Levothyrox : « Les laboratoires savaient que 3% à 5% des malades allaient déclencher des effets indésirables forts »

Le laboratoire Merck est assigné en justice par une centaine de patients, qui lui reproche un manque d’information autour du médicament « Levothyrox ». « Le seul langage que comprend le laboratoire c’est l’argent » a dénoncé Christophe Lèguevaques, avocat.

Plus d’une centaine d’assignations en justice contre les laboratoires Merck doivent être déposées mercredi 25 octobre auprès du tribunal d’instance de Lyon, dans le cadre d’une action collective dans l’affaire du Levothyrox, ce médicament utilisé pour soigner les troubles de la thyroïde.

Les plaignants dénoncent un défaut d’information de la part du laboratoire Merck« Les laboratoires savaient que 3% à 5% des malades allaient déclencher des effets indésirables forts », a expliqué sur franceinfo Christophe Lèguevaques, avocat. « Cela représente quand même entre 150 000 et 180 000 personnes. »

franceinfo : que demandez-vous ?

Christophe Lèguevaques : Le seul langage que comprend le laboratoire c’est l’argent. Ce que veulent les malades avant tout, c’est la reconnaissance qu’ils sont malades à cause de ce médicament. C’est le respect de leur dignité. Ils ont trop l’impression qu’on les prend pour des gens zinzins, alors qu’ils souffrent depuis plusieurs mois sans avoir eu la considération dont ils avaient besoin.

Allez-vous attaquer l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ?

Le moment venu, nous allons peut-être saisir le tribunal administratif contre l’ANSM et nous pourrions demander par exemple la révocation du directeur qui n’a pas été à la hauteur. Nous sommes en train d’étudier cette piste, nous verrons.

Avez-vous eu une réponse du ministère de la Santé ?

Cela fait un mois que nous avons écrit aux ministres, nous avons proposé une solution qui a fait ces preuves : la création d’une commission nationale d’indemnisation. J’avais écrit à madame Buzyn et madame Belloubet. À ce jour, je pense qu’elles sont débordées ou que les services n’ont pas informé les ministres, mais je n’ai même pas reçu un accusé de réception.

Qu’aurait-dû faire le laboratoire ?

Informer le public. Le plus simple aurait été de mettre, comme en Belgique, une information dans la boîte de comprimés indiquant : « attention cela aura peut-être des conséquences sur votre santé, consultez votre médecin. » Le laboratoire n’a rien fait, il n’a rien dit aux malades directement. Il a considéré que ce n’était pas sa responsabilité, ce qui est faux.

Qu’avez-vous pensé de la réaction des laboratoires ?

Ils ont une obligation de pharmacovigilance. Cela veut dire qu’ils doivent surveiller le devenir de leurs médicaments. Très vite, ils ont eu des retours comme quoi la nouvelle formule n’était pas acceptée et dès le mois de juin, une pétition a réuni 50 000 personnes pour dire, « rendez-vous l’ancienne formule ». Pourtant, ils n’ont rien fait. Ils ont gardé le silence de mai à octobre. C’est à partir de ce moment-là que les gens se sont retrouvés dans la panade et n’ont pas reçu d’informations leur permettant de savoir ce qu’il se passait.

 

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