Event 201, la simulation prophétique de pandémie à coronavirus du Forum économique mondial

Avant de sauter à des conclusions hâtives, il importe de savoir que des simulations de pandémie comme celle dont il va être question ont lieu tous les ans depuis 2016.

L’important, ici, est de savoir comment les leaders du business et de la finance – puisqu’il s’agit du Forum économique mondial – comptaient tirer leur épingle du jeu dans le cas d’une pandémie comme celle que nous traversons. Outre l’intérêt intrinsèque de l’exercice journalistique de haut vol de Cory Morningstar qui suit, on notera au passage que les réponses peuvent peut-être aider à éclairer quelques-unes des raisons des résistances au nouveau traitement bon marché proposé par le professeur Didier Raoult.


Par Cory Morningstar
Paru sur Wrong Kind of Green sous le titre The show must go on. Event 201 : The 2019 fitional pandemic exercise [World Economic Forum, Gates Foundation et al.]


La remise en question des idées imposées par la classe dirigeante ne doit jamais être considérée, ni décrite comme impudente. Elle ne devrait jamais être raillée. Au contraire, Elle devrait être un préalable et être respectée en tant que telle. L’impératif de toujours remettre en question les idées imposées par la classe dirigeante n’est pas la responsabilité d’une petite poignée d’individus, mais celle de la société pensante dans son ensemble. D’une société de la classe travailleuse. Avec les médias, les institutions mondiales, les ONG, les universités et la science tous dans la poche du capital, alors que des mesures draconiennes s’installent, cette condition préalable n’a jamais été plus importante ou plus urgente.

L‘exercice fictif de pandémie intitulé « Event 201 » était une simulation de haut niveau qui a eu lieu le 18 octobre 2019 au Pierre, un hôtel de luxe de Manhattan, à New York. Des participants triés sur le volet du monde entier se sont réunis pour explorer des idées sur la manière d’atténuer les effets économiques et sociaux dévastateurs qui résulteraient d’une « épidémie intercontinentale grave et hautement transmissible ». [Source] L’exercice était construit autour d’un virus fictif dénommé CAPS, un coronavirus naturel (semblable au SRAS ou au MERS) qui provient des chauves-souris, mais dans la simulation, il apparaît chez les porcs.

L’événement a été organisé par le Johns Hopkins Center for Health Security, en partenariat avec le Forum économique mondial et la Fondation Bill & Melinda Gates.

L’Event 201 s’est déroulé sur invitation uniquement, avec la participation de médias tels que Bloomberg. [1] Les enregistrements vidéo et audio n’étaient pas autorisés, mais après l’événement, une sélection de vidéos et d’audio de haute qualité a été mise à la disposition de la presse présente.

Parmi les seize participants de haut niveau figuraient :

  • Ryan Morhard, Chef, Sécurité sanitaire mondiale, Organisations internationales, *IGWELS, Forum économique mondial, Analyste juridique, Centre de biosécurité de l’UPMC (Centre médical de l’Université de Pittsburgh)
  • Chris Elias, président de la division Développement mondial de la Fondation Gates
  • Tim Evans, ancien directeur principal de la santé, Groupe de la Banque mondiale
  • Avril Haines, ancienne directrice adjointe de la CIA; ancienne conseillère adjointe à la sécurité nationale
  • Sofia Borges, première vice-présidente, Fondation des Nations unies
  • George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies
  • Latoya Abbott, directrice principale de la gestion des risques et des services de santé au travail, Marriott International
  • Stanley Bergman, président du conseil d’administration et PDG de Henry Schein, Inc. (distributeur mondial de fournitures médicales et dentaires, notamment de vaccins, de produits pharmaceutiques, de services financiers et d’équipements)
  • Stephen Redd, directeur adjoint, Service de santé publique et science de la mise en œuvre, US Centers for Disease Control and Prevention (CDC)
  • Paul Stoffels, directeur scientifique, Johnson & Johnson
  • Jane Halton, membre du conseil d’administration de la banque ANZ ; ancienne ministre des finances et ancienne ministre de la santé, Australie
  • Matthew Harrington, directeur des opérations mondiales, Edelman (l’une des plus grandes sociétés de conseil en RP/marketing au monde, en termes d’honoraires/recettes)
  • Chokwe Ihekweazu, directeur général, Centre de contrôle des maladies du Nigeria
  • Martin Knuchel, responsable de la gestion des crises, des urgences et de la continuité des activités, Lufthansa Group Airlines
  • Eduardo Martinez, Président de la Fondation UPS
  • Hasti Taghi, vice-président et conseiller exécutif, NBC Universal Media
  • Lavan Thiru, représentant en chef, Autorité monétaire de Singapour

*IGWELS est connu par peu de gens extérieurs à l’élite du pouvoir – c’est l’acronyme anglais de « rassemblements informels des leaders économiques mondiaux ». Il s’agit de réunions fermées de très haut niveau « réservées aux premiers ministres, aux ministres des affaires étrangères et des finances et aux gouverneurs des banques centrales » [Source].

