L’UE étudie le gel de vos dépôts

Après Jacques Cheminade, et sans apporter la moindre solution viable, Jacques Attali, dans sa chronique parue dans l’Express du 24 juillet, reconnaît l’imminence d’une nouvelle crise financière. Pour celui qui a été le sherpa de François Mitterrand et par la suite le conseiller de plusieurs présidents :

« Il serait absurde d’imaginer que, dans la mondialisation sauvage actuelle, les crises financières soient a jamais exclues. Plus, même, les signes d’une crise prochaine sont bien la.

  1. D’abord, la dette publique et privée est plus élevée que jamais, reportant sur les generations suivantes le financement du maintien de notre niveau de vie : l’endettement public et privé des 44 pays les plus riches atteint 235 % du PIB contre 190 % en 2007. En particulier, les dettes des étudiants américains et des banques chinoises sont hors de contrôle. Sans même compter les creances que les retraités feront valoir le jour venu, et que personne ne comptabilise.
  2. Les valorisations des actions des entreprises sont demesurees. Et plus encore, les plus récentes fusions ou acquisitions se font à des multiples sans commune mesure avec les profits que ces firmes pourront jamais réaliser. Et ce sont ces valorisations, totalement artificielles, qui conduisent a ne pas s’inquiéter du montant des dettes dont elles sont les contreparties.
  3. La législation américaine sur les banques, mis en place après la crise financière de 2007, va être allégée, donnant aux institutions américaines un avantage sur leurs concurrentes américaines et les poussant a prendre de nouveaux risques, alourdissant encore a terme l’endettement general.
  4. Ni la croissance mondiale, ni l’inflation ne sont ni ne seront au rendez vous pour avaler de telles dettes. Dans un mois, dans un an, dans dix ans, les prêteurs se rendront compte que leur creances pourraient ne pas être honorés et ils commenceront a prendre peur. Cela partira d’un incident plus ou moins mineur, en Italie, aux états unis, en Chine ou au Moyen Orient.
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Les banques centrales arrêteront de se comporter comme des Madoff legaux et réduiront les credits gratuits qu’ils accordent aujourd’hui aux banques.

Les gouvernements et les entreprises verront le coût de leurs emprunts augmenter massivement et certains devront faire des économies massives, sous peine de faillite.

La crise reviendra, avec le chômage et la baisse du pouvoir d’achat. »

C’est dans ce contexte que la dépêche du 28 juillet publiée par l’agence Reuters (ci-dessous) prend toute son importance.

Si les autorités doivent effectivement se préparer à toute éventualité, il faut surtout qu’elles décident de prendre le taureau financier par les cornes, en particulier en coupant les banques en deux comme le réclame cette pétition, au lieu de simplement servir de vecteur d’une occupation financière.

UE-Projet d’un gel préventif des dépôts pour parer aux ruées

Rédaction Reuters
par Francesco Guarascio

BRUXELLES, 28 juillet (Reuters) – Des pays membres de l’Union européenne envisagent des mesures qui les autoriseraient à geler provisoirement les comptes bancaires pour éviter toute ruée aux guichets, montre un document européen dont Reuters a pris connaissance.

Le projet, à l’étude depuis le début de l’année, intervient moins de deux mois après une telle ruée aux guichets de la banque espagnole Banco Popular, qui a contribué à son effondrement.

Donner aux autorités le pouvoir de bloquer les comptes momentanément est un « choix envisageable », suivant le document élaboré par la présidence estonienne de l’UE, laquelle admet que le sujet divise les Etats membres.

Ceux qui ont déjà prévu un moratoire sur les versements bancaires lors d’une procédure de dépôt de bilan, comme l’Allemagne, sont favorables à cette initiative, ont déclaré des responsables.

Pour couvrir les besoins financiers immédiats des déposants, le document estonien daté du 10 juillet préconise un mécanisme qui leur permette de retirer « au moins un montant limité ».

Les banques voient au contraire dans ce projet une entrave à l’épargne. « Nous croyons fermement que cela inciterait les déposants à retirer leurs fonds au plus vite », dit Charlie Bannister, de l’Association des marchés financiers en Europe (AFME), un groupe de pression bancaire.

La proposition estonienne a fait l’objet d’un premier examen le 13 juillet sans qu’une décision soit prise, a dit un haut fonctionnaire européen. Les discussions doivent se poursuivre en septembre. Toute décision définitive devra faire l’objet d’une approbation du Parlement européen.

L’initiative tranche avec les propositions faites en novembre par la Commission européenne (CE), qui prévoient elles aussi un gel temporaire des dépôts mais à l’exclusion des dépôts garantis, c’est-à-dire ceux inférieurs à 100.000 euros, l’exécutif européen craignant un « impact négatif sur la confiance du marché ».

La CE s’est abstenu de tout commentaire sur la discussion en cours.

La proposition estonienne prévoit une suspension de cinq jours ouvrés, prolongeable à 20 jours dans des circonstances exceptionnelles.

Le droit européen prévoit actuellement une suspension de deux jours de certains versements dans le cas d’un établissement en situation de faillite mais le moratoire n’englobe pas les dépôts.

Beaucoup d’Etats sont favorables à une suspension des paiements seulement durant la période de liquidation (résolution) d’une banque faillie, soit la procédure qui impose des pertes aux investisseurs et peut-être aussi aux dépôts non garantis, tout en préservant la continuité de l’exploitation, lit-on dans le document.

La plupart des pays sont opposés à une initiative plus volontariste, imposant un moratoire aux tous premiers stades de la procédure. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

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