Le Parlement européen a approuvé jeudi la levée de l’immunité parlementaire de la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen dans l’affaire liée à la diffusion d’images d’exactions du groupe État islamique (ou Daech). Cette levée d’immunité était réclamée par la justice française.
Celle-ci, qui a un effet immédiat, ne concerne que cette enquête et pas celle sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants de députés du FN au Parlement européen, dans laquelle la cheffe de cabinet de Marine Le Pen, candidate à la présidentielle française, a été mise en examen.
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En décembre 2015, la cheffe de file du Front national avait diffusé trois images violentes, en réaction à des propos du journaliste de BFMTV Jean-Jacques Bourdin lors d’une interview du spécialiste de l’islam Gilles Kepel. «Je voudrais revenir sur les liens… euh… entre Daech et le Front… enfin les liens, pas les liens directs, entre Daech et le Front national, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d’esprit, parce que l’idée pour Daech c’est de pousser la société française au repli identitaire», avait déclaré le journaliste.
Quelques minutes plus tard, Marine Le Pen avait alors posté sur son compte Twitter trois photos d’exactions commises par Daech, dont celles sur le journaliste américain James Foley et un pilote de l’armée de l’air de Jordanie, sans avertissement et sans masquer certaines zones des images. «Ça suffit. Cela commence à bien faire. Si ces attaques sont désormais la ligne de BFM, puisque Ruth Elkrief a osé le même rapprochement, il est temps que cela cesse», s’était justifiée l’eurodéputée auprès du Figaro. La présidente du FN avait finalement retiré les clichés dans la journée, sous la pression du ministère de l’Intérieur et de familles des victimes.
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Une grande majorité pour la levée d’immunité
Le parquet de Nanterre avait ouvert quelques jours plus tard une information judiciaire à l’encontre de Marine Le Pen pour «diffusion d’images violentes». Et il avait, dans ce cadre, demandé la levée de l’immunité parlementaire liée à son mandat de députée européenne. Convoquée par un juge d’instruction en avril 2016, elle avait refusé de s’y rendre, invoquant cette immunité parlementaire.
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Les députés européens se sont prononcés jeudi matin sur cette levée d’immunité. «Je pense que le résultat est clair: une grande majorité est pour la levée d’immunité», a déclaré Dimitrios Papadimoulis (GUE, extrême gauche), qui présidait les débats, à l’issue d’un vote à main levée des eurodéputés. «Je suis députée, je suis dans mon rôle quand je dénonce Daech», a estimé Marine Le Pen jeudi matin sur la chaîne de télévision LCP, avant le vote en plénière, dénonçant «une enquête politique».
Une information judiciaire a également été ouverte contre le député apparenté FN Gilbert Collard, qui avait lui aussi tweeté une image violente ce jour-là, pour la même raison. Mais le bureau de l’Assemblée nationale française a rejeté le 22 février une demande de levée de son immunité, jugeant la requête de la justice pas «suffisamment précise».