales pointe des lacunes dans la recherche et la surveillance des perturbateurs endocriniens. Et estime que les impacts de ces substances ne sont pas suffisamment étudiés.
La France n’a pas mis en œuvre les moyens suffisants pour surveiller et étudier les perturbateurs endocriniens – comme les pesticides, détergents, solvants et plastifiants – malgré les craintes sur leurs effets nocifs sur la santé et l’environnement, estime un rapport rendu public ce vendredi.
Présents dans de nombreux produits de consommation courante, des cosmétiques aux produits d’entretien jusqu’à passer dans la chaîne alimentaire, ces substances qui peuvent pourtant interférer avec le système hormonal sont encore mal connues. Or, la liste des maux dont elles sont soupçonnées est longue, alimentant une inquiétude grandissante de la population.
Responsables de certains cancers
« Un certain nombre d’affections de la santé humaine sont aujourd’hui suspectées d’être la conséquence d’une exposition aux perturbateurs endocriniens », pointe le texte.
« Baisse de la qualité du sperme, augmentation de la fréquence d’anomalies du développement des organes ou de la fonction de reproduction, abaissement de l’âge de la puberté », relève le rapport conjoint de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), du Conseil général de l’environnement et du développement durable, et du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.
Ils sont également suspectés « dans la survenue de certains cancers hormono-dépendants, ainsi que des cas de diabète de type 2, d’obésité ou d’autisme », ajoute-t-il, insistant sur la vulnérabilité particulière lors de certaines périodes de la vie.
« L’âge d’exposition est déterminant, car les impacts sont surtout consécutifs à l’exposition pendant la période de gestation. Le développement fœto-embryonnaire, la petite enfance et la puberté sont des périodes de sensibilité accrue à ces substances. »
L’action européenne insuffisante
La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens adoptée en 2014 est « pertinente » et « originale » dans une Europe marquée par des « carences » en la matière, mais « les moyens ne sont pas à la hauteur des enjeux et des coûts pour la santé », souligne le rapport.
Les rapporteurs se montrent par ailleurs critiques vis-à-vis de l’action conduite au niveau européen et pointe un « différentiel entre la vitesse des avancées des connaissances scientifiques et la capacité d’adaptation des règlements sur ce type de sujet émergents » qui est, selon eux, « de nature à nuire à la crédibilité de l’action communautaire et des États membres ».
Les experts constatent également une « forte baisse des soutiens financiers » à la recherche scientifique depuis 2014. La recherche est d’autant plus importante que le lien de cause à effet « reste souvent difficile à établir » et que le comportement des perturbateurs endocriniens rend inopérante une analyse toxicologique classique liée aux seuils de nocivité.
« L’effet plus fort à faible dose qu’à forte dose »
« L’effet peut être plus fort à faible dose qu’à forte dose », relève par ailleurs le rapport réalisé à la demande des ministères de la Santé, de la Transition écologique et de l’Agriculture. Le texte décrit d’autre part des lacunes dans la surveillance sanitaire et environnementale, « bien organisée » pour les milieux aquatiques et « engagée » pour l’air intérieur, mais « ponctuelle sur l’air extérieur et inexistante pour ce qui concerne les sols ».
Ces substances qui peuvent être présentes dans les produits de beauté, l’alimentation, les plastiques, les peintures, les jouets ou les vêtements ont la particularité de se retrouver également dans l’air, l’eau, le sol ou les poussières, ce qui multiplie les modes d’exposition (orale, cutané ou respiratoire). Les auteurs regrettent ainsi que les impacts de ces substances sur l’environnement ne soient pas suffisamment étudiés.
via ORAGES D’ACIER: Perturbateurs endocriniens: un rapport accable l’inaction des autorités