Des policiers soupçonnés de violences lors des manifestations de Gilets jaunes décorés par Castaner
Parmi les 9000 policiers décorés le 19 juin par Christophe Castaner, des noms interpellent. Selon Mediapart, certains destinataires de la Médaille de la sécurité intérieure – récompensant depuis 2012 « les services particulièrement honorables » et « les actions revêtant un éclat particulier » chez les policiers – sont visés par des enquêtes de l’IGPN ou des enquêtes judiciaires pour des soupçons de violences policières.
La médaille est traditionnellement remise le 1er janvier ou le 14 juillet à quelques centaines de policiers, cette promotion du 16 juin est donc exceptionnelle. Mediapart raconte en quoi la façon dont elle a été composée l’est aussi. « Le 16 avril, un courriel de la direction des ressources humaines des CRS à destination des commandants d’unité lance un premier appel aux candidatures pour la promotion 2018-2019 », explique le média en ligne. « En prévision d’une éventuelle promotion exceptionnelle ‘Médaille de la sécurité intérieure Gilets jaunes’, vous voudrez bien nous transmettre en retour 15 fonctionnaires blessés dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes. Ils devront avoir fait l’objet d’un arrêt de travail en privilégiant les ITT (incapacité totale de travail », lit-on dans le mail, indique Mediapart.
Tous les policiers ayant participé aux manifestations des Gilets jaunes éligibles
Mais faute de candidatures suffisantes, un courriel de relance est renvoyé, élargissant les critères. Peuvent faire acte de candidature « des policiers méritants blessés dans le cadre des Gilets jaunes », puis « en second lieu, des policiers blessés non méritants », et « en troisième lieu, ceux qui n’ont pas été blessés, mais qui ont réalisé une action remarquée durant cette période ». Quelques jours plus tard, le recensement est élargi et ouvert à l’ensemble des officiers ayant participé aux opérations de maintien de l’ordre et aux majors de compagnie.
Mais les auteurs présumés de violences policières, visés par des enquêtes de l’IGPN ou des enquêtes judiciaires, ne sont en aucuns cas exclus. C’est ainsi que parmi les 9000 policiers décorés, principalement en bronze, figurent les noms :
– du commissaire Grégoire Chassaing, chargé des opérations le soir où Steve a disparu à Nantes. Mediapart rappelle que c’est lui qui ce 21 juin a donné l’ordre d’utiliser des gaz lacrymogènes.
– de Rabah Souchi, à la tête de la charge de la police ayant blessé Geneviève Legay à Nice le 23 mars à Nice. Sa compagne Hélène Pedroya, en charge de l’enquête sur cette charge policière, a elle aussi été médaillée.
– du capitaine Bruno Félix, auditionné dans le cadre de l’enquête sur le décès de Zineb Redouane à Marseille. Cette femme avait été touchée par des éclats de grenades lacrymogènes lancées en direction de son appartement le 1er décembre 2018. Bruno Félix commandait les auteurs des tirs, explique Mediapart.
– du commandant divisionnaire Dominique Caffin, membre des CRS qui le 1er décembre ont matraqué plusieurs manifestants dans un Burger King à Paris.
Pour tenter de mettre fin à la polémique, le ministère de l’Intérieur a expliqué à LCI qu’aucun de ces policiers n’était pour l’instant mis en examen et que les enquêtes étaient en cours. Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, il précise que les médailles seront retirées « en cas de condamnation définitive pour un crime ou un délit, ou de sanction disciplinaire ou récipiendaire ». « Si l’un des médaillés est reconnu responsable d’actes contraires à la déontologie ou de faute et sanctionné à ce titre, ou condamné par la justice, la médaille de la sécurité intérieure lui sera retirée. »