Soutien à la rébellion du Donbass : Kiev rêve d’avoir son « Marioupol » sur le front Nord

Lorsque les forces de Kiev, profitant des faiblesses russes du front de Kharkov, ont réussi leur coup en s’emparant de la région de Balaklaïa, Izioum et Koupiansk sur la rive droite (Ouest) de l’Oskol, elles sont toutefois restées sur leur faim car aucune unité russe n’a pu être encerclée car le commandement russe, en ordonnant leur retraite rapide vers l’Est a ainsi limité les conséquences d’une impéritie initiale qui n’avait pas su anticiper cette offensive ukrainienne. Il est évident que ce revers important subi par les forces alliées à l’Est de Kharkov et qui les a obligé à abandonner toute les secteurs de cette région a été le déclencheur pour la mise en œuvre d’un nouveau format d’opérations militaires russes en Ukraine, plus dense et radical, et dont le prélude politico-militaire a déjà commencé (premiers renforts, processus d’intégration des Républiques du Donbass et des territoires de la Novorossiya déjà libérés).

Du côté de Kiev, l’Etat-Major ukro-atlantiste est confronté à 2 situations différentes et un choix cornélien :

 

  • Sur le front Sud (Kherson), la « grande offensive » kiévienne, promise mi-juillet, ordonnée début août et déclenchée le 28 du même mois (après la visite le 20 du britannique B.Jonhson) est en panne sèche avec des pertes humaines et matérielles frisant l’hécatombe, et ce ne sont pas les quelques localités agricoles capturées et probablement temporairement qui peuvent être capitalisées sur le plan politico-militaire. Les seules réussites incontestables des forces ukro-atlantistes sur ce front Sud sont les multiples destructions de ponts, dépôts de munitions, bases et états majors russes réalisées grâce aux systèmes HIMARS de l’OTAN et à leur guidage par les satellites étasuniens les assistant.
  • Sur le front Nord (Kharkov), la zone conquise est importante mais sa valeur stratégique a été éventée par le retrait des forces russes qui dépendaient de la colonne vertébrale logistique Koupiansk / Izioum, et le joker unique de l’effet de surprise ayant été joué à Balaklaïa les forces ukro-atlantistes n’ont plus assez de réserves pour sécuriser les frontières Nord, le territoire conquis et poursuivre une percée significative à l’Est de Koupiansk. Preuve en est que l’Etat-Major ukro-atlantiste a dû prélever des unités du corps de défenses de Kiev pour les envoyer renforcer le nouveau front de Kharkov; et donc il ne lui reste plus que le secteur de Krasni Liman où pouvoir exercer une pression offensive importante.
Depuis la mi septembre c’est dans ce secteur charnière entre le front de Kharkov et le front de Slaviansk, matérialisé par la jonction des rivières Oskol et Donets, que se déroulent des combats les plus durs.
Importance du secteur de Krasni Liman
Situation du secteur de Krasni Liman au 23 septembre 2022

 

Comme je l’ai rappelé dans plusieurs SITREP précédents consacrés à ce secteur de Slaviansk, cette ville de Krasni Liman (Liman), qui comptait environ 20 000 habitants avant la guerre, est très importante car:
  • c’est un bastion de la ligne de front russe, courant vers l’Est le long de la rivière Donets et aujourd’hui remontant vers le Nord le long de la rivière Oskol Sur les flancs de ce secteur sont deux points d’appui essentielles: Drobishevo à l’Ouest et Yampol à l’Est et qui sont aussi menacés par des attaques ukrainiennes,
  • c’est un carrefour important, routier et ferroviaire à partir duquel les forces de Kiev peuvent engager une progression le long de la rive gauche (Nord) de la Donets vers l’Est, les frontières de la République Populaire de Lougansk et ses villes de Severodonetsk et Lisichansk,
  • Politiquement et symboliquement pour Kiev, Krasni Liman, si elle été réoccupée même provisoirement, serait la première ville importante située sur le territoire de la République Populaire de Donetsk a être reprise aux forces alliées, et si possible en y capturant sa garnison. Une sorte de revanche de Marioupol,

C’est pour cela, entre autres raisons, que l’Etat Major russe s’accroche à Krasni Liman en attendant la mise en place de son nouveau format stratégique, pour les opérations duquel, dans ce secteur, Krasni Liman reste la base arrière Nord idéale de la libération de Slaviansk.