L’un des principaux objectifs de la simulation était d’illustrer l’affaiblissement des alliances internationales (et le potentiel des gouvernement en plein effondrement) – dans le but de valoriser les partenariats public-privé. Si les participants de haut niveau ont reconnu que le secteur public était la première ligne de défense contre les pandémies, ils ont souligné leur position commune selon laquelle les ressources et la force/la capacité de réaction existaient/appartenaient à celles du secteur privé.

« La création de modèles tels que l’Event 201 nécessite plus d’un an de planification et un investissement de centaines de milliers de dollars », [Ryan Morhard, chef de projet pour la sécurité sanitaire mondiale, Forum économique mondial], mais les leçons tirées sont inestimables ». [Source]

Des leaders de @UN @lufthansa @UPS @CDCgov @CDCemergency @JNJGlobalHealth @Marriott @HenrySchein + et des représentants de la Chine, du Nigeria et de Singapour élaborent actuellement une stratégie de réponse financière à la pandémie JHSPH_CHS @wef @gatesfoundation @JohnsHopkinsSPH @WorldBank @BloombergDotOrg

Trente jours après l’exercice de simulation du 18 octobre 2019, le 17 novembre 2019, le premier cas documenté du coronavirus COVID-19 serait apparu. [« Le premier cas d’une personne atteinte de COVID-19 remonte au 17 novembre, selon des rapports des médias sur des données du gouvernement chinois »]. [Source : The Guardian]

La logique veut que l’exercice de simulation sur une pandémie mondiale fictive de coronavirus, qui a ensuite été déclarée vraie pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’OMS, soit un exercice digne d’être étudié et analysé. Les discussions sur la manière de contrôler l’information et les messages sont particulièrement intéressantes. (Ce type d’analyse doit être mené avec un esprit de critique, de discernement et de cynisme).

« Comment établir la confiance et remédier aux fausses informations/désinformation pendant une pandémie ? Le panel #Event201 a émis plusieurs idées, notamment des messages au niveau des employés/employeurs et le flooding des réseaux sociaux par des informations précises sur la santé. L’accent est mis sur la collaboration avec des sources fiables. »

L’exercice de simulation sur invitation seulement a eu lieu le 18 octobre 2019 de 8h45 à 12h30. Il est TRÈS IMPROBABLE que le panel de haut niveau, venu du monde entier, se soit simplement dissous après l’exercice de 3 heures. Il est TRÈS PROBABLE que les discussions se soient poursuivies à partir de ce moment à huis clos pour le reste de la journée (si ce n’est les jours suivants). Comme Ryan Morhard, du Forum économique mondial, est identifié comme IGWELS (les réunions à huis clos de très haut niveau « limitées aux personnes comme les premiers ministres, les ministres des affaires étrangères et des finances et les gouverneurs des banques centrales ») – ce détail mérite d’être exploré.

Il est important de noter ici que le 11 mars 2020, le Forum économique mondial a également annoncé un partenariat avec l’OMS (une agence des Nations unies) pour former la plate-forme d’action COVID-19 – un groupe de travail composé de plus de 200 entreprises privées au moment de son lancement. Cette initiative s’ajoute au partenariat du Forum économique mondial avec les Nations unies du 13 juin 2019. Le monde des entreprises capte notre monde réel, en temps réel.

Parmi les vidéos qui restent accessibles sur le site figurent :

Highlights Reel – Moments choisis de l’exercice de l’Événement 201 du 18 octobre (Durée : ~12 minutes) [/li]

Segment 1 – Discussion sur l’introduction et les contre-mesures médicales (MCM) [/li]

Segment 2 – Discussion sur le commerce et les voyages [/li]

Segment 3 – Discussion sur les finances [/li]

Segment 4 – Discussion sur les communications et vidéo de l’épilogue ; Segment 5 – Rafraîchissement et conclusion [/li] [Site Web : www.centerforhealthsecurity.org/event201]

Traduction : « Se préparer à la prochaine pandémie (Audio)4 novembre 2019 – 16h22

Les animateurs June Grasso et Ed Baxter présentent les meilleurs reportages du jour de Bloomberg Radio, Bloomberg Television et plus de 120 bureaux d’information Bloomberg dans le monde sur Bloomberg Radio dans le cadre de l’émission Bloomberg Best

