Rougeole : il faut changer de stratégie !

Une plus qu’intéressante vidéo de 15mn sortie ce jour, avec Didier Raoult qui dirige à Marseille le plus grand centre de traitement des maladies contagieuses en France. Il taille en pièces la stratégie actuelle de lutte contre la rougeole ! D’une part le génotype viral contenu dans le vaccin n’a pas été vu depuis 2008. Autrement dit on vaccine contre un virus qui ne circule plus ! Par contre, comme dit ici-même sur ce blog, d’autres souches de la rougeole circulent désormais comme les souches B3 et D8 que le vaccin ne cible pas très bien. D’où des rougeoles chez des vaccinés à 2 doses.

De plus, même avec un vaccin adapté aux souches (ou clones) qui circulent réellement, il faudrait adapter la stratégie vaccinale. Pour Raoul une couverture générale ne convient pas, il faut, comme pour la variole dit-il, suivre le virus, le pister pour intervenir localement de façon ciblée, en particulier auprès du personnel hospitalier.

Il est tout à fait exact que c’est aussi la stratégie générale utilisée contre les maladie du bétail avec des interventions drastiques que chacun connait sur les élevages où un cas est découvert. Raoult commet une erreur en attribuant la victoire sur la variole à la stratégie de vaccination dite en anneaux c’est à dire autour d’un cas, la population locale ainsi visée correspondant au troupeau pour les maladies du bétail.
Pour la variole on ne s’est pas contenté de cette vaccination locale et ciblée. On isolait aussi les malades et leurs contacts. d’un point de vue strictement épidémiologique cette mesure correspond à l’abattage du troupeau en ce sens que les personnes isolées ne transmettaient pas la maladie en dehors du groupe où elles étaient confinées car il s’agissait le plus souvent de mise en quarantaine plutôt que de l’isolement, le malade restant avec les contacts qui devaient le prendre en charge.

Pour la variole, Raoult semble ignorer que tant qu’on se contentait de vacciner les contacts sans les isoler, cela provoquait des épidémies qui furent qualifiées de désastres par Donald Henderson directeur du programme d’éradication à l’OMS.

En fait ce fut l’isolement des malades et contacts qui a réellement permis d’interrompre la transmission et non la vaccination des contacts. Aussi, transposer à la rougeole la stratégie victorieuse de la variole sans l’avoir vraiment analysée comporte quelques risques, surtout que l’épidémiologie de la rougeole est très différente de celle de la variole, en particulier la bien plus grande facilité de transmission de la rougeole. On admet qu’un malade de la rougeole peut contaminer 19 personnes alors que pour la variole c’était généralement entre 1 et 4 selon les données de l’OMS.

Je serai tenté de dire qu’il faudrait surtout isoler les malades et les contacts de la rougeole dans la mesure où on pourrait les définir pour qu’ils ne soient pas trop nombreux. Stratégie qui serait sans doute très difficile à mettre en oeuvre et à faire accepter.

 

Voici quelques extraits (sans faire du mot à mot) de cette vidéo avec Didier Raoult dont on sait qu’il ne mâche pas ses mots.
Tout le monde avait parié que la rougeole allait disparaître au XXè siècle, ce ne fut pas le cas, ce fut une surprise. J’ajoute qu’il en ira sans doute de même avec les paris du genre « le cancer du col sera éradiqué en Australie d’ici 20 ans ».

 

J’ajoute encore qu’en 1988 l’OMS avait parié que la polio serait éradiquée en 2003. Aujourd’hui l’OMS a en réalité abandonné son projet d’éradication de la polio pour tenter d’éradiquer seulement les 3 types de poliovirus sauvages qui seront remplacés, là où l’assainissement fait défaut, par des poliovirus dérivés de souches vaccinales et dotés des mêmes propriétés de circulation et de virulence potentielle.

 

Il faut une réflexion plus sophistiquée que « les gens sont idiots et ne veulent pas se vacciner »

 

Il a vu le cas d’un interne qui a fait une rougeole avec des taux d’anticorps extrêmement élevés.
Chercher à faire produire des anticorps ne suffit pas. On observe des « échecs vaccinaux secondaires » avec une maladie clinique malgré des anticorps.

 

En Mongolie il y a eu une épidémie majeure malgré une couverture vaccinale de plus de 97%. De même en Russie, au Portugal.

 

Le vaccin est fabriqué pour le monde entier avec un génotype A dont la dernière détection a été faite aux USA en 2008. Il y a une pression de sélection des souches par le vaccin, d’où d’autres souches qui circulent désormais (B3, D8).

 

Il faut produire des vaccins différents, ne pas les généraliser mais avoir une action ciblée autour des cas, tout particulièrement sur le personnel de soins.

 

« Contre la rougeole on mène un combat qui n’est pas intelligent. L’emballement médiatique empêche la réflexion. Le temps pour réfléchir n’est plus présent. Il est interdit de réfléchir et d’être intelligent. Il faut mettre les choses à plat. »

 

via Rougeole : il faut changer de stratégie ! – La Question des Vaccins

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