Rhume, toux, mal de gorge, grippe et troubles intestinaux : dans les médicaments disponibles sans ordonnance, près d’un sur deux est « à proscrire », selon le magazine 60 millions de consommateurs qui dévoile mardi une « liste noire » de produits parmi ceux les plus vendus.
28 médicaments jugés dangereux
Sur 62 médicaments « passés au crible » sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien reconnu, membre de l’Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne, seuls 21% d’entre eux sont « à privilégier ».
En revanche, parmi ces 62 médicaments, près d’un sur deux (28) est tout simplement « à proscrire », le rapport bénéfice/risque étant défavorable en automédication. En bonne place sur cette « liste noire » figurent des « stars anti-rhume » comme Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume. Ce sont des cocktails de deux à trois composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un cumulent des risques de surdosage et d’effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires, neurologiques, vertiges…), selon 60 Millions.
Efficacité zéro
Pour les médicaments destinés à soulager la toux, le bilan de 60 Millions de consommateur n’est guère mieux, avec seulement un médicament à privilégier et 60% à proscrire. « C’est l’hécatombe par rapport à l’étude que nous avions réalisée en 2015, où il y avait 35 % de médicaments à privilégier et « seulement » 50 % à proscrire », écrit la revue.
Cette dégradation provient du fait que, depuis juillet, les sirops ou comprimés à base de dextrométhorphane (dérivé opioïde), une substance efficace contre certaines toux sèches et fatigantes, ne sont plus accessibles sans ordonnance. Et ce en raison d’un détournement « marginal » de cette substance par des ados (via des cocktails « purple drank » » mêlant sodas et produits pharmaceutiques), explique Adeline Trégouët, rédactrice en chef déléguée du magazine.
Le magazine épingle parmi d’autres produits des pastilles pour la gorge à base d’anti-inflammatoires comme Strefen sans sucre, qui présente inutilement un risque d’hémorragies digestives. « Il y a un problème d’information, le public ne connaît les médicaments que par la publicité or elle n’est pas véritablement informative », déplore le pharmacologue.
Plus généralement, « Si le risque zéro n’existe pas, malheureusement l’efficacité zéro, elle, est indiscutable pour plus de 55% des médicaments d’automédication » disponibles sur le marché, s’indigne ce spécialiste.