Les combats en cours 
Depuis 10 jours maintenant, les forces ukrainiennes, dans une volonté de vouloir prolonger leurs succès sur Izioum, cherchent à reconquérir Krasni Liman à partir de la tête de pont réalisé sur la rivière Donets (Siversky Donest) au niveau du village de Stari Karavan. Mais chaque jour les assauts frontaux ont été repoussés pat une garnison russo-républicaine renforcée et leur infligeant de lourdes pertes.
Tir de barrage sur une progression ukrainienne
Dans un deuxième temps, les ukrainiens ont tenté de réalisé un contournement serré à l’Ouest de Krasni Liman (l’Est étant handicapé par des ponts sur affluents qu’ils ont détruit eux-mêmes en mai lors de leur retraite vers Slaviansk).
Dans un troisième temps et tout en continuant à mener des attaques sur la ville, les ukrainiens ont engagé un enveloppement plus large de la défense alliée tenant solidement Drobesheve, Krasni Liman et Yampol, en passant par la tête de pont réalisée en aval du barrage sur l’Oskol, à Yastkivkad. Là aussi des contre-attaques russes ont barré la progression de forces de Kiev.
Ces dernières heures, les forces ukrainiennes ont relancé de nouveaux assauts d’encerclement de Krasni Liman et des combats violents se déroulent au Nord Ouest de cette ville stratégique, Si par sacrifices répétés les forces ukrainiennes parvenaient à opérer un encerclement, ne serait ce qu’opératif, il leur resterait à le tenir et le sécuriser face aux renforts russes arrivant du Nord et ensuite de vaincre la garnison rapidement pour pouvoir y installer à Krasni Liman une défense plus solide.
 
Dernier Point de situation sur Krasni Liman à 16h00 le 24 septembre
Au centre Krasni Liman qui résiste à une percée au Nord Ouest, Au Nord, Novoselovka
coupé en deux par les combats urbains et au Sud les attaques venant d’Ozerne
Les assauts ukrainiens en cours sont particulièrement violents autour de Krasni Liman:
  • Au Nord Ouest, sur Drobishevo qui est le point d’appui droit de la défense de Krasni Liman empêchant sont encerclement Sur place les volontaires de la « Légion russe » (BARS 13) y décrivent une « situation très tendue » selon leur commandant Sergei Fomchenkov Plus au Nord le village de Novoselovka est devenu un champ de ruines que traverse la ligne de front
  • Au Sud Est, venant de la tête de pont d’Ozerne les forces ukrainiennes ont atteint la périphérie Sud de Krasni Liman, défendue par les cosaques de Kuban (BARS 16) qui alternent bouchons antichars et contre attaques, avec les forces spéciales russes du groupe « O » qui opèrent des incursions sur les arrières de l’ennemi.

Sur l’ensemble du front de Krasni Liman, les assauts de Kiev sont appuyés par drones et des tirs des systèmes de l’OTAN HIMARS qui frappent notamment les installations des défenses de Krasni Liman et Drobishevo.

 
Bombardement ukro-atlantiste d’un HIMARS étasunien sur Krasni Liman
Actuellement il existe un équilibre des forces tel qu’il ne permet pas de présager d’une quelconque évolution sûre. Le sort de Krasni Liman dépend aussi de la capacité que les ukrainiens ont a engagé des moyens et des efforts importants au franchissement de l’Oskol pour couper plus au Nord la route la plus rapide du ravitaillement de sa garnison et qui longe la rive gauche (Est) de cette rivière importante.
Soldats ukrainiens essuyant un tir de 
l’artillerie russe près de Krasni Liman 
A noter le missile antichar US « JAVELIN »



En conclusion
Kiev tente de capitaliser la situation sur ce secteur du front avant que les forces russes qui ont été bousculées à l’Est de Kharkov ne lancent une nouvelle offensive en Ukraine. Si la percée du côté de Koupiansk semble, à l’instar de celle du front Sud, être à l’arrêt, les forces ukrainiennes jettent aujourd’hui leurs réserves de Slaviansk vers Krasni Liman pour tenter de s’emparer d’un objectif stratégique sur la route de la République Populaire de Lougansk (à qui elles ont repris le village de Belogorovka sur la rive droite (Sud) de la Donets) mais surtout où elles rêvent de capturer une garnison alliée importante dans une victoire qui serait dans son narratif ukro-atlantiste moins militaire que médiatique.
Pendant ce temps de Lougansk à Kherson, en passant par Gorlovka, Donetsk, Maroupol, Melitopol…) les populations russes sont invitées par référendum à engager le processus d’intégration au sein de la Fédération de Russie qui une fois entériné par la Douma ouvrira la porte juridique à la mise en œuvre de tous les moyens adéquats pour mettre fin à ce conflit, et quoiqu’il en coûte à l’Ukraine qui persiste et signe dans son erreur fatale.
Si tout s’enchaîne comme je l’observe depuis plusieurs semaines, alors les opérations militaires ukro-atlantistes menées autour de Krasni Liman – et quelle qu’en soit l’issue prochaine – seront le chant du cygne de son corps de bataille du Donbass, sauf si l’OTAN s’engage officiellement dans le conflit ce qui relancera la roue de la guerre vers un chaos mondial assuré.
Erwan Castel
« Soldats de Russie ! Soldats de Russie ! 
Pour la foi et la vérité, vous avez été baptisé avec le feu. 
Que tout soit vendu, mais vous n’avez pas été acheté. 
Vous êtes la fierté et la gloire de la grande Russie ! »

Source : Soutien à la rébellion du Donbass : Kiev rêve d’avoir son « Marioupol » sur le front Nord

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