Le secrétaire d’État Marco Rubio, qui dirigeait la délégation américaine aux pourparlers de Djeddah, a déclaré que Washington présenterait l’offre de cessez-le-feu au Kremlin, qui s’est jusqu’à présent opposé à toute solution autre qu’une fin définitive du conflit, sans accepter la moindre concession.« Nous allons leur dire ce qui est sur la table. L’Ukraine est prête à cesser les tirs et à entamer des négociations. Et maintenant, ce sera à eux de dire oui ou non », a déclaré M. Rubio aux journalistes après les pourparlers. « S’ils disent non, nous saurons malheureusement quel est l’obstacle à la paix ici. »
Désormais, les Américains ne cessent de faire monter la pression. Trump va discuter avec Poutine ces jours-ci, la Russie doit accepter, la Russie va accepter, sinon ce sera la faute de la Russie alors que Trump, l’Ukraine et les Européens ne veulent que la paix. Amen! Le bombardement politico-médiatique est, lui, de très haute intensité.
Macron félicite Trump, la pseudo rupture des élites globalistes, dont les « experts » nous abreuvaient, a formellement pris fin, puisqu’en réalité elle n’a jamais eu lieu.
La France, qui organisait hier un raout sur l’armement du front ukrainien l’a déclaré : il n’y aura jamais de démilitarisation de l’Ukraine. Dixit Lecornu :
La priorité, selon le ministre : « Réfléchir à ce que doit être l’armée ukrainienne à l’avenir. Repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l’armée ukrainienne et que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l’Ukraine. »
De son côté, la Russie reste en retrait, face à cette tornade. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères bafouille une possible reprise des contacts dans les jours à venir avec les Américains. Tout en ajoutant, que la position de la Russie ne se forme pas en fonction d’accords extérieurs, mais en fonction des intérêts intérieurs du pays. Bref, rien n’est exclu, mais la décision au sommet n’a pas été prise.
Les parlementaires sont, eux, beaucoup plus directs. Le vice-président du Conseil de la Fédération Konstantin Kossatchev a rappelé que n’importe quel accord tiendra compte des exigences de la Russie :
La Russie progresse, et donc les choses seront différentes avec elle. Tout accord, malgré la nécessité de compromis, sera conclu selon nos conditions, et non celles des Américains. Et ce n’est pas de la vantardise, mais la compréhension que les véritables accords sont encore en cours d’élaboration sur le front. Ce qui devrait également être compris à Washington.
En effet, Trump et les globalistes sont pressés. Il faut absolument bloquer l’avancée de l’armée russe. Très concrètement, parce que Koursk est presque libéré, c’est une question de jour. Et un cessez-le-feu aujourd’hui implique de laisser une partie de Koursk occupée et donc négociable. Stratégiquement, l’armement de l’armée atlantico-ukrainienne ne va pas s’arrêter, bien au contraire, il va s’intensifier. Tous les acteurs sont prêts à cela, et Trump avec les élites globalistes américaines, et les élites globalistes européennes.
D’ailleurs, Rubio est prêt à se déplacer ces jours-ci à Moscou rencontrer Poutine – et prendre acte de la capitulation de la Russie. Trump n’a pas besoin de se déplacer, un coup de fil suffit : si la Russie accepte, à quoi bon perdre du temps avec un nouveau vassal ?
Oui, la balle est bien dans le camp de la Russie. Il n’y a pas de pièges, tout est clair. Soit elle accepte de revenir discuter maintenant, peu importe avec qui, et fait preuve de faiblesse. Dans ce cas, Trump et les globalistes auront gagné et les conséquences seront terribles autant pour la Russie, que pour ceux, qui se battent pour la souveraineté de leur pays (je ne parle pas de marionnettes politiques en poste ou dans l’opposition, mais des gens dans nos pays qui y croient). Ce sera le début de la fin, la glissade finale, celle qui doit achever le travail de l’éclatement de l’URSS. Cette fois-ci, la Russie aura perdu – stratégiquement. Dans l’histoire, à chaque fois que son grand territoire a été un moment dispercé, elle a pu le reconstituer. Si elle abdique maintenant, elle disparaît car elle abandonne son territoire et ses peuples.
Soit la Russie refuse d’entrer dans le jeu globaliste des négociations, puisque déjà toutes les promesses ont été trahies :
- pas de représentant spécial US, mais les déclarations vindicatives et mensongères quotidiennes de Trump et son équipe dans les médias ;
- pas de négociations bilatérales avec la Russie, mais un ultimatum inaceptable qui, s’il est refusé par la Russie, doit faire d’elle la responsable de la guerre (ce qui est le but) ;
- pas de recherche d’une paix stratégique, mais un cessez-le-feu sur toute la ligne du front, qui doit conduire à la défaite de la Russie, avec la militarisation de l’Ukraine, la non-reconnaissance juridique des frontières administratives des nouveaux territoires et la déstabilisation de la société russe, qui va s’ensuivre immanquablement. La boucle sera alors bouclée, avec une Russie discréditée tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur.
Trump ne cherche pas à « négocier » avec la Russie, il cherche sa défaite : le monde global ne peut être global, si la Russie est souveraine ; la Russie ne peut être souveraine, que si elle peut défendre ses intérêts stratégiques. L’impasse, elle, est stratégique. Et depuis quelque temps, Trump ne fait que la dénigrer, répétant sans cesse que Poutine est prêt à tout, que la Russie est prête à la « paix », qu’il le sait, qu’il en est sûr. Il en est tellement sûr, qu’il n’a pas besoin de négocier avec elle ? Il n’y a donc aucun intérêt pour la Russie à lui offrir, ce dont il a besoin : la reconnaissance de sa domination.
La Russie est en position avantageuse sur le terrain, mais elle est très loin encore de la victoire. Or, la défaite n’est possible que par la trahison de ses élites. C’est le moment de vérité. C’est le moment pour ces élites dirigeantes d’avoir le courage politique de la victoire. Le peuple russe le mérite.