Salvini dénonce des contraintes imposées par l’UE, après la catastrophe de Gênes

Rome a annoncé de premières mesures après le terrible effondrement d’un viaduc qui a fait des dizaines de morts. Dans le viseur du gouvernement, la société gérant le tronçon d’autoroute, mais aussi les contraintes budgétaires imposées par Bruxelles.

Le 14 août, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini s’est interrogé sur les conséquences, en matière de sécurité de ses concitoyens, des contraintes budgétaires européennes, peu après le terrible effondrement d’un pont autoroutier à Gênes qui a fait des dizaines de morts.

«Si des contraintes externes nous empêchent de faire des dépenses pour avoir des routes et des écoles sûres, alors cela amène à se demander s’il y a un sens de suivre ces règles», a déclaré Matteo Salvini, cité par le média américain Bloomberg. Dans une allusion à peine voilée aux règles fixées par l’Union européenne, il a ajouté : «Il ne peut y avoir de compromis entre les règles fiscales et la sécurité des Italiens.»

Le dernier bilan de la catastrophe s’élève à 39 morts, 15 blessés et plusieurs disparus, selon les autorités italiennes. Parmi les victimes se trouvent quatre Français, selon le Quai d’Orsay.

 

La société Autostrade dans la tourmente

Outre cette pique à l’adresse de Bruxelles, la société gérant le tronçon d’autoroute qui s’est écroulé le 14 août est elle aussi dans le viseur des autorités. «Les responsables ont un nom et un prénom, et ce sont Autostrade per l’Italia», avait commenté le vice-Premier ministre Luigi Di Maio, ajoutant que le viaduc s’était effondré parce que la maintenance n’avait pas été faite.

Le 15 août, après un Conseil des ministres extraordinaire, le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a fait savoir lors d’une conférence de presse : «Nous avons déjà annoncé que nous allions lancer la procédure de révocation de la concession de la société Autostrade.» Il n’a en revanche pas précisé si la déclaration concernait toutes les autoroutes gérées par le groupe, ou uniquement le tronçon de Gênes.

«Nous laissons les responsables des enquêtes pénales faire leur devoir mais nous ne pouvons pas attendre la justice pénale […] Nous avons l’obligation de faire voyager tous les citoyens en sécurité, donc nous avançons et nous révoquerons la concession parce qu’il n’y a pas de doute […] qu’Autostrade avait le devoir et l’obligation, l’engagement, d’assurer l’entretien de ce viaduc et la sécurité de tous ceux qui l’empruntaient», a encore déclaré Giuseppe Conte.

L’état d’urgence décrété pour 12 mois

Rome a en outre décrété, à l’issue du même Conseil des ministres, l’instauration d’un «état d’urgence pour 12 mois» à Gênes, à la demande du président de la région.

Le chef du gouvernement italien a déclaré : «Nous avons débloqué, pour la mise en place des premières interventions, 5 millions d’euros du fonds d’urgence nationale. C’est une première mesure du gouvernement face à cette tragédie.»

«Nous proclamerons aussi une journée de deuil national, nous sommes en train de déterminer la date pour la faire coïncider avec les funérailles des victimes», a encore annoncé Giuseppe Conte.

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A l’aune de la catastrophe de Gênes, l’alarmant état des ponts en France

Demandé il y a quelques semaines, un rapport inquiétant sur l’état du réseau routier français a été remis au gouvernement. Si celui-ci aurait pu passer incognito, il interpelle, quelques jours après la catastrophe du viaduc de Gênes.

Dans le contexte de la tragédie du viaduc de Gênes du 14 août en Italie, un rapport demandé quelques semaines auparavant par le gouvernement français sur l’état des ponts interpelle. En effet, le texte précise que «sur les 12 000 constructions gérées par l’Etat, un tiers nécessite des réparations». Le rapport précise également que dans «7% des cas [soit environ 840 ponts], les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d’effondrement et donc la forte probabilité de fermer préventivement ces ponts à la circulation des poids lourds ou de tous les véhicules».

RT France a pu recueillir l’avis de Christian Tridon, président du Syndicat des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement de structures (Strres). Pour l’expert, il faudrait également se pencher sur les ponts qui ne sont pas gérés par l’Etat mais bien par les collectivités territoriales, qui ne figurent pas dans le rapport. L’addition des deux donne un chiffre total d’environ 200 000 ponts en France.

«Quelque soit sa technicité, un pont nécessite une surveillance régulière», note le spécialiste. Selon lui, la valeur neuve des 200 000 ponts français équivaut à environ 200 milliards d’euros. «On estime tous qu’il faudrait au moins 1,5% de cette somme que l’on consacrerait à la surveillance et à l’entretien, la maintenance des structures», ajoute-t-il. Et de préciser : «A cette somme il faudrait rajouter la remise en état des ouvrages, ce que l’on a pas vu depuis longtemps.»

Sur le territoire français, c’est à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, que remonte le dernier incident majeur impliquant un pont. Au courant du mois de mai 2018, un mur de soutènement du viaduc s’était affaissé du côté d’Argenteuil. Si l’incident n’avait fait aucune victime, il avait provoqué la fermeture de l’autoroute A15.

Le rapport remis au gouvernement explique que 6% des ouvrages gérés par le gouvernement pourraient être mis «hors service» d’ici deux décennies si l’Etat ne réagit pas. Elisabeth Borne, ministre des Transports, assure pour sa part qu’un texte est en préparation.

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