Parmi les points forts, citons : Myron Brilliant, vice-président exécutif et responsable des affaires internationales de la Chambre de commerce des États-Unis. Carlos Brito, PDG d’AB InBev. Sara Senatore, Sanford C Bernstein Analyste de recherche principal. Janet Wu de Bloomberg sur l’impact potentiel de la prochaine pandémie. Hôtes : June Grasso & Ed Baxter

Producteur : Karoline O’Brien

Durée de l’émission 29:33 »

Bloomberg a publié deux rapports audio distincts :

Bloomberg, 4 novembre 2019 : Se préparer à la prochaine pandémie (audio) : « Alors que l’épidémie de coronavirus s’approche d’une pandémie, les dirigeants mondiaux et les responsables de la santé s’efforcent d’en contenir les retombées. Cela a déclenché des quarantaines et d’autres mesures d’urgence dans le monde entier. C’est un scénario qui a été planifié, dans un cas il y a quelques mois à peine, lors d’une réunion de dirigeants des secteurs de la finance, de la politique et de la santé au niveau mondial. Janet Wu, de Bloomberg, était présente et nous apporte ce rapport ». [Durée 08:12]

https://www.bloomberg.com/news/audio/2019-11-04/preparing-for-the-next-pandemic-audio

Bloomberg, 4 mars 2020 : Event 201 : Se préparer à une pandémie (Audio)

« Les animateurs June Grasso et Ed Baxter présentent les meilleurs reportages du jour de Bloomberg Radio, Bloomberg Television et des plus de 120 bureaux d’information Bloomberg dans le monde sur Bloomberg Best, de Bloomberg Radio. Parmi les faits marquants, citons… Janet Wu sur l’impact potentiel de la prochaine pandémie » [21:33-29:33].

https://www.bloomberg.com/news/audio/2020-03-04/event-201-preparing-for-a-pandemic-audio

CEPI – Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies – Des nouveaux vaccins pour un monde plus sûr

L’ « accélérateur de thérapies COVID-19 », la « sœur de la CEPI ». Gates et l’association caritative Impact Fund de Mastercard ont engagé conjointement 125 millions de dollars de fonds d’amorçage.

« Le secteur privé est un partenaire à part entière dans le programme de sécurité sanitaire, mais son potentiel est largement inexploité ».

– Banque mondiale, 14 nov. 2017, « Que pouvons-nous apprendre de l’Ouganda en matière de lutte contre les épidémies de maladies mortelles ? »

Les plans initiaux de la plate-forme d’action COVID-19 du Forum économique mondial et de l’Organisation mondiale de la santé prévoient de réunir environ 12 milliards de dollars pour créer et distribuer un vaccin contre le coronavirus [2] [Source: “Business Insider’s Better Capitalism Series]. Les membres du groupe de travail Forum économique mondial-OMS comprennent les sociétés Volkswagen, Bank of America et Deloitte. Pour « galvaniser la communauté mondiale en vue d’une action collective », le groupe de travail « donnera des moyens d’action aux dirigeants communautaires et renforcera la solidarité, notamment en mobilisant les jeunes leaders mondiaux, les « Global Shapers », les médias et les ambassadeurs de la société civile ». Une troisième approche consiste à « mobiliser la coopération et le soutien des entreprises pour répondre au COVID-19″ : Exploiter les big data et l’intelligence artificielle pour atténuer l’impact et améliorer la prise de décision ». [Source]

« Je vois cela comme une opportunité de mobilisation pour montrer le meilleur de ce qui est possible de la part des parties prenantes du capitalisme ». [sic, NdT]

Le 13 mars 2020, directeur général du Forum économique mondial, Jeremy Jurgens [« Les gens font plus confiance aux entreprises qu’au gouvernement pour gérer une crise – et cela montre à quel point les entreprises américaines s’engagent dans la lutte contre la pandémie de coronavirus », Business Insider ; « Cet article fait partie de la série de Business Insider sur un capitalisme meilleur » ]. [3]

Comme le dit l’adage [américain, NdT], il ne faut jamais rater les bonnes occasions offertes par une crise. La terreur absolue qui entoure le COVID-19 et les futures pandémies est exploitée et utilisée par le Forum économique mondial pour la prochaine financiarisation de la nature : « Comment la perte de biodiversité nuit à notre capacité à combattre les pandémies ». [Source] La marchandisation de la nature, à l’échelle mondiale, est vendue auprès du public dans le cadre de deux campagnes jumelles créées par le Forum économique mondial, le World Wildlife Fund (WWF) et d’autres institutions, dont les Nations unies : Voice For The Planet et le New Deal For Nature. Le terme « biosécurité » sera pleinement utilisé comme moyen d’obtenir l’approbation sociale requise – chez une population paralysée par la peur. L’économie mondiale se transforme pour mieux servir (et sauver) les classes dominantes. (De plus amples informations sur cette escroquerie peuvent être trouvées sur le site web « NO Deal For Nature »). (Il faut dire ici que le World Wildlife Fund est complice de torture, de massacres et de déplacements de peuples indigènes. Des crimes qui ont été documentés depuis plus de trois décennies. Cela, malgré le fait que les peuples indigènes représentent moins de 5% de la population mondiale et protègent plus de 80% de la biodiversité de la Terre).

