La CIA a suspendu son aide aux rebelles du nord-ouest de la Syrie

La CIA a suspendu son aide aux rebelles du nord-ouest de la Syrie
L’aide militaire fournie par la CIA aux rebelles du nord-ouest de la Syrie a été gelée depuis une attaque islamiste le mois dernier, ont déclaré à Reuters des sources au sein des insurgés. Aucune explication n’a été donnée à cette décision, prise ce mois-ci, même si plusieurs sources estiment que les Américains veulent sans doute empêcher que des armes ou de l’argent tombent entre les mains des jihadistes. De mêmes sources, on s’attend à ce que cette mesure soit temporaire.
L’aide supervisée par les services secrets américains, connue sous le nom de programme MOM, bénéficie aux groupes réunis sous la bannière de l’Armée syrienne libre (ASL) et comprend le versement de soldes, un entraînement, la fourniture de munitions et, dans certains cas, de missiles antichars.
Son interruption n’a rien à voir avec l’arrivée d’une nouvelle administration dirigée par Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, assurent deux responsables américains connaissant bien le programme de la CIA, qui s’appuie sur des contributions de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite. Ces trois pays n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Avant d’être élu président en novembre, Donald Trump avait laissé entendre qu’il pourrait suspendre l’aide américaine à l’ASL et donner la priorité à la lutte contre l’État islamique. Mais le nouveau gouvernement de Washington n’a toujours pas défini clairement sa politique en Irak et en Syrie, et les programmes de soutien aux rebelles continuent par ailleurs d’être mis en œuvre comme à l’accoutumée, déclare un haut responsable américain.
L’ASL a été attaquée le mois dernier par l’ex-Front al-Nosra, rebaptisé Front Fateh al-Cham depuis qu’il s’est officiellement séparé d’el-Qaëda l’été dernier. Cet assaut a conduit plusieurs factions de l’ASL à fusionner avec un autre groupe islamiste, Ahrar al-Cham, qui a combattu par le passé au côté d’al-Nosra. Plusieurs sources rebelles disent s’attendre à ce que l’aide reprenne à l’issue d’ajustements. « J’attends une réorganisation », dit un insurgé, rappelant qu’il reste quelque 15 000 combattants chapeautés par l’ASL dans le nord-ouest de la Syrie.

