Sanofi se renforce dans les vaccins en rachetant l’américain Protein Sciences
Sanofi va faire l’acquisition de l’américain Protein Sciences pour un montant pouvant aller jusqu’à 750 millions de dollars, une opération relativement modeste à l’échelle du groupe, mais qui devrait lui permettre de se renforcer dans les vaccins antigrippaux aux Etats-Unis.
La transaction prévoit un paiement initial de 650 millions d’euros de dollars, auxquels pourront s’ajouter jusqu’à 100 millions de dollars supplémentaires « en fonction de l’atteinte de certains objectifs », selon un communiqué de Sanofi publié mardi.
Fondé en 1983 dans le Connecticut (nord-est des Etats-Unis), Protein Sciences a obtenu en octobre dernier l’autorisation de commercialiser aux Etats-Unis son vaccin antigrippal quadrivalent Flublok, le premier vaccin antigrippal à base de protéine recombinante approuvé dans le pays.
Cela va permettre à Sanofi d’élargir son portefeuille de vaccins antigrippaux « et de lui adjoindre un vaccin produit sans avoir recours à des oeufs », a souligné David Loew, responsable de Sanofi Pasteur, la division vaccins du groupe, cité dans le communiqué.
Les vaccins antigrippaux de Sanofi sont produits à partir d’un virus grippal cultivé sur des oeufs embryonnés de poules provenant de fermes d’élevage spécialisées.
« Un vaccin à base de protéine recombinante permet d’éviter tout risque infectieux » en cas d’oeufs contaminés, car le procédé « n’implique aucun produit vivant au départ, tout se fait dans des bioréacteurs », a expliqué à l’AFP Eric Le Berrigaud, analyste du secteur pharmaceutique chez Bryan Garnier.
Sanofi Pasteur est l’un des leaders mondiaux du marché très concentré des vaccins, et notamment des vaccins saisonniers contre la grippe.
En 2016, cette division a ainsi produit 40% des vaccins antigrippaux distribués dans le monde, qui représentent un marché global de 5 milliards de dollars, dont la moitié environ aux Etats-Unis.
La division compte quatre sites de production de vaccins antigrippaux répartis dans le monde: Val-de-Reuil près de Rouen, Swiftwater en Pennsylvanie (est des Etats-Unis), ainsi que deux autres en Chine et au Mexique.
- Pas l’annonce majeure attendue –
L’annonce de cette acquisition, qui devrait être effective au troisième trimestre sous réserve des approbations réglementaires, ne soutenait guère le cours de Bourse de Sanofi mardi: l’action perdait 0,35% à 83,61 euros vers 13H31 (11H31 GMT), sur un indice CAC 40 en repli de 0,24% à la même heure.
« Ce n’est pas l’opération transformante que le marché attend depuis 12, 18 mois de Sanofi », a résumé M. Le Berrigaud, doutant par ailleurs que cette acquisition soit profitable dès la première année.
Après avoir laissé filer l’an dernier plusieurs cibles, comme Medivation, biotech californienne spécialisée dans l’immuno-oncologie et rachetée par Pfizer, ou la biotech suisse Actelion, finalement récupérée par Johnson and Johnson, Sanofi affirme officiellement pouvoir se passer d’une acquisition majeure.
Il n’y a pas de « nécessité absolue » de procéder à des acquisitions, a ainsi assuré le président de son conseil d’administration, Serge Weinberg, lors de l’assemblée générale du groupe en mai, tout en ajoutant que plusieurs options de croissance externe étaient à l’étude.
Le groupe compte se renforcer dans l’oncologie, et plus généralement dans les biotechnologies, segment du marché pharmaceutique à très haute valeur ajoutée et en forte croissance, dont le groupe avait d’abord tardé à prendre la mesure dans les années 2000.
Mais il a ensuite considérablement rattrapé son retard avec l’acquisition de la biotech américaine Genzyme, acquise en 2011 pour 20 milliards de dollars. Cette dernière acquisition majeure du groupe à ce jour est aujourd’hui son activité la plus dynamique.
En partenariat avec un autre groupe américain, Regeneron, Sanofi Genzyme a lancé cette année une franchise dans les maladies immuno-inflammatoires, avec deux lancements importants aux Etats-Unis au premier semestre, Dupixent contre l’asthme sévère et Kevzara dans la polyarthrite rhumatoïde.
Le géant pharmaceutique français a aussi réalisé 3,3 milliards d’euros d’investissements industriels dans les biotechnologies depuis cinq ans, incluant les vaccins, et compte y consacrer environ 600 millions par an d’ici 2020.
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