Laits infantiles contaminés : cinq autres bébés malades, retrait massif de produits

La contamination de lait pour bébés de la marque Lactalis n’est pas terminée. Cinq autres enfants sont tombés malades cette semaine et de très nombreux produits ont été dimanche retirés du marché.

On pensait en avoir fini avec les contaminations de nourrissons à la salmonelle. Il n’en est rien. Alors que le fabricant Lactalis a retiré, la semaine dernière, 12 lots de boîtes de lait infantile susceptibles d’être infectés par cette bactérie, cinq bébés sont encore tombés malades cette semaine, portant à vingt-cinq le cas de signalements depuis le mois d’août. Hier, le ministère de l’Economie a donc annoncé le retrait massif, cette fois-ci, de plus de 600 lots. Et la commercialisation et l’exportation de ces millions de boîtes ont été suspendues. Une décision rare qui, selon Bercy, s’explique car les « mesures prises par l’entreprise n’étaient pas de nature à maîtriser le risque de contamination ». Une critique en creux de la stratégie de prévention menée par le premier groupe laitier mondial.

De son côté, le professeur Benoit Vallet, directeur général de la santé (DGS), juge ces contaminations inacceptables. « Même si les enfants vont bien aujourd’hui, il n’est pas normal d’avoir vingt-cinq bébés malades dont un peu moins de la moitié hospitalisés, victimes de déshydratation ! »

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Jusqu’alors, le lait potentiellement infecté par la bactérie Salmonella agona, responsable de vomissements et de fièvre, était du même type : sans lactose, de 1er âge, et représentait 200 000 boîtes. Parmi celles-ci, du Picot (350 g) ou du Pepti Junior (460 g). Or, l’un des nouveaux nourrissons malades a, lui, consommé du Picot Riz 1er âge, une référence qui ne fait pas partie de la première liste. On le sait, les produits laitiers peuvent accueillir des germes responsables d’infections à la salmonelle… mais pas le riz ! « C’est très étonnant », résumait la Répression des fraudes, chargée de l’enquête avec la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de la Mayenne.

D’autres contrôles auront lieu, sur toute la filière

Comment l’expliquer ? Le mystère est en passe d’être résolu. Et la réponse se trouverait sur le site de fabrication de l’entreprise, à Craon, en Mayenne. Des investigations menées par la Répression des fraudes et Lactalis ont montré que des traces de salmonelle avaient été trouvées sur place. Selon l’entreprise, la cause probable de contamination viendrait de l’une des « tours séchage », là où les liquides sont transformés en poudre. Ce qui expliquerait le rappel massif de plus de 600 références. Tous les produits passés par ce grand séchoir, depuis février, ont été retirés car ils sont arrivés sur le marché en août, date des premières contaminations chez les bébés. « Cela représente un volume de 7 000 tonnes », expliquait dimanche le groupe Lactalis, qui s’est dit à nouveau « sincèrement désolé », et a exprimé « ses profonds regrets à l’ensemble des parents dont les enfants auraient pu tomber malades ».

L’enquête se poursuit sur un site désormais à l’arrêt, sur décision du groupe. Et désormais, un arrêté préfectoral a été pris pour demander un plan d’action à l’entreprise. Elle devra fournir des preuves que le risque est éliminé avant de reprendre son activité. Dès aujourd’hui, le géant mondial va lancer un nettoyage de l’usine. « On va aussi faire des analyses, et on espère rouvrir le site dans les meilleurs délais », poursuit l’entreprise.

Ça sera au gouvernement d’en décider. Le directeur général de la santé, Benoit Vallet, veut aller plus loin. Et annonce d’autres contrôles menés par la Répression des fraudes, cette fois-ci sur toute la filière lait infantile. Il sera nécessaire qu’ils aboutissent pour dissiper la méfiance.

 

Petit guide à l’usage des parents

 

Pour savoir si le lait que vous donnez à votre bébé fait partie des lots incriminés, rendez-vous sur le site Internet du ministère de la Santé. Au bas de la page « Contamination à Salmonella agona de jeunes enfants », vous trouverez la liste des références. Si le produit que vous utilisez en fait partie, changez-le immédiatement.
En cas de difficulté à trouver un lait de substitution, vous pouvez le faire bouillir pendant deux minutes et le laisser refroidir avant de le donner à votre nourrisson. « Les salmonelles ne résistent pas à la cuisson », explique la Société française de pédiatrie, pour qui cette solution peut convenir deux ou trois jours au maximum.
Sur le site du ministère, vous trouverez aussi des suggestions d’autres marques pour chaque produit en cause. En cas de question, contactez le 0800.636.636, le nouveau numéro de la Direction générale de la santé, 7 jours sur 7, de 9 heures à 20 heures, ou celui de Lactalis, lancé la semaine dernière : le 0800.120.120.
Et si votre bébé a des symptômes de la gastro plus de quarante-huit heures, il faut consulter, selon Florence Campeotto, gastro-entérologue pédiatre à l’hôpital Necker, à Paris : « Surtout s’il est fébrile et abattu. »

 

via Laits infantiles contaminés : cinq autres bébés malades, retrait massif de produits – Le Parisien

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