Global Citizen, une ONG partenaire de grandes entreprises, et toxique, cible la jeunesse occidentale. Le 11 mars 2020, elle a publié un article mettant en avant la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, CEPI), qui a été formée lors de la réunion de Davos en 2017 par la Norvège, l’Inde, la Fondation Bill & Melinda Gates, le Wellcome Trust et le Forum économique mondial.

Le 10 mars 2020, la « sœur de la CEPI » a été annoncée : l’ « Accélérateur de thérapies COVID-19″.  La Fondation Gates et l’organisation caritative Mastercard’s Impact Fund ont engagé conjointement 125 millions de dollars de fonds d’amorçage. [Source] [Lecture complémentaire sur la Fondation Bill & Melinda Gates : La Fondation Gates, Ebola, et l’impérialisme de la santé mondiale, Jacob Levich, 7 septembre 2015]

Forum économique mondial – «  Les arguments en faveur d’une relance budgétaire mondiale coordonnée et synchronisée se font de plus en plus forts d’heure en heure. » – Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international

Stephanie McMillan : « Le mode de production capitaliste : Il s’efforce de monnayer toutes les choses matérielles et immatérielles imaginables. Il ne s’arrêtera pas, ne peut pas s’arrêter tant qu’il ne convertira pas le monde entier en marchandises mortes, ou que nous ne l’aurons pas éradiqué et remplacé. Soyons solidaires de tous ceux qui luttent d’une manière ou d’une autre contre l’exploitation, l’oppression, l’impérialisme, l’écocide et le système capitaliste mondial qui s’appuie sur ces crimes comme partie intégrante de son fonctionnement. Nous sommes partout, et en tant que force sociale, nous serons instoppables ».

La vidéo suivante est un court métrage de fiction projeté lors de l’exercice de simulation de pandémie « Event 201 », un exercice sur table [Durée : 19:10] [4]

Note de la traduction : La vidéo est en anglais seulement. La première partie présente un scénario de de pandémie à coronavirus proche de celle que nous vivons, à cela près que l’animal porteur est le porc, qu’elle se déclare au Brésil, et qu’elle tue plus que la pandémie de grippe de 1918. Ensuite, elle passe à la problématique des traitements (approvisionnements en antiviraux et recherches sur un vaccin), puis à la lutte contre les « fake news » sur Internet, etc.

Traduction et note d’introduction Entelekheia
Photo de la page d’accueil Gerd Altmann/Pixabay

Notes de la traduction :

[1] En ce moment, aux USA, Bloomberg est en première ligne de front dans la lutte contre la chloroquine/hydroxychloroquine, traitement proposé par Donald Trump pour son pays à la suite des annonces du professeur Raoult. A 12 euros par traitement, est-il trop bon marché par rapport aux autres antiviraux proposés contre le Covid-19, par exemple le Kaletra (109 € pour le traitement complet), l’Interféron bêta (692,25 €) ou encore le Remdesivir, antiviral expérimental dont le laboratoire producteur Gilead pourra fixer le prix à sa convenance… et dont Bloomberg fait la promotion ? [2] Un vaccin est un jackpot pour le laboratoire qui arrive à le développer. Cela étant, il peut s’avérer un miroir aux alouettes dont la recherche engloutit des millions, sur des années, pour n’aboutir à rien, un bon exemple en étant le vaccin contre le paludisme régulièrement annoncé depuis des décennies et toujours inexistant. Les subventions/investissements qu’obtiennent les laboratoires, fondations de recherche, etc, pour le développement des vaccins sont quant à eux bien réels, et peuvent aiguiser nombre d’appétits. Voir le dernier livre de Didier Raoult, Epidémies, vrais dangers et fausses alertes où il en expose les mécanismes. [3] En réalité, ce que les citoyens des USA ont vu en matière « d’engagement des entreprises dans la lutte contre le coronavirus », c’est une des gestions de crise les plus calamiteuses au monde. [4] Sur une autre vidéo plus longue de l’Event 201, il est également question de ré-allocations de prêts de la Banque mondiale aux pays trop pauvres pour s’offrir les traitements et équipements souhaitables. Une bonne occasion de les endetter encore davantage… surtout si lesdits traitements sont hors de prix.

via Event 201, la simulation prophétique de pandémie à coronavirus du Forum économique mondial

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