Etude sur la mortalité 2020 comparée aux années antérieures

Depuis le 1er mars 2020 l’Insee a mis en ligne les décès quotidiens par département et sur la France entière, toutes causes de mortalité confondues. A partir des données cumulées sur la France, nous avons calculé les décès quotidiens du 2 mars aux dernières données publiées. La moyenne des décès quotidiens de 2018 et 2019 sert de référence pour 2020. Le graphique suivant donne l’écart des données quotidiennes 2020 à cette moyenne (2018-2019) ainsi que le cumul de cet écart jusqu’au 19 octobre 2020, dernière donnée disponible.

Les données journalières France entière

Figure 1 : nombre de décès journaliers écart à la moyenne (2018-2019) échelle de droite et cumuls (échelle de gauche)

Il y a indéniablement une surmortalité qui débute aux environs de mi-mars et qui dure jusqu’à fin avril. Même si les causes de décès ne sont pas précisées, la coïncidence avec l’épidémie de COVID, laisse peu de doutes sur l’origine du phénomène. Un regard sur les données cumulées montre qu’au 30 avril la surmortalité par rapport à la moyenne (2018-19) est de 27 335 personnes.

En revanche, la surmortalité depuis le 1er septembre est beaucoup moins importante. Du 1er septembre au 19 octobre elle s’élève à 3 983 personnes. Ces dernières données sont à prendre avec précaution. En effet, les services de l’Insee précisent : « Il est important de noter que ces données sont très provisoires et seront révisées à chaque nouvelle publication. Pour autant, l’Insee fait le choix de les mettre à disposition de tous, car elles peuvent permettre de déceler précocement des changements de tendance. Les données les plus récentes sont incomplètes, car les communes ont une semaine pour transmettre les données et le délai de transmission varie en fonction du jour de la semaine. La rapidité de remontée de ces informations varie également selon les départements et pourrait être perturbée par les mesures de confinement, de même que le choix des modalités de transmission (dématérialisé ou courrier postal). »

Figure 2 : Période du 11 mai au 19 octobre

Il nous est apparu intéressant de répertorier la surmortalité suivant l’âge entre le 1er mars et le 19 octobre. A l’examen des courbes trois catégories ressortent : les moins de 65 ans, les 65 ans à 84 ans, et les plus de 85 ans.

Figure 2* : Période du 1er mars au 2 novembre 

Figure 2** : Période du 11 mai au 2 novembre 

Figure 3 : Ecarts mortalité quotidienne par rapport à la moyenne 2018-19 suivant l’âge

Figure 4 : Cumul des Ecarts mortalité quotidienne par rapport à la moyenne 2018-19 suivant l’âge

Le cumul des écarts au 19 octobre suivant l’âge donne une valeur légèrement différente des 32 207 décès de surmortalité de la série tous âges et sexes confondus. Ceci est lié au traitement statistique des moyennes 2018-19 et à un cumul général de la série des décès légèrement différent : 402 662 décès sur la période contre 402 681 pour la série âge et sexe indifférenciés. Cela ne remet pas en cause le constat que la surmortalité par rapport à la moyenne des décès 2018-19 frappe essentiellement les plus de 65 ans.

Les taux de mortalité mensuels

Face au phénomène, une autre statistique a été étudiée, celle du taux de mortalité mensuel de 1994 à 2020. La dernière donnée est de septembre. Nous avons calculé l’écart entre les données de chaque année et la moyenne de 1994 à 2019 en pourcentage par rapport à la moyenne.

Figure 5 : Taux de mortalité mensuel écarts à la moyenne 1994-2019 en %

Il est aisé de voir les pics hivernaux, qui se situent soit en janvier, soit en février de chaque année. Mais là encore, le pic du mois d’avril est remarquable. En revanche, le taux de mortalité de septembre n’est pas spécialement élevé, il est tout de même plus élevé que ceux des mois de septembre des années précédentes.

Le nombre de décès mensuels France métropolitaine

Pour cet indicateur nous avons recensé les données de 2015 à 2020 pour les mois de janvier à septembre et calculé les écarts du nombre de décès en 2020 par rapport à ces différentes années.

Tableau 1 : Nombre de décès par mois France métropolitaine

Nombre de décès par mois France métropolitaine
Décès202020192018201720162015
janvier56 30059 19158 61166 99053 02457 453
février50 40054 76051 13751 56348 48056 432
mars61 90052 39559 23349 15953 09053 931
avril65 90048 06949 37246 08947 74646 769
mai48 00048 02246 74847 32746 95745 286
juin45 10045 31543 94043 39943 41243 637
juillet46 00046 87747 21345 26345 64845 428
août47 90045 89946 09645 55644 64944 737
septembre47 60045 06244 71645 06743 80543 639

Tableau 2 : Ecart décès de l’année 2020 par rapport aux années…

 Ecart décès de l’année 2020 par rapport aux années…
Mois20192018201720162015
janvier-2 891-2 311-10 6903 276-1 153
février-4 360-737-1 1631 920-6 032
mars9 5052 66712 7418 8107 969
avril17 83116 52819 81118 15419 131
mai-221 2526731 0432 714
juin-2151 1601 7011 6881 463
juillet-877-1 213737352572
août2 0011 8042 3443 2513 163
septembre2 5382 8842 5333 7953 961
TOTAL23 51022 03428 68742 28931 788

Les chiffres confirment une surmortalité importante en mars et avril quelle que soit l’année de référence et une plus faible mais significative en août et septembre. Les données d’octobre seront disponibles dans le courant du mois de novembre.

Figure 6 : Ecart décès de l’année 2020 par rapport aux années…

Quelques pays européens

Eurostat fournit une série des décès hebdomadaires. Nous avons collecté les données des pays suivants : Belgique ; Danemark ; Allemagne ; Espagne ; France ; Italie ; Pays-Bas ; Autriche ; Pologne ; Portugal ; Suède ; Royaume-Uni ; Suisse.

Et nous avons effectué le même calcul pour la France sur les données hebdomadaires, pour la même période (en fonction des données disponibles). Les données sont rapportées par million d’habitants à des fins de comparaisons.

Figure 7 : Ecarts du nombre de décès hebdomadaires par rapport à la moyenne (2018-2019) par million habitants

Comme pour la France la période mars-avril se caractérise par une forte augmentation de la fréquence des décès par rapport à la moyenne des mêmes semaines de 2018-2019.

Figure 8 : Cumul des écarts du nombre de décès hebdomadaires par rapport à la moyenne (2018-2019) par million habitants

Les données sont disponibles pour l’ensemble des pays jusqu’à la semaine 35 c’est-à-dire la fin août. A noter le parcours atypique de l’Allemagne et du Danemark qui connaissent globalement une baisse de la mortalité par rapport à la moyenne 2018-19. D’une manière générale la COVID entraîne une surmortalité dont l’importance est variable suivant les pays. A mesure que seront publiées les données nous pourrons suivre l’évolution.

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