Avancée vers Raqqa
Ailleurs en Syrie, les rebelles des Forces démocratiques syriennes (FDS, soutenues par les États-Unis) ont pénétré pour la première fois dans la province de Deir ez-Zor, qui est presque totalement sous le contrôle du groupe jihadiste État islamique (EI), a-t-on déclaré hier à Reuters de source militaire kurde. Cette progression s’inscrit dans le cadre d’une opération qui vise à encercler et ensuite à prendre la « capitale » syrienne de l’EI, Raqqa, dans le nord du pays. Les FDS ont progressé ces derniers temps face à l’EI au nord et à l’est de Raqqa. L’un des objectifs de l’offensive est de couper les lignes de ravitaillement de l’EI entre Raqqa et la province de Deir ez-Zor. « Les opérations militaires des FDS se déroulent actuellement à l’intérieur de la province de Deir ez-Zor, à partir du nord, à savoir à partir de la province de Hassaka », a-t-on ajouté de même source. Les FDS, qui englobent la milice kurde YPG (Unités de protection du peuple) et des combattants arabes, sont entrées dans la partie nord de la province de Deir ez-Zor et se sont emparées d’une quinzaine de villages, a-t-on ajouté de source militaire kurde. L’EI contrôle la totalité de la province à l’exception d’une partie de la ville éponyme et d’une base aérienne à proximité.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté de son côté qu’une douzaine de personnes avaient été tuées et 35 autres blessées hier dans des raids aériens contre la localité d’al-Sour, dans le nord de la province. L’OSDH ne dit pas qui a mené ces frappes.
Sur le plan diplomatique, la Turquie a appelé hier l’Iran à « réévaluer sa politique régionale », poursuivant une guerre des mots entre ces deux acteurs incontournables du conflit syrien qui s’accusent mutuellement de déstabiliser le Proche-Orient. Après plusieurs jours d’échanges acerbes, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a accusé l’Iran de « ne pas hésiter à renvoyer dans des zones de guerre des gens venus trouver refuge ». « L’Iran devrait (…) réévaluer sa politique régionale », a ajouté Hüseyin Müftüoglu dans un communiqué publié hier sur le site du ministère.
Rivaux historiques, Ankara et Téhéran ont développé ces derniers mois une coopération fondée sur le pragmatisme, parrainant ainsi, avec Moscou, une trêve qui, malgré des violations répétées, a permis de réduire l’intensité des combats en Syrie. Mais la Syrie cristallise les dissensions qui continuent de diviser l’Iran, poids lourd chiite qui soutient le président Bachar el-Assad, et la Turquie, majoritairement sunnite, qui soutient des groupes de l’opposition. Au cours du week-end, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a accusé l’Iran de vouloir « transformer la Syrie et l’Irak en (pays) chiites ». Quelques jours plus tôt, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait évoqué, lors d’une tournée dans plusieurs pays du Golfe, le danger du « nationalisme persan ».
Ces échanges surviennent à quelques jours de négociations intersyriennes qui débutent demain à Genève pour tenter de trouver une solution à une guerre qui a fait plus de 310 000 morts et jeté des millions de Syriens sur les routes depuis 2011. Pour Ali Vaez, analyste au sein du groupe International Crisis Group, les deux pays voient l’autre comme une puissance qui tente d’élargir son influence régionale par l’intermédiaire de groupes locaux en Syrie et en Irak. « À terme, la Turquie et l’Iran devront vivre avec les conséquences des conflits qui font rage autour d’eux », souligne M. Vaez. « Toute solution durable nécessitera un équilibre régional acceptable pour les deux » pays, ajoute-t-il.

 

 

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La CIA a suspendu son aide aux rebelles du nord-ouest de la Syrie
L’aide militaire fournie par la CIA aux rebelles du nord-ouest de la Syrie a été gelée depuis une attaque islamiste le mois dernier, ont déclaré à Reuters des sources au sein des insurgés. Aucune explication n’a été donnée à cette décision, prise ce mois-ci, même si plusieurs sources estiment que les Américains veulent sans doute empêcher que des armes ou de l’argent tombent entre les mains des jihadistes. De mêmes sources, on s’attend à ce que cette mesure soit temporaire.
L’aide supervisée par les services secrets américains, connue sous le nom de programme MOM, bénéficie aux groupes réunis sous la bannière de l’Armée syrienne libre (ASL) et comprend le versement de soldes, un entraînement, la fourniture de munitions et, dans certains cas, de missiles antichars.
Son interruption n’a rien à voir avec l’arrivée d’une nouvelle administration dirigée par Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, assurent deux responsables américains connaissant bien le programme de la CIA, qui s’appuie sur des contributions de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite. Ces trois pays n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Avant d’être élu président en novembre, Donald Trump avait laissé entendre qu’il pourrait suspendre l’aide américaine à l’ASL et donner la priorité à la lutte contre l’État islamique. Mais le nouveau gouvernement de Washington n’a toujours pas défini clairement sa politique en Irak et en Syrie, et les programmes de soutien aux rebelles continuent par ailleurs d’être mis en œuvre comme à l’accoutumée, déclare un haut responsable américain.
L’ASL a été attaquée le mois dernier par l’ex-Front al-Nosra, rebaptisé Front Fateh al-Cham depuis qu’il s’est officiellement séparé d’el-Qaëda l’été dernier. Cet assaut a conduit plusieurs factions de l’ASL à fusionner avec un autre groupe islamiste, Ahrar al-Cham, qui a combattu par le passé au côté d’al-Nosra. Plusieurs sources rebelles disent s’attendre à ce que l’aide reprenne à l’issue d’ajustements. « J’attends une réorganisation », dit un insurgé, rappelant qu’il reste quelque 15 000 combattants chapeautés par l’ASL dans le nord-ouest de la Syrie.

