Syrie : Washington, Paris et Londres ont mené des frappes contre les armes chimiques

Les raids menés dans la nuit de vendredi par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont visé au moins trois cibles près de Damas et Homs. Les opérations ont duré moins d’une heure.

De notre correspondant à Washington,

Donald Trump est apparu sur les écrans de télévision à 21 heures à Washington (3 heures du matin à Paris) pour annoncer aux Américains qu’il venait «d’ordonner des frappes de précision contre des cibles associées aux capacités d’armes chimiques du dictateur syrien Bachar el-Assad. Une opération combinée avec les forces françaises et britanniques est en cours. Nous les remercions toutes deux.»

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Le président américain a présenté sa décision comme une réponse au gazage de la population civile le 7 avril à Douma, dans la banlieue de Damas, un «massacre» qui «n’est pas l’œuvre d’un homme mais le crime d’un monstre».

Trump annonce des frappes en Syrie et s’en prend directement à la Russie
Le président américain Donald Trump annonce le lancement d’une opération militaire conjointe avec la France et le Royaume-Uni en Syrie, en représailles à une attaque chimique présumée le 7 avril à Douma.
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«L’objectif de nos actions ce soir est d’établir une forte dissuasion à la production, à la dissémination et à l’usage d’armes chimiques», a dit Trump, affirmant que «cette dissuasion est dans l’intérêt vital de la sécurité nationale» américaine. Il a assuré que les trois alliés étaient «prêts à poursuivre leurs actions jusqu’à ce que le régime abandonne son recours à ces agents chimiques prohibés.»

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Moins d’une heure après l’intervention du président, le secrétaire à la Défense, James Mattis, et le général Joseph Dunford, chef d’état-major interarmes, ont fait un point sur la situation militaire lors d’un «briefing» au Pentagone. Ils ont annoncé que trois cibles principales avaient été visées: un centre de recherche scientifique dédié au développement et aux tests d’agents chimiques dans la banlieue de Damas, un dépôt d’armes chimiques à l’ouest de Homs et un poste de commandement dans la même zone.

«C’est une frappe unique», a précisé James Mattis, confirmant que les opérations étaient terminées. La «poursuite» des actions militaires évoquée par Trump serait conditionnée à une nouvelle provocation syrienne. «L’année dernière, ils n’avaient pas compris le message», a déclaré le patron du Pentagone, en référence aux 59 missiles Tomahawk tirés contre des bases du régime en avril 2017. «Cette fois-ci nous avons tapé plus fort, a-t-il dit. Je crois que nous avons envoyé un signal très puissant.» Selon la Russie, une centaine de missiles ont été tirés, l’essentiel aurait été intercepté par la défense aérienne syrienne.

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Damas a claironné avoir abattu dix-neuf des missiles tirés par les alliés, ce que le Pentagone n’a ni confirmé ni démenti: «Nous n’avons pas de détails à cette heure», a dit le chef d’état-major, donnant à nouveau rendez-vous à la presse ce samedi à 9 heures (15h à Paris). Le général français Jean-Pierre Montégu, attaché de défense à l’ambassade de France, était présent à ses côtés, comme son collègue britannique, mais les deux hommes n’ont pas pris la parole.

Les Russes n’ont pas été prévenus

Le général Dunford a insisté sur le «luxe de précautions» prises pour éviter les victimes civiles et les «forces étrangères» présentes en Syrie. Il a cependant indiqué que, contrairement aux tirs d’il y a un an, les Russes n’avaient pas été prévenus à l’avance du choix des cibles. «Il y a simplement eu une communication pour obtenir la ‘déconflixion’ de l’espace aérien, comme c’est la routine avant n’importe quelle opération en Syrie», a dit l’officier.

Auparavant, le président américain avait pointé du doigt l’Iran et la Russie en lançant: «Quel genre de nation veut être associée au meurtre de masse d’hommes, de femmes et d’enfants innocents?» L’assaut de vendredi «est le résultat direct du manquement de la Russie à ses promesses», a-t-il rappelé, Moscou s’étant porté garant en 2013 de l’élimination des stocks chimiques syriens. «La Russie doit décider si elle veut continuer sur cette pente sinistre ou si elle veut rejoindre les nations civilisées comme une force de paix et de stabilité», a dit Trump. Il a précisé que, pour sa part, «l’Amérique ne cherche pas à rester indéfiniment en Syrie, en aucune circonstance.»

