Qualité du sperme, puberté précoce : la santé reproductive diminue, les perturbateurs endocriniens sont en cause

Les chiffres sont formels : la santé reproductive des Français baisse, selon Santé Publique France, de la qualité du sperme au nombre de pubertés précoces. Selon l’Agence, les causes en seraient probablement environnementales, telles que l’exposition aux perturbateurs endocriniens.

Une concentration du sperme en spermatozoïdes qui a chuté de près d’un tiers entre 1989 et 2005, le nombre de cas de puberté précoce et de cancer des testicules en augmentation… La France voit sa « santé reproductive » diminuer, d’après l’Agence Santé publique France. Cette dernière s’est en effet penchée sur la question de l’influence des perturbateurs endocriniens en la matière dans son bulletin hebdomadaire du mardi 3 juillet 2018. Si cette dégradation a probablement des causes environnementales, il reste difficile de déterminer la part de responsabilité de chacune.

Une altération de la fertilité masculine avec le temps

Santé Publique France s’est penchée sur 4 formes du trouble du développement des testicules : deux types de malformations congénitales, risque accru de cancer du testicule et mauvaise qualité du sperme à l’âge adulte. Résultat : en France, 3 indicateurs sur 4 indiquent une altération de la fertilité masculine.

QUALITE DU SPERME. Selon Santé Publique France, en 15 ans la concentration de spermatozoïdes dans le sperme a baissé de 32,2%, au rythme de 1,9% par an. L’Agence rapporte également « une diminution significative non quantifiable du pourcentage de spermatozoïdes de morphologie normale« . Ce phénomène n’est pas propre à la France. Les auteurs citent une étude de 2017 qui évalue cette baisse à « 1,4% par an » en moyenne « dans les pays occidentaux (Amérique du Nord, Europe, Australie et Nouvelle-Zélande)« . « Il est possible que cette baisse ait débuté dans les années 1970 si l’on prend en compte une étude précédente réalisée en région parisienne de 1973 à 1992« , ont de plus souligné les chercheurs.

MALFORMATIONS. L’incidence des cryptorchidies, ou l’absence d’un ou des deux testicules dans le scrotum, ont augmenté de 2,6% par an en France. Selon Santé Publique France, ces cryptorchidies « résultent d’une insuffisance d’imprégnation hormonale en androgènes lors du développement fœtal » qui pourrait résulter d’une exposition pendant la grossesse à des perturbateurs endocriniens ou de mécanismes épigénétiques (l’activation ou inactivation des gènes selon les conditions environnementales). « Concernant les mécanismes épigénétiques, la possibilité d’effets sur plusieurs générations (…) via les gamètes, est à envisager« , commente l’Agence. « Les tendances de santé reproductive masculine observées aujourd’hui pourraient ainsi refléter les expositions de générations antérieures, par exemple au DDT et aux dioxines« , concluent les auteurs. Quant aux hypospadias, malformations de l’urètre caractérisées par une ouverture sous le pénis au lieu de son extrémité, leur incidence ne semble pas évoluer avec le temps.

CANCER DES TESTICULES. Parallèlement, les cas de cancers des testicules, qui se déclarent le plus souvent chez des patients âgés de 20 à 40 ans, progressent. De 1998 à 2014, l’incidence de la maladie a augmenté de 1,5% par an. Cette hausse « dans les populations d’origine nord-européenne depuis plusieurs décennies est un fait connu et encore inexpliqué« , soulignent les chercheurs.

Puberté précoce : des disparités régionales qui mettent en évidence l’impact de l’environnement

Les cas de puberté précoce commencent seulement à être recensés, par le nombre d’enfants traités. Se manifestant par des « signes de puberté avant l’âge de huit ans chez les filles et de neuf ans chez les garçons« , cette puberté peut avoir de multiples conséquences néfastes pour la santé physique (risques de cancer des organes reproductifs, maladies cardiovasculaires) et mentale. Elle touche 10 fois plus souvent les filles que les garçons. Et les différences sont marquées entre les régions, avec deux endroits particulièrement concernés : l’ancienne région Midi-Pyrénées et le département du Rhône, avec des incidences plusieurs fois supérieures à la moyenne nationale. « La puberté précoce peut être liée à des facteurs génétiques spécifiques, et des facteurs ethniques/populationnels pourraient aussi jouer un rôle« , estime Santé publique France.

Perturbateurs endocrinien, mode de vie, pollution… Des causes probablement liées à l’activité humaine

« Diverses hypothèses causales peuvent être évoquées, notamment les expositions aux PE » (perturbateurs endocriniens), « croissante depuis les années 1950« , avancent les auteurs. « D’autres causes sont possibles ou peuvent être intriquées avec les précédentes, comme le tabagisme chez les femmes enceintes (…), des facteurs nutritionnels ou métaboliques, la pollution atmosphérique ou des modifications de mode de vie (sédentarité, stress, chaleur, sommeil)« , ajoutent-ils. Mais « le rôle d’une exposition environnementale à des substances potentiellement perturbatrices endocriniennes et pouvant être d’origine anthropique (liée à l’intervention des humains, ndlr) est à prendre en considération, sans exclure des facteurs environnementaux non encore identifiés« , d’après les chercheurs.

Avec AFP.

via Qualité du sperme, puberté précoce : la santé reproductive diminue, les perturbateurs endocriniens sont en cause – Sciencesetavenir.fr

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