Un désastre passé sous silence
Le remue-ménage provoqué par « l’affaire Fillon », ce que d’aucuns appellent le « Penelope Gate », mais aussi les soupçons de collusion et d’abus de position qui pèsent sur Emmanuel Macron (et oui, il a utilisé sa fonction de Ministre pour lever de l’argent pour sa campagne…), ne doivent pas faire oublier l’essentiel. Aujourd’hui, après un quinquennat d’un Président se prétendant socialiste, jamais le chômage n’a été aussi haut, et jamais la situation des ménages français ne s’est à ce point détériorée.
En ce qui concerne le chômage, il suffit de regarder les derniers chiffres de la DARES. Il est d’ailleurs étonnant comment les chiffres de décembre ont été passés sous silence dans la presse, y compris celle qui se prétend respectable, comme « Le Monde ». Le chiffre de l’agrégat des séries A+B+D, dont on rappelle qu’il est le seul à être représentatif des chiffres du chômage est remonté à 4,5298 millions après être descendus en novembre à 4,5128 millions. Pour mémoire, ce chiffre était de 3,864 millions quand François Hollande a été élu en 2012, soit un accroissement de 666 000 personnes. En décembre 2010, avant que François Fillon ne mette en œuvre son plan d’austérité, nous étions à 3,4724 millions. François Fillon a ainsi provoqué une hausse de 392 000 chômeurs en 17 mois soit +23 000 par mois, tandis que François Hollande s’est contenté, mais sur 55 mois, d’une hausse de 12 100 personnes.
Graphique 1
Evolution du chômage et du quasi-chômage
Source : DARES
C’est un résultat désastreux. Il faut y ajouter les personnes qui sont dans des mi-temps contraints ou qui sont employés dans des emplois subventionnés, emploi qui disparaitraient si l’Etat retirait sa subvention. Ce chiffre, qui correspond aux catégories C et E de la DARES se monte an décembre 2016 à 1,71 millions. Il y avait donc en France, à la fin de l’année dernière, 6,2397 millions de chômeurs ou de personnes en situation de précarité. C’est un record absolu, un chiffre que même au plus profond de la crise financière de 2008-2010 nous n’avions pas atteint.
Ce chiffre est avant tout la responsabilité des différents gouvernements qui se sont succédés, de François Fillon, de Jean-Marc Ayrault, de Manuel Valls. Ils sont aussi la responsabilité des deux présidents, que ce soit Nicolas Sarkozy ou que ce soit François Hollande. Ils sont la responsabilité des ministres de ces présidents, et tout particulièrement de M. Emmanuel Macron, qui conseilla François Hollande pendant deux ans pleins, avant d’occuper un siège dans ce gouvernement, et qui voudrait nous faire croire qu’il est tel l’oiseau tombé du nid, sans histoire et sans responsabilité. Ils sont enfin la responsabilité de toutes les « bonnes âmes » qui ne cessent de donner des leçons au simple citoyen, par voie de presse, n’est-ce pas messieurs du Monde et de son équipe de « décodeurs » qui font silence sur cette réalité, ou de télévision. Ah, bien sûr, c’est tellement plus excitant de chasser la fausse nouvelle imaginaire, la « fake news » que de se coltiner avec cette sombre et tragique réalité.
Mais il y a pire. Une étude de l’INSEE montre que le niveau de vie des personnes seules et des familles mono-parentales s’est profondément dégradé depuis 2007. Beau résultat, Messieurs les ministres intègres et les conseillers vertueux…Le revenu des couples avec enfants n’est lui-même guère brillant. Il n’y a que les couples sans enfants, les bobos, qui ont vu leur situation s’améliorer ou du moins ne pas se dégrader.
Nous savons donc à qui cette politique de classe, car c’en est une, était destinée. Le nouveau centre de la politique de ces gens qui se prétendent « socialistes », ce sont les start-uppers, cette classe mondialisée qui hurle dès que l’on touche à l’un de ses privilèges.
Source : INSEE
Mais, tout cela n’aura qu’un temps. La colère des classes populaires, des laissés pour compte de la mondialisation, se généralise à l’échelle internationale. Elle finira bien par toucher la France. En 2005 on écrivait déjà que le référendum avait vu la victoire des prolos sur les bobos. Nous verrons bien ce qu’il en sera lors du premier tour, mais aussi du second, de l’élection présidentielle.