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«C’est la capacité de développer, de mettre au point et de produire des armes chimiques qui est atteinte», a déclaré samedi la ministre française des Armées Florence Parly. «Le but est simple: empêcher le régime de faire à nouveau usage d’armes chimiques», a-t-elle dit. La France a mobilisé à la fois des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse pour frapper.

La réponse mesurée aux crimes d’Assad correspond aux annonces prudentes d’Emmanuel Macron, mais elle apparaît en deçà des déclarations guerrières de Donald Trump. «Tiens-toi prête Russie!, avait-il tweeté mercredi. Les missiles arrivent, beaux et neufs et ‘intelligents’.» Cet enthousiasme avait paru embarrasser les responsables militaires américains, qui ont mis en garde contre le risque d’escalade avec la Russie lors de plusieurs réunions du cabinet de sécurité. La pondération a finalement prévalu. Reste à savoir si elle atteindra l’objectif de dissuasion.

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Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni frappent la Syrie (RT France)

Washington, Paris et Londres ont mené ce 14 avril des frappes ciblées contre le gouvernement syrien, accusé par Donald Trump d’avoir mené des attaques chimiques «monstrueuses».

Dans la nuit du 13 au 14 avril, Washington, Paris et Londres ont mis leurs menaces à exécution et ont mené des frappes contre les autorités syriennes, en réaction à l’attaque chimique présumée dans la Ghouta, que ces pays attribuent à Damas.

«J’ai ordonné aux forces armées des Etats-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar el-Assad en matière d’armes chimiques», a déclaré le président américain Donald Trump. «Une opération combinée est désormais en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux», a-t-il ajouté. L’état-major français a confié la mission de bombardement à plusieurs chasseurs Rafale, selon une vidéo diffusée par l’Elysée et le ministre des Armées Florence Parly.

Le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient «circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques».

L’OTAN a déclaré «soutenir» ces frappes.

Les dirigeants de ces trois pays occidentaux justifient leurs frappes par des allégations d’usage d’armes chimiques visant Damas. Ils s’appuient, pour accuser les autorités syriennes, sur l’organisation controversée des Casques blancs, qui avait dénoncé un recours au chlore, ce qui a été immédiatement démenti par les médias publics syriens. Le tout aussi controversé Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait pour sa part fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains mortels, sans toutefois se prononcer sur l’emploi ou non d’armes chimiques. Moscou, néanmoins, affirme détenir les «preuves irréfutables» de la mise en scène de cette supposée attaque chimique dans la Ghouta.

Il y a un an, le président américain avait, déjà, fait bombarder en avril 2017 une base de l’armée syrienne en représailles à un incident chimique attribué par les Occidentaux à Damas, à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie.

Trois cibles visées

De fortes explosions ont été entendues avant l’aube à Damas ce 14 avril, centre du pouvoir du président syrien Bachar el-Assad, survolée par des avions, a constaté une correspondante de l’AFP. Selon le général Joe Dunford, chef d’état-major américain, les forces occidentales ont visé trois cibles liées au supposé programme d’armement chimique syrien, l’une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie. La télévision publique syrienne a de son côté rapporté des informations selon lesquelles un centre de recherches dans le quartier de Barzé, dans le nord-est de Damas, avait été visé.

La télévision publique rapporte en outre que la défense anti-aérienne syrienne est entrée en action contre «l’agression américaine, britannique et française».

Damas dénonce une «violation flagrante» du droit international

Le gouvernement syrien a dénoncé une «violation flagrante» du droit international : «L’agression tripartite contre la Syrie est une violation flagrante du droit international […] et elle sera vouée à l’échec», a rapporté l’agence officielle Sana.

Ces frappes occidentales contre la Syrie interviennent «au moment où elle avait une chance d’avoir un avenir pacifique», a de son côté déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. «Un coup a été porté contre la capitale d’un Etat souverain qui a tenté pendant de nombreuses années de survivre au milieu d’une agression terroriste», a-t-elle écrit sur Facebook.

Moscou a en outre fait savoir qu’aucune des frappes n’avait eu lieu près des bases russes en Syrie.

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via Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni frappent la Syrie

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