Avancée vers Raqqa
Ailleurs en Syrie, les rebelles des Forces démocratiques syriennes (FDS, soutenues par les États-Unis) ont pénétré pour la première fois dans la province de Deir ez-Zor, qui est presque totalement sous le contrôle du groupe jihadiste État islamique (EI), a-t-on déclaré hier à Reuters de source militaire kurde. Cette progression s’inscrit dans le cadre d’une opération qui vise à encercler et ensuite à prendre la « capitale » syrienne de l’EI, Raqqa, dans le nord du pays. Les FDS ont progressé ces derniers temps face à l’EI au nord et à l’est de Raqqa. L’un des objectifs de l’offensive est de couper les lignes de ravitaillement de l’EI entre Raqqa et la province de Deir ez-Zor. « Les opérations militaires des FDS se déroulent actuellement à l’intérieur de la province de Deir ez-Zor, à partir du nord, à savoir à partir de la province de Hassaka », a-t-on ajouté de même source. Les FDS, qui englobent la milice kurde YPG (Unités de protection du peuple) et des combattants arabes, sont entrées dans la partie nord de la province de Deir ez-Zor et se sont emparées d’une quinzaine de villages, a-t-on ajouté de source militaire kurde. L’EI contrôle la totalité de la province à l’exception d’une partie de la ville éponyme et d’une base aérienne à proximité.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté de son côté qu’une douzaine de personnes avaient été tuées et 35 autres blessées hier dans des raids aériens contre la localité d’al-Sour, dans le nord de la province. L’OSDH ne dit pas qui a mené ces frappes.
Sur le plan diplomatique, la Turquie a appelé hier l’Iran à « réévaluer sa politique régionale », poursuivant une guerre des mots entre ces deux acteurs incontournables du conflit syrien qui s’accusent mutuellement de déstabiliser le Proche-Orient. Après plusieurs jours d’échanges acerbes, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a accusé l’Iran de « ne pas hésiter à renvoyer dans des zones de guerre des gens venus trouver refuge ». « L’Iran devrait (…) réévaluer sa politique régionale », a ajouté Hüseyin Müftüoglu dans un communiqué publié hier sur le site du ministère.
Rivaux historiques, Ankara et Téhéran ont développé ces derniers mois une coopération fondée sur le pragmatisme, parrainant ainsi, avec Moscou, une trêve qui, malgré des violations répétées, a permis de réduire l’intensité des combats en Syrie. Mais la Syrie cristallise les dissensions qui continuent de diviser l’Iran, poids lourd chiite qui soutient le président Bachar el-Assad, et la Turquie, majoritairement sunnite, qui soutient des groupes de l’opposition. Au cours du week-end, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a accusé l’Iran de vouloir « transformer la Syrie et l’Irak en (pays) chiites ». Quelques jours plus tôt, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait évoqué, lors d’une tournée dans plusieurs pays du Golfe, le danger du « nationalisme persan ».
Ces échanges surviennent à quelques jours de négociations intersyriennes qui débutent demain à Genève pour tenter de trouver une solution à une guerre qui a fait plus de 310 000 morts et jeté des millions de Syriens sur les routes depuis 2011. Pour Ali Vaez, analyste au sein du groupe International Crisis Group, les deux pays voient l’autre comme une puissance qui tente d’élargir son influence régionale par l’intermédiaire de groupes locaux en Syrie et en Irak. « À terme, la Turquie et l’Iran devront vivre avec les conséquences des conflits qui font rage autour d’eux », souligne M. Vaez. « Toute solution durable nécessitera un équilibre régional acceptable pour les deux » pays, ajoute-t-il.

 

 

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via La CIA a suspendu son aide aux rebelles du nord-ouest de la Syrie – LE BLANC ET LE NOIR

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