En s’enfuyant de Barcelone à Bruxelles, le président catalan a fait un coup bien pensé

Source : Le Nouvel Obs, Jean-Baptiste Naudet03-11-2017

En s’enfuyant de Barcelone à Bruxelles, le 30 octobre, au moment où la justice espagnole lançait des poursuites contre lui pour “rébellion” après la proclamation l’indépendance de la Catalogne, Carles Puigdemont, le président de ce territoire grand comme la Belgique, a sans doute fait un coup bien pensé, bien organisé, bien préparé à l’avance.

Pendant que sa voiture traversait sans s’arrêter la frontière française pour filer prendre l’avion de Marseille à Bruxelles afin d’échapper aux contrôles espagnols à l’aéroport de Barcelone, il a dû jubiler. Bénéficiant en Belgique de sympathies, voire de complicités, chez les séparatistes flamands, le séparatiste catalan fait même un coup multiple.

Une démarche non violente

Premier avantage, le plus évident : il fait un pied de nez à Madrid, échappant en douceur, pour le moment, à une arrestation en Espagne. Il donne des conférences de presse, attirant les médias européens et internationaux. Il y dénonce le manque chronique d’indépendance de la justice espagnole. Il souligne aux yeux de tous la disproportion entre la répression (il risque jusqu’à trente ans de prison) et son “crime” : avoir pacifiquement et démocratiquement déclaré l’indépendance, ce qui est illégal selon la Constitution espagnole.

Même s’il ne craint pas la prison, il évite aussi ce qu’il redoute le plus : que son arrestation, sa détention par la justice espagnole ne déclenche à Barcelone des manifestations monstres qui risqueraient de devenir violentes, décrédibiliser ainsi une révolution catalane qu’il préfère lente, longue mais exclusivement démocratique et pacifique. De plus, il continue à diriger le mouvement indépendantiste catalan à distance, ce qu’il n’aurait pu faire depuis une cellule à Madrid.

Et même si la Belgique, qui, autre avantage, est l’un des rares pays européens à pouvoir lui accorder l’asile politique, exécute le mandat d’arrêt européen lancé par l’Espagne, Carles Puigdemont usera de tous les recours et appels juridiques. Il peut sérieusement espérer ne pas croupir dans une prison madrilène avant le 21 décembre, date des élections régionales en Catalogne, anticipées en raison de la crise.

Des élections qui prendront l’allure… […]

suite à lire sur : Le Nouvel Obs, Jean-Baptiste Naudet03-11-